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L'accès de l'Europe à l'espace en péril suite à des défaillances et des retards

La fusée Vega-C en Guyane française, le 20 décembre 2022 [KEYSTONE - JM Guillon/ESA via AP]
L'accès européen à l'espace en "crise particulièrement grave" / Le Journal horaire / 31 sec. / le 5 janvier 2023
L'Europe se retrouve dans une "crise particulièrement grave" pour son accès à l'espace après la défaillance de la fusée Vega-C et les retards d'Ariane 6, a estimé jeudi le président de la filière aérospatiale française.

"C'est une crise particulièrement grave qui va obliger les Européens à se mettre autour de la table pour définir une feuille de route", a affirmé Guillaume Faury, président du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas), à l'occasion de la présentation des voeux de l'organisation.

Ariane 5, avec deux vols restants, est en "fin de vie". "Le carnet de commandes d'Ariane 6 est quant à lui déjà très bien rempli, donc il n'y a plus beaucoup de possibilités d'aller lancer des satellites avec Ariane 6 dans les années qui viennent. Et, dans ce pont entre A5 et A6, on a perdu l'accès à Soyouz et la fusée Vega est aussi arrêtée", a-t-il résumé.

Problèmes de fusées

L'Europe utilisait le lanceur moyen russe Soyouz mais n'y a plus accès depuis le début du conflit en Ukraine, tandis que le lanceur léger italien Vega-C est cloué au sol après l'échec de son premier vol commercial le 20 décembre.

Le premier vol d'Ariane 6, prévu initialement en 2020, est lui repoussé à fin 2023, laissant l'Europe sans autonomie d'accès à l'espace, donc de liberté de lancer ses satellites.

"Toute transition entre une génération et la suivante est difficile", rappelle Guillaume Faury, par ailleurs patron d'Airbus. "Cette fragilité était connue quand la décision de lancer Ariane 6 a été prise (en 2014) et il y avait un certain nombre de ceintures de sécurité qui étaient en place au cas où cela ne se passe pas très bien. Ces ceintures, c'était Soyouz et c'était Vega, (...), elles sont devenues des grandes vulnérabilités compte tenu de ce qu'il se passe en ce moment." Mais les lancements d'Ariane 5 sont "chers" et le risque d'en produire davantage "pour plus de sécurité, sans client" n'a pas été pris.

La fusée Ariane 5 lors du lancement du télescope James Webb, le 23 décembre 2021. Le lanceur de l'ESA doit être remplacé par un modèle de sixième génération. Mais la mise en service de celui-ci a pris du retard. [KEYSTONE - EPA/NASA]
La fusée Ariane 5 lors du lancement du télescope James Webb, le 23 décembre 2021. Le lanceur de l'ESA doit être remplacé par un modèle de sixième génération. Mais la mise en service de celui-ci a pris du retard. [KEYSTONE - EPA/NASA]

Redéfinir la feuille de route

Les membres de l'Agence spatiale européenne (ESA) doivent dorénavant selon lui "redéfinir une feuille de route commune des Etats ensemble, et non pas des initiatives nationales centrifuges".

C'est un "secteur où il faut fédérer les efforts, c'est écrit dans l'équation-même avec des très gros investissements sur de toutes petites séries", a-t-il rappelé.

La France, l'Allemagne et l'Italie, principaux financeurs de l'ESA, se sont accordés en novembre pour garantir l'exploitation future des fusées Ariane 6 et Vega-C, et permettre aux minilanceurs, développés chacun de leur côté, d'être lancés pour le compte de l'agence européenne. Ils espèrent entraîner derrière eux les autres Etats membres.

afp/ami

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