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L'ONU mise sur le mil, une céréale "durable", pour l'année 2023

L’Assemblée générale de l'ONU a proclamé 2023 Année internationale du mil. [AFP - Issouf Sanogo]
Le mil, la céréale qui résiste au changement climatique: interview de Bruno Parmentier / Forum / 5 min. / le 1 janvier 2023
L'année 2023 sera celle du mil, a proclamé l'Assemblée générale des Nations unies. Cette céréale "durable" peut pousser sur des terrains arides et survivre aux changements climatiques: une "solution idéale", notamment pour l'Afrique, selon l'ONU.

Promouvoir la culture du mil est le grand objectif de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en 2023.

Pour faire face à l'augmentation constante de la population mondiale, "ces céréales résilientes comme le mil constituent une solution à la fois abordable et nutritive", indiquent les Nations unies.

En Afrique et en Asie, le mil constitue une source importante d'alimentation pour des millions de personnes. Dans les zones arides, cette céréale est souvent la seule culture qui puisse être récoltée pendant la saison sèche, rappelle l'ONU.

Le terme mil comprend plusieurs variétés de céréales, dont le mil à chandelle, le millet commun ou encore le millet à grappe. [AFP - Himanshu Sharma]
Le terme mil comprend plusieurs variétés de céréales, dont le mil à chandelle, le millet commun ou encore le millet à grappe. [AFP - Himanshu Sharma]

Coup de semonce

Selon Bruno Parmentier, spécialiste des questions agricoles et alimentaires, le mil est capital pour l'Afrique dans le contexte actuel. "L'Afrique cultivait du mil depuis des millénaires avant l'arrivée des colons, qui trouvaient plus moderne de manger leur propre nourriture, par exemple du blé. Cependant, dans la plupart des pays d'Afrique, le blé ne peut pas pousser, il fait trop chaud ou trop sec. Il faut donc importer... Mais il y a eu un coup de semonce énorme cette année avec la guerre en Ukraine. L'Ukraine et la Russie sont deux grands pays exportateurs de blé, notamment vers l'Afrique, ça a donc été très compliqué", assure l'économiste.

Celui-ci souligne que la production agricole va devoir tripler en Afrique ces prochaines années, face à une démographie en hausse. "On ne pourra pas nourrir tous les Africains avec du blé et du riz. Remanger du mil, c'est très important pour eux."

"Des siècles de retard"

Selon l'ONU, les diverses variétés de mil représentent moins de 3% des échanges commerciaux mondiaux de céréales. "Le mil représente un atout intéressant puisqu’il peut diversifier la production céréalière. Il permet d’atténuer les risques liés aux crises de production, comme celle engendrée par la crise en Ukraine", précisent les Nations unies.

La productivité de ces céréales est toutefois encore "très mauvaise", estime Bruno Parmentier. "Comme ce n'était pas une céréale à la mode, on n'a pas modernisé la production. On peut la doubler ou la tripler si on s'en occupe", avance le spécialiste.

"Les Nations unies pensent qu'il est fondamental que les Africains cultivent et mangent à nouveau du mil", ajoute Bruno Parmentier. "Pour cela, il est très urgent de mécaniser le concassage de cette céréale. Mais il y a des siècles de retard."

Propos recueillis par Esther Coquoz/gma

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