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L'Iran ferme un institut français après la publication de caricatures par Charlie Hebdo

Le numéro contient plusieurs dessins d'ordre sexuel montrant l'ayatollah Khamenei et d'autres religieux iraniens. [afp - Patrick Batard]
L'Iran ferme un institut français après la publication de caricatures par Charlie Hebdo / Le Journal horaire / 32 sec. / le 5 janvier 2023
L'Iran a annoncé jeudi la fermeture du plus ancien et plus important centre d'études français dans le pays, comme première riposte à la publication par le magazine satirique français Charlie Hebdo de caricatures jugées insultantes pour le guide suprême Ali Khamenei.

Le ministère français des Affaires étrangères n'a reçu "aucune information officielle" sur ces annonces qui "seraient regrettables si elles se confirmaient", a réagi la porte-parole du Quai d'Orsay, Anne-Claire Legendre, dans une déclaration écrite.

Les autorités iraniennes avaient averti mercredi la France qu'elles prendraient des mesures après la publication le même jour par Charlie Hebdo de ces dessins mettant en scène la plus haute personnalité religieuse et politique de la République islamique d'Iran.

"Le ministère met fin aux activités de l'Institut Français de Recherche en Iran (IFRI) comme une première étape", a affirmé le ministère iranien des Affaires étrangères dans un communiqué.

"Un haut lieu de culture et d'échanges"

Le Quai d'Orsay a précisé que l'IFRI était "un haut lieu de culture et d'échanges, né de la fusion en 1983 de la Délégation Archéologique Française en Iran créée en 1897 et de l'Institut Français d'Iranologie de Téhéran fondé en 1947 par le philosophe et orientaliste français Henry Corbin". L'IFRI est affilié au ministère français des Affaires étrangères, selon son site internet.

Dans son communiqué, le ministère iranien accuse les autorités françaises "d'inaction continue face aux expressions d'anti-islamisme et à la propagation de la haine raciste dans les publications françaises".

Il demande au gouvernement français de réclamer des comptes aux "auteurs (de la propagation) d'une telle haine", soulignant que le "peuple iranien" suivrait "avec sérieux" la réponse qu'apporterait la France. Le ministère appelle aussi Paris à mener "une lutte sérieuse contre l'islamophobie".

Les caricatures publiées dans le journal satirique ont été retenues dans le cadre d'un concours lancé en décembre, au moment où des manifestations se poursuivaient en Iran pour protester contre la mort en détention le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne arrêtée pour avoir enfreint le code vestimentaire strict du pays.

Des dessins osés montrant l'ayatollah Khamenei

Le journal satirique Charlie Hebdo, en soutien au soulèvement du peuple iranien, a publié des caricatures des mollahs dans son édition du 4 janvier. [afp - Patrick Batard]
Le journal satirique Charlie Hebdo, en soutien au soulèvement du peuple iranien, a publié des caricatures des mollahs dans son édition du 4 janvier. [afp - Patrick Batard]

Charlie Hebdo a soutenu en décembre que ce "concours international" visait à soutenir les "Iraniens qui se battent pour leur liberté".

Le numéro contient plusieurs dessins d'ordre sexuel montrant l'ayatollah Khamenei et d'autres religieux iraniens, de même que des caricatures dénonçant le recours en Iran à la peine capitale comme tactique pour intimider les manifestants.

Avant l'annonce de la fermeture de l'IFRI, la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna avait souligné qu'en France, "la liberté de la presse existe contrairement à ce qu'il se passe en Iran", rappelant que le délit de blasphème n'existe pas en droit français.

"La mauvaise politique est celle qui est suivie par l'Iran qui pratique des violences à l'encontre de sa propre population", avait-elle ajouté jeudi, interrogée sur la chaîne de télévision française LCI.

Mercredi, son homologue iranien Hossein Amir-Abdollahian avait dénoncé "un acte insultant et indécent" qui ne "restera pas sans réponse ferme".

Ambassadeur de France en Iran convoqué

Et l'ambassadeur de France en Iran Nicolas Roche avait été convoqué le même jour par les Affaires étrangères à Téhéran. "L'Iran n'accepte en aucune façon l'insulte de ses valeurs (...) islamiques, religieuses et nationales (...) et la France n'a pas le droit d'insulter ce qui est sacré (...) pour les pays musulmans sous le prétexte de la liberté d'expression", a dit le porte-parole du ministère Nasser Kanani mercredi. L'Iran "considère le gouvernement français responsable pour cet acte haineux, insultant et injustifié", a-t-il ajouté.

Le siège de l'IFRI, dans le centre de Téhéran, avait déjà été fermé durant de longues années. Il avait rouvert sous la présidence du modéré Hassan Rohani (2013-2021) comme un signe du réchauffement des relations franco-iraniennes. Il comprend une riche bibliothèque, utilisée par les étudiants de la langue française et des universitaires iraniens. Il est distinct d'un autre IFRI, l'Institut français des relations internationales, un des principaux centre de recherche français sur les relations internationales, basé à Paris.

afp/fgn

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