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Haute tension entre le Kosovo et la Serbie: une désescalade de surface

Un camion militaire appartenant aux soldats italiens membres du KFOR, mission pour la préservation de la paix de l'Otan, à la frontière serbo-kosovare. [AP Photo/Keystone - Visar Kryeziu]
Un voisinage en haute tension entre le Kosovo et la Serbie: interview de Florent Marciacq / Tout un monde / 8 min. / le 30 décembre 2022
Le principal poste-frontière entre le Kosovo et la Serbie pays a été rouvert jeudi, mais la tension reste vive. Florent Marciacq, docteur en sciences politiques, décrypte la tension qui anime les deux pays et ses enjeux sous-jacents.

Des barrages levés, un poste-frontière parmi les plus importants rouvert. Après trois semaines de crise, la minorité serbe du Kosovo et les autorités kosovares ont montré jeudi des signes de désescalade.

A l’origine de cette crise, une décision du Kosovo sur des plaques d’immatriculation pour les Serbes du Kosovo. Cependant, le conflit reste plus global entre les deux capitales. Même s'il n'a pas dégénéré, les relations sont loin d’être apaisées.

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"Même si la Serbie détient des poches d'instabilité au nord du Kosovo, elle sait que l'Otan est sur place. De fait, sa volonté de faire déborder les choses est limitée par ce facteur", explique Florent Marciacq, directeur de l’Observatoire des Balkans à la Fondation Jean Jaurès.

Selon lui, le gouvernement serbe a intérêt à ce que les choses s'enveniment pour faire "dérailler" le dialogue avec le Kosovo. "L'idée est de contrôler ce dérapage", ajoute-t-il.

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Divergences des stratégies politiques

"Cette guerre pointe du doigt une divergence dans les trajectoires stratégiques des deux pays", analyse Florent Marciacq. Leur divergence compliquerait la résolution de leur différend en matière de reconnaissance du Kosovo.

D'un côté, le Kosovo a entrepris un certain nombre de réformes, notamment l'établissement de l'état de droit. Et "il a annoncé son positionnement euro-atlantique vis-à-vis du conflit entre l'Ukraine et la Russie", rajoute le docteur en sciences sociales.

"De l'autre côté, la Serbie voit son président Aleksandar Vučić, héritier politique de son prédécesseur Slobodan Milošević, détricoter la démocratie dans son pays." Il a notamment muselé la presse et il nourrit encore un partenariat fort avec la Russie. Florent Marciacq rappelle "qu'il partage encore aujourd'hui des liens personnels importants avec Vladimir Poutine".

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Aides européennes en surface

Le rôle de l'Union européenne (UE) est de faciliter les discussions entre Belgrade et Pristina, afin que les deux antagonistes s'accordent sur une solution commune. Sauf que "les Occidentaux ont tendance à mettre au même niveau les Kosovars et les Serbes dès qu'il y a une tension", estime Florent Marciacq.

Par ailleurs, l'UE n'a pas de position commune en ce qui concerne la reconnaissance du Kosovo, fait-il remarquer. "Les deux personnalités les plus impliquées dans la facilitation de ce dialogue sont originaires de deux pays qui ne reconnaissent pas le Kosovo. Le dialogue en lui-même a donc des failles".

Selon le docteur en sciences sociales, cela arrange la Serbie, car "le président serbe ne souhaite pas de solutions car le statu quo lui est profitable."

Florent Marciacq estime que l'espoir d'une résolution "réside dans la reconnaissance des soutiens à l'Union européenne. Ils se trouvent au Kosovo, et ils sont ceux de la société civile serbe qui s'opposent au gouvernement de Vučić."

Sujet radio: Céline Tzaud
Adaptation web: Raphaël Dubois

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