Les pays de l'UE "ont des niveaux d'immunisation et de vaccination relativement élevés" et les "variants circulant en Chine circulent déjà dans l'UE", affirme l'ECDC dans un communiqué, expliquant qu'une telle mesure n'est pas nécessaire au niveau de l'Union européenne dans son ensemble.
Pour l'agence européenne, "les infections potentielles" pouvant être importées sont "plutôt faibles" par rapport au nombre d'infections circulant déjà au quotidien. Les systèmes de santé "sont aujourd'hui capables de gérer" la maladie, a-t-elle ajouté.
Approche coordonnée en discussion
La Commission européenne a convoqué une réunion ce jeudi pour "discuter (...) de possibles mesures pour une approche coordonnée" des Etats de l'UE face à l'explosion des cas de Covid en Chine.
Plusieurs pays dont l'Italie ou le Japon, ainsi que les Etats-Unis, ont déjà décidé d'imposer des tests obligatoires à tous les voyageurs venant de Chine.
La fin soudaine ce mois-ci de la politique du "zéro Covid" en Chine, qui devrait favoriser une reprise des voyages à l'étranger des Chinois, est survenue alors que ce pays fait face à la plus importante vague de contaminations au monde, amplifiée par l'apparition de nouveaux variants,
Cette instance, qui réunit des représentants des ministères de la Santé des Vingt-Sept et des agences sanitaires européennes sous la houlette de la Direction générale de la santé de la Commission européenne, a simplement choisi de "poursuivre les discussions", signe de divergences au niveau communautaire.
Pas de raison de rétablir des contrôles
"Sur le plan scientifique, il n'y a pas à ce jour de raison de rétablir des contrôles particuliers aux frontières (...) mais bien sûr cela peut changer quasiment d'un jour à l'autre", a déclaré jeudi sur Radio classique l'immunologue Brigitte Autran, présidente du Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars).
"Le dépistage aux frontières n'a jamais empêché un virus de pénétrer" dans un territoire et une telle mesure n'aurait de sens qu'à l'échelle européenne, pas à l'échelle nationale, a ensuite souligné Brigitte Autran sur France Inter.
"Le test éventuel ne serait pas un frein à l'entrée du virus. Il n'y a pas de frein à l'entrée du virus: le seul frein à l'entrée du virus, c'est de ne pas venir", a-t-elle noté.
Un avis partagé par le Pr Bruno Lina, virologue du Centre international de recherche en infectiologie de Lyon, et également membre du Covars.
Une question politique
"La question me semble plus politique que scientifique", explique-t-il dans un entretien publié dans l'édition de jeudi des Echos. "Rapporté à l'ensemble de la population française, qui enregistre aujourd'hui quotidiennement 440 infections pour 100'000 habitants, quelques dizaines de Chinois arrivant par jour, c'est marginal! Ça ne présente pas de surrisque", observe-t-il.
Même si les informations en provenance de Chine sont "parcellaires", il n'y a pas "d'inquiétude particulière" et à ce stade, "la situation est maîtrisée" sans apparition de nouveaux variants préoccupants en Chine, a expliqué Brigitte Autran.
Selon les informations disponibles, "les variants qui circulent en Chine sont tous de la famille Omicron et sont tous des variants qui ont circulé en France, donc (contre lesquels) nous avons acquis une immunité", a-t-elle précisé sur France Inter.
Pour Bruno Lina, la crainte de voir apparaître de nouveaux variants dangereux "relève du fantasme". "L'hypothèse la plus probable est qu'en Chine, le virus ne connaîtra pas d'évolution significative à court terme", explique-t-il dans Les Echos.
Et s'il apparaît inéluctable que le virus évolue après avoir contaminé un grand nombre de personnes, "le retour à un virus très dangereux, voire mortel comme en 2020, quand on connaît la virologie, on sait que ça n'arrivera pas. On va toujours vers un virus qui gagne en transmission et perd en virulence", souligne-t-il dans le quotidien financier.
furr avec agences