En vertu du droit international et du droit maritime, le gouvernement italien ne peut pas totalement interdire l'activité des ONG en Méditerranée.
Les nouvelles mesures du ministre de l'Intérieur Matteo Piantedosi sont néanmoins très restrictives et rendent le travail des organisations d'aide aux migrants très difficile.
Ports d'accueil éloignés des côtes
Parmi ces mesures, l'une impose aux navires humanitaires de se rendre "sans délai" vers un port italien, cela après chaque opération de sauvetage. Cela signifie qu'ils ne peuvent pas rester en mer pour secourir éventuellement d'autres bateaux en difficulté avant de regagner la terre. L'objectif? Maintenir les ONG hors des zones de sauvetage.
A cette mesure s'ajoute le fait que le gouvernement octroie des ports d'accueil très éloignés des côtes siciliennes, à Livourne, Ravenne ou encore Ancône. Leurs emplacements implique plusieurs jours de transport supplémentaires.
Migrants débarqués dans des villes de gauche
Les ONG, contraintes d'appliquer le nouveau décret, dénoncent la volonté du gouvernement "d'entraver l'assistance aux personnes en détresse" et d'imposer des souffrances inutiles aux rescapés.
Quant à l'opposition de gauche, elle soupçonne le gouvernement de manoeuvres politiciennes. En effet, pour l'instant, les nouveaux ports d'accueil attribués aux ONG pour débarquer les migrants sont tous gouvernés par des maires de gauche.
Eric Jozsef/hkr
Les migrants pas les bienvenus non plus en Grèce
La Grèce durcit également, depuis plusieurs mois, sa politique migratoire, notamment en criminalisant les ONG qui viennent en aide aux migrants et en multipliant les procès contre des demandeurs d'asile, fréquemment accusés de trafic d'êtres humains. Deux procès symboliques ont lieu cette semaine à Lesbos.
L'un d'eux s'appelle Mohammad Hanad Abdi. C'est un Somalien de 29 ans qui a sauvé la vie de plus de trente personnes en amenant leur bateau sur l'île grecque de Lesbos. Parti de Turquie en compagnie d'autres migrants, il a été abandonné en pleine mer par le passeur turc en charge du convoi, qui lui a ordonné de mener la barque à bon port.
Aux yeux de la justice grecque, il est alors devenu lui-même un passeur. Il a ainsi été condamné, dans un premier temps, à 142 ans de prisons, dont 20 ferme. Une peine réduite lundi à huit ans par le tribunal: il sera donc relâché dans un mois. Mais pour son avocat, cette victoire n'en est pas une. "Nous sommes heureux, il sera bientôt libre. [...] Mais cet homme démarrera sa vie avec inscrit sur son casier judiciaire: ‘trafiquant d’êtres humains’. Ça, ça ne changera pas!", soulève-t-il.
En Grèce, environ 2000 personnes sont dans le même cas. Trois ont déjà été innocentées.