Cent ans après la fondation de l'URSS, les ex-républiques s'éloignent toujours plus de Moscou
Le 30 décembre 1922, lors d'une réunion dans le théâtre Bolchoï à Moscou, quatre républiques, la Russie, l'Ukraine, la Biélorussie et la Transcaucasie ratifient le traité constitutif de l'URSS.
Cent ans plus tard, ce vendredi, cette date symbolique est à peine célébrée en Russie. Pas de grandes commémorations. Des branches locales du parti communiste ou des organisations régionales ont prévu de modestes événements.
Le contexte parle de lui-même. Ces vingt dernières années, la Russie, plutôt que de séduire les anciennes républiques, a utilisé tour à tour la contrainte, la menace, l'interdépendance économique ou la guerre pour les garder dans son orbite, avec un succès mitigé.
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Chars en Ukraine et Géorgie
La Russie a mené une guerre en Géorgie en 2008, puis envahi l'Ukraine, ce qui a créé un sentiment de plus en plus hostile envers Moscou au sein de ces populations.
Quant au président biélorusse, il a tenté un rapprochement avec l'Europe, mais est retombé dans les bras de Moscou, fragilisé par des protestations prodémocratie dans son pays.
Dans les ex-républiques d'Asie centrale, la méfiance grandit aussi à l'égard de la Russie. Bien qu'ils n'aient pas pris de sanctions contre Moscou, plusieurs de ces Etats appellent à mettre fin à la guerre en Ukraine, et tentent de renforcer leurs partenariats avec d'autres pays. En octobre, lors d'un vote à l'ONU sur une résolution condamnant l'annexion russe de quatre régions d'Ukraine, la grande majorité des pays d'Asie Centrale ont préféré s'abstenir, plutôt que de soutenir le Kremlin.
Débat en Arménie
Enfin, l'Arménie, qui comptait sur la Russie dans son conflit face à l'Azerbaïdjan, va de déception en déception avec Moscou. En novembre dernier, le sommet de l'Organisation du traité de sécurité collective - une alliance dirigée par Moscou qui unit plusieurs ex-républiques soviétiques - a été une illustration des tensions entre Moscou et ses partenaires et de l'état plutôt morose de leurs relations.
Mais surtout, la guerre en Ukraine a suscité un profond débat autour de l'impérialisme russe, si présent non seulement dans les cercles de pouvoir, mais aussi dans la tête des citoyens russes, sans même qu'ils en soient conscients, et la nécessité d'y mettre fin.
Si l'URSS a officiellement disparu en 1991, une défaite en Ukraine signerait de facto la fin de l'empire, estiment plusieurs observateurs.
Isabelle Cornaz/vajo