"We Quit", peut-on lire sur le site britannique d'Extinction Rébellion (XR). Dans sa lettre ouverte, le mouvement écologiste annonce vouloir "s'éloigner temporairement de la perturbation publique", la tactique politique pour laquelle il était spécialement connu.
Extinction Rébellion estime qu'il est nécessaire que le mouvement fasse évoluer ses formes d'action. Il annonce notamment vouloir perturber "les abus de pouvoir", autrement dit le monde politique. Une seule grande manifestation est fixée le 21 avril à Londres.
Des discussions ont lieu ces jours dans les groupes locaux d'Extinction Rébellion en Suisse. Le sujet a été amené par un membre d'Extinction Rébellion à l'occasion d'une assemblée plénière dimanche.
Il ne devrait pas y avoir de décision formelle dans l'immédiat. Les militants pourraient décider de voter la fin de la désobéissance civile dans les prochains mois.
Pour rappel, 200 activistes d'Extinction Rébellion avaient bloqué le pont de Chauderon à Lausanne en 2019, et ce pendant une heure, au nom de l'urgence climatique. L'action était non-violente, principe au coeur du mouvement depuis sa création.
La suite logique
Pour Clémence Demay, doctorante à la Faculté de droit de l'Université de Lausanne et spécialiste de la désobéissance civile, cette décision s'inscrit dans la continuité politique du mouvement. "Les stratégies d'Extinction Rébellion ne sont pas figées et différents principes cohabitent en son sein", explique-t-elle.
Le mouvement fait le bilan des effets de sa stratégie d'action ainsi que de la réception publique de cette dernière. La doctorante comprend ce changement tactique comme une façon de repenser l'inclusion de nouveaux membres.
"Extinction Rébellion explique qu'user de ces stratégies de désobéissance civile cause beaucoup de perte au sein du mouvement, et bloque certaines trajectoires militantes", rappelle Clémence Demay.
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Des actions coûteuses
La désobéissance civile est "une stratégie coûteuse, notamment en ressources militantes et financières, car chaque procès coûte extrêmement cher", selon la doctorante. Le mouvement reconnaît que sa méthode tactique a eu un fort écho médiatique, mais pas assez d'effets politiques concrets.
Par ailleurs, cette même méthode d'action n'est pas favorable à certains profils militants. "Toutes personnes non-suisses ou celles qui ont des titres de séjour ne peuvent pas forcément joindre le mouvement, car elles se mettraient en danger", explique Clémence Demay.
Elle ajoute que si les actions de désobéissance civile ressurgiront peut-être dans le futur, la stratégie d'action a maintenant pour objectif de s'adapter au contexte politique et judiciaire actuel.
Sujet radio: Julie Rausis
Adaptation web : Raphaël Dubois
Un mouvement auto-gestionnaire
Extinction Rébellion a une culture militante propre, organisée autour de codes, d'un vocabulaire particulier et de formations internes.
Chaque branche est autonome dans ce système qui se veut décentralisé, et non hiérarchique. La section mère donne les objectifs du mouvement dans les grandes lignes, comme dire la vérité sur le réchauffement climatique ou se battre contre les gaz à effet de serre.
Il existe plusieurs rôles au sein de l'organisation: bloqueur, artiviste, médiactiviste ou encore ange-gardien. Chacun est classé en fonction de son risque judiciaire, variant de "à haut risque" à "aucun risque".
Jusqu'à aujourd'hui, le mouvement s'est fait connaître par ses actions de désobéissance civile non-violentes qui ont valu à de nombreuses militantes et militants de finir devant le tribunal.