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Début du procès du prix Nobel biélorusse Ales Bialiatski à Minsk

Ales Bialiatski (à l'avant) et ses deux associés jugés avec lui, à l'ouverture de son procès à Minsk. [AFP - Vitaly Pivovarchik]
Début du procès du prix Nobel bélarusse Ales Bialiatski / Le Journal horaire / 22 sec. / le 5 janvier 2023
Le procès d'Ales Bialiatski, un militant biélorusse pour la démocratie emprisonné, colauréat du prix Nobel de la paix 2022, a commencé jeudi à Minsk, a annoncé le centre Viasna qu'il a fondé, le principal groupe de défense des droits humains dans son pays.

Ales Bialiatski ainsi que ses collaborateurs jugés avec lui Valentin Stefanovitch et Vladimir Labkovitch, ont comparu dans la cage réservée aux accusés, selon des images de l'agence de presse russe RIA Novosti. Les trois hommes sont détenus depuis juillet 2021.

Ales Bialiatski, 60 ans, les cheveux blancs et portant un sweatshirt noir, était assis en première ligne, ses deux compagnons se tenant derrière lui, l'air abattu ou somnolent dans la cage entourée de quatre policiers armés.

Initialement inculpés d'évasion fiscale, ils sont désormais accusés d'avoir fait entrer de grandes quantités d'argent liquide en Biélorussie et d'avoir "financé des actions collectives portant gravement atteinte à l'ordre public", a expliqué Viasna en novembre, précisant qu'ils risquaient de sept à 12 ans de prison.

>> Lire : Le lauréat du Nobel de la Paix Alès Beliatski encourt jusqu'à 12 ans de prison

Après les manifestations de 2020

Ales Bialiatski, qui a créé en 1996 Viasna ("printemps"), a reçu le prix Nobel de la paix aux côtés de deux autres organisations de défense des droits de l'Homme, Mémorial (Russie) et le Centre pour les libertés civiles (Ukraine).

Ses deux collaborateurs et lui ont été emprisonnés après les manifestations massives de 2020 contre le régime à la suite de la victoire unilatéralement proclamée à l'élection présidentielle d'Alexandre Loukachenko, qui dirige la Biélorussie depuis 1994.

Un quatrième accusé, Dmitri Soloviev, est jugé par contumace après s'être enfui en Pologne. "C'est un faux procès", a-t-il déclaré à l'AFP, "je n'ai pas confiance dans ce procès et dans ce qui va s'y passer".

Il a qualifié d'"absurdes" les accusations et de "théâtre" la procédure légale, ajoutant: "La loi n'existe pas en Biélorussie. Le processus est entièrement contrôlé par un gouvernement de gangsters".

"Représailles", selon Amnesty

L'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International a qualifié le procès "d'acte flagrant d'injustice", estimant qu'il s'agissait de "représailles" exercées à l'encontre des accusés pour "leur militantisme".

Le gouvernement de Loukachenko "est particulièrement vindicatif à l'égard des militants défenseurs des droits de l'Homme et l'issue du 'procès' semble devoir être impitoyable", a estimé Amnesty International.

Le mouvement de 2020 avait rassemblé des dizaines de milliers de personnes dans les rues de Minsk et d'autres villes pendant des semaines avant d'être progressivement maté à coups d'arrestations massives, d'exils forcés et d'emprisonnements d'opposants, de responsables de médias et d'ONG.

Les Occidentaux ont adopté plusieurs trains de sanctions contre la Biélorussie qui jouit en revanche du soutien indéfectible de Moscou.

Ce pays a accepté en retour de servir de base arrière aux troupes russes pour leur offensive contre l'Ukraine déclenchée le 24 février 2022. Mais l'armée biélorusse n'a pas pris part jusqu'à présent aux combats sur le territoire ukrainien.

afp/kkub

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