Pour le très polluant secteur de la restauration rapide français, qui génère chaque année 180'000 tonnes de déchets, la loi anti-gaspillage entrée en vigueur en 2023 est une révolution. La vaisselle lavable et réutilisable est désormais seule autorisée sur les tables. Fini les barquettes en carton pour les frites ou encore les gobelets pour les boissons qui finissent à la poubelle. Seuls les hamburgers pourront rester enveloppés dans du papier pour des raisons d'hygiène.
Pour s'adapter, les enseignes ont beaucoup investi, a expliqué mardi dans La Matinale Christine Demen-Meier, coresponsable du Food ecosystem institute à la HEG de Fribourg.
"Les fast food ont anticipé pour tout ce qui est opérationnel, mais ils doivent restructurer totalement leurs locaux de production puisqu'il faut intégrer une machine à laver et à sécher, ou encore avoir des endroits de stockage pour cette vaisselle. Pour chaque point de vente, il faudra engager entre 3 et 4 collaborateurs supplémentaires. L'investissement par point de vente se monte à plusieurs dizaines de milliers d'euros", analyse-t-elle.
Malgré l'obligation, toutes les enseignes n'ont pas encore pris ce virage. Ainsi, à Paris, dans un restaurant d'une chaîne bien connue, "il n'y a pas eu la vaisselle réutilisable, on a eu le carton comme d'habitude", ont relevé de jeunes habitués.
Situation en Suisse
En Suisse, chez McDonald's, il n'y a plus de plastique ou presque: 95% des emballages sont en papier ou en carton jetable. Seuls les gobelets sont réutilisables, indique l'enseigne.
En 2020, les Verts avaient demandé au Parlement de rendre obligatoire la vaisselle durable dans la restauration à l'emporter, mais la motion avait été rejetée. La conseillère nationale verte genevoise Delphine Klopfenstein ne désespère toutefois pas d'y arriver.
Pour le moment, le Conseil fédéral demande tout de même aux cantons de l'imposer dans le domaine public. Les cantons de Fribourg, de Genève, du Jura et depuis le 1er janvier de Neuchâtel ont sauté le pas. Pour ce qui est du domaine privé, en revanche, cela reste toujours au bon vouloir des restaurateurs.
vl/lan