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L'actrice et militante iranienne Taraneh Alidoosti a été libérée de prison

L'actrice iranienne Taraneh Alidoosti a été libérée de prison à Téhéran [Keystone]
L'actrice iranienne Taraneh Alidoosti a été libérée de prison à Téhéran / Le Journal horaire / 25 sec. / le 4 janvier 2023
L'actrice iranienne Taraneh Alidoosti a été libérée sous caution mercredi après trois semaines de détention, ont indiqué des médias iraniens. D'autres personnalités publiques sont toujours en prison et risquent la peine de mort.

Taraneh Alidoosti, 38 ans, était détenue à Téhéran depuis le 17 décembre après avoir publié plusieurs messages sur les réseaux sociaux affichant son soutien au mouvement de contestation, né après la mort de Masha Amini. Cette jeune femme kurde iranienne de 22 ans est décédée le 16 septembre 2022 après son arrestation par la police des moeurs pour infraction au code vestimentaire strict de la République islamique.

Les responsables iraniens affirment que des centaines de personnes ont été tuées dans ces troubles, y compris des membres des forces de sécurité, et des milliers d'autres arrêtées.

>> Lire aussi : La police iranienne des mœurs, cible des manifestations après la mort de Mahsa Amini

Soutien à l'international

L'actrice était la personnalité la plus renommée arrêtée en lien avec les manifestations. Près de 500 personnalités et travailleurs du monde du cinéma, comme l'actrice française Marion Cotillard ou le réalisateur espagnol Pedro Almodovar, avaient appelé en décembre dans une lettre ouverte à sa libération immédiate.

Taraneh Alidoosti est notamment connue pour avoir joué dans des films primés du réalisateur Asghar Farhadi, dont "Le Client", Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2017. Elle a aussi joué dans le film de Saeed Roustayi "Leïla et ses frères", présenté cette année au Festival de Cannes.

En novembre dernier, deux autres actrices ayant exprimé leur solidarité avec le mouvement de contestation et retiré leurs voiles en public avait été arrêtées, Hengameh Ghaziani et Katayoun Riahi. Elles ont été libérées sous caution depuis.

Risque de peine de mort

D'autres personnalités publiques iraniennes n'ont toutefois pas cette chance. C'est notamment le cas du rappeur Toomaj Salehi qui avait également exprimé son soutien aux manifestations anti-régime. L'artiste, accusé de "corruption sur Terre", pourrait être condamné à mort comme l'ont confirmé les autorités judiciaires iraniennes le mois dernier.

La justice a condamné à mort au total 13 personnes en lien avec les manifestations: deux ont été exécutées, dont Mohsen Shekari, 23 ans, début décembre. Il a été reconnu coupable d'avoir blessé un membre de la milice iranienne. Quatre sentences ont pour l'instant été confirmées par la Cour suprême.

>> Plus d'informations : L'Iran exécute publiquement un homme en lien avec le mouvement de contestation

"La guerre contre Dieu"

Les militants iraniens font face à des procès expéditifs durant lesquels la même infraction est condamnée par le code pénal islamique. A savoir: la guerre contre Dieu. Un motif vague qui dissimule souvent les réelles raisons des autorités.

L'organisation de défense des droits humains Amnesty dénonce des "simulacres de procès" et accuse les autorités d'utiliser la peine de mort comme "outil de répression politique dans le but d'instiller la peur parmi la population et de mettre fin" à la contestation.

Hélène Krähenbühl avec afp

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