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Toujours pas de "speaker" au Congrès américain, la séance suspendue

Aux États-Unis, l’élection du président républicain de la Chambre des représentants est dans l’impasse
Aux États-Unis, l’élection du président républicain de la chambre des représentants est dans l’impasse / 19h30 / 2 min. / le 4 janvier 2023
Un scénario inédit en 100 ans: la Chambre américaine des représentants était complètement paralysée mercredi, des dissensions dans les rangs républicains empêchant les élus de se choisir un président.

De vives dissensions dans les rangs républicains paralysent complètement le processus de nomination d'un président. Après six tours d'une élection sans issue, la deuxième journée de vote a été suspendue jusqu'à 20h00 (02h00 suisses).

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Grand favori pour remplacer Nancy Pelosi au perchoir, le républicain Kevin McCarthy est suspendu au bon vouloir d'une vingtaine d'élus trumpistes qui l'accusent d'être trop modéré et jouent délibérément les trouble-fête.

Membres de la frange la plus conservatrice du parti, ces élus profitent de la très fine majorité républicaine décrochée aux élections de mi-mandat de novembre pour poser leurs conditions. Sans leur soutien, Kevin McCarthy ne peut pas être élu. L'Amérique veut "un nouveau visage, une nouvelle vision, un nouveau leadership", a argué le turbulent élu du Texas, Chip Roy.

Kevin McCarthy, membre de l'état-major républicain depuis plus de 10 ans, a déjà accédé à nombre des exigences de ce groupe, sans que cela ne débloque pour autant l'impasse. Pire, l'opposition à sa candidature semblait se cristalliser.

>> Les explications de Gaspard Kühn dans le 19h30 :

Gaspard Kühn, correspondant à Washington, analyse l’incapacité des républicains à désigner un "speaker" à la Chambre des représentants
Gaspard Kühn, correspondant à Washington, analyse l’incapacité des républicains à désigner un "speaker" à la Chambre des représentants / 19h30 / 1 min. / le 4 janvier 2023

Situation "embarrassante"

Le président démocrate Joe Biden a qualifié cette situation d'"embarrassante", assurant que "le reste du monde" suivait cette pagaille de près.

Chez les élus républicains non réfractaires et largement majoritaires, un agacement commençait à se faire sentir, donnant lieu à des débats très animés dans l'hémicycle. "Tout ça paraît désordonné", a concédé l'élu Mike Gallagher, un proche de Kevin McCarthy.

Mercredi matin, l'ancien président Donald Trump est sorti du bois, appelant sur son réseau social son parti à tout faire pour "éviter une défaite embarrassante". "Il est désormais temps pour nos grands élus républicains à la Chambre de voter pour Kevin" McCarthy, qui fera "un bon boulot, et peut-être même un super boulot". Mais l'ancien président, dont la réputation de faiseur de rois a sérieusement été mise en doute, n'est pas non plus parvenu à convaincre ce groupe conservateur à rentrer dans le rang.

L'élection du "speaker", le troisième personnage le plus important de la politique américaine après le président et le vice-président, nécessite une majorité de 218 voix. Lors des six premiers tours, Kevin McCarthy n'a pas réussi à dépasser les 203 suffrages.

Cette situation paralyse aussi complètement le reste de l'institution: sans président, les nouveaux élus ne peuvent pas prêter serment, et donc passer un quelconque projet de loi. Les républicains ne peuvent pas non plus ouvrir les nombreuses enquêtes qu'ils avaient promises contre Joe Biden.

>> Les précisions dans Forum :

USA: pas de président à la Chambre des représentants en raison des dissensions des républicains
USA: pas de président à la Chambre des représentants en raison des dissensions des républicains / Forum / 1 min. / le 4 janvier 2023

Aubaine pour Joe Biden?

Une situation que les démocrates observent avec un certain amusement, lançant parfois rires narquois et applaudissements dans l'hémicycle. Le parti de Joe Biden fait bloc autour de la candidature de Hakeem Jeffries, mais l'élu ne dispose pas non plus d'assez de voix pour être élu au perchoir.

Les élus continueront à voter jusqu'à ce qu'un président de la Chambre des représentants soit élu. Cela devait être l'affaire de quelques heures, mais pourrait s'étendre sur plusieurs semaines: en 1856, les élus du Congrès ne s'étaient accordés qu'au bout de deux mois et 133 tours.

Etre face à une Chambre hostile, mais désordonnée, pourrait se révéler être une aubaine politique pour Joe Biden, s'il confirme son intention de se représenter en 2024, une décision qu'il doit annoncer en début d'année.

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afp/fgn

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