Publié

Un petit hameau symbole de la lutte contre l'extraction du charbon en Allemagne

En Allemagne, des centaines d'activistes venus de toute l'Europe se battent pour empêcher l'extension d'une mine de charbon.
En Allemagne, des centaines d'activistes venus de toute l'Europe se battent pour empêcher l'extension d'une mine de charbon. / 19h30 / 2 min. / le 7 janvier 2023
En Rhénanie-du-Nord-Westphalie, une vingtaine de villages ont été rasés ces dernières années pour permettre l'extraction du charbon. Le hameau de Lützerath devrait être le dernier à subir le même sort. Mais sur place, des centaines d'activistes veulent résister à l'évacuation du village.

Du haut de leurs perchoirs situés à une dizaine de mètres du sol, les activistes du climat présents à Lützerath ont vue sur la gigantesque mine à ciel ouvert de lignite de Garzweiler, gérée par l'énergéticien RWE, et qui a déjà englouti plus d'une vingtaine de villages environnants.

La mine à ciel ouvert de lignite de Garzweiler est aux portes de Lützerath. [Keystone - Rolf Vennenbernd]
La mine à ciel ouvert de lignite de Garzweiler est aux portes de Lützerath. [Keystone - Rolf Vennenbernd]

En rasant le petit hameau, l'entreprise allemande - qui s'est engagée à cesser définitivement l'exploitation de ce charbon particulièrement polluant d'ici 2030 - doit pouvoir extraire quelque 280 millions de tonnes de lignite, selon l'ONG Greenpeace.

Un Romand sur le front

Sur place, des centaines d'activistes occupent les arbres de la localité pour empêcher sa destruction et bloquer l'avancée de la mine. Parmi eux, Lakritz, un jeune Fribourgeois. "La nuit, depuis la cabane, on entend les machines creuser. Ce n'est pas un environnement des plus calmes", confie-t-il au 19h30 samedi.

Comme d'autres, Lakritz dort au sommet des grands arbres de Lützerath. "J'ai commencé la première fois en mars, mais c'était vraiment très boiteux. Je n'osais pas dormir en hauteur. Maintenant, je suis assez confiant", raconte le Romand, qui s'entraîne en ce moment à grimper le plus rapidement possible dans son repaire.

Car l'ordre d'évacuation sera effectif le 10 janvier. Des milliers de policiers devraient être mobilisés spécialement pour l'occasion. "Je ne suis pas sûr qu'on gagne, reconnaît Lakritz. Mais je pense que symboliquement, philosophiquement et politiquement, c'est important que l'on fasse quelque chose et qu'on s'interpose entre cette ligne de destruction et cet espace vert épargné."

En prévision de l'évacuation, les activistes ont construit des barricades et des tranchées. [Keystone - Thomas Banneyer]
En prévision de l'évacuation, les activistes ont construit des barricades et des tranchées. [Keystone - Thomas Banneyer]

Lützerath est donc devenu un symbole de la lutte contre le réchauffement climatique et les militants sont prêts à en découdre. "Si le charbon qui se trouve sous Lützerath est utilisé, l'Allemagne ne pourra jamais atteindre les objectifs climatiques qu'elle s'est fixés avec les accords de Paris", détaille un porte-parole du mouvement "Lützerath bleibt" (voir encadré).

"Nous aurions déjà pu sortir du charbon il y a longtemps. En sortir en 2030 ne servira à rien, il sera trop tard", poursuit-il.

"Agir avec beaucoup de précaution"

De son côté, la police se prépare aussi à des semaines difficiles. "Il va falloir évacuer des gens qui se trouvent dans les cimes, à 10 ou 15 mètres du sol. C'est une situation dangereuse", explique Andreas Müller, porte-parole de la police d'Aix-la-Chapelle.

Certains activistes du climat campent à une dizaine de mètres du sol. [Keystone - David Young]
Certains activistes du climat campent à une dizaine de mètres du sol. [Keystone - David Young]

Et d'ajouter: "Nous allons devoir agir avec beaucoup de précaution et avec mesure, de telle sorte que personne ne soit blessé pendant l'opération."

Anne Mailliet/jfe

Publié

L'Allemagne a encore manqué son objectif de réduction d'émissions de CO2

L'Allemagne, première nation industrielle d'Europe, a de nouveau manqué en 2022 son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ayant dû consommer davantage d'énergies fossiles pour pallier le sevrage de gaz russe, selon une étude.

Les émissions de gaz à effet de serre de l'Allemagne ont atteint l'an dernier environ 761 millions de tonnes de CO2, soit légèrement moins qu'en 2021, selon les calculs du groupe d'experts Agora Energiewende.

L'objectif d'un maximum de 756 millions de tonnes de CO2, inscrit dans la loi allemande sur la protection du climat, "a ainsi été dépassé de cinq millions de tonnes", explique un communiqué.

En d'autres termes, ces émissions ont chuté de près de 39% par rapport à 1990, mais le pays reste éloigné de l'objectif de les réduire de 65% d'ici 2030.

L'utilisation accrue du charbon et du pétrole pour produire de l'électricité, en remplacement du gaz russe dont les livraisons se sont arrêtées, a fait augmenter les émissions de rejets polluants.