"Nous avons confirmé 17 décès aujourd'hui lors d'affrontements avec les forces de l'ordre dans les environs de l'aéroport de Juliaca", a annoncé une source du bureau du Défenseur du peuple, qui fait également état de plus d'une trentaine de blessés.
D'après un responsable d'un hôpital local, les victimes présentent des blessures par balle.
Les affrontements ont éclaté alors que plusieurs milliers de manifestants tentaient d'envahir l'aéroport de Juliaca, située dans la région de Puno, une région majoritairement peuplée par le peuple amérindien Aymara, au sud-est du pays. Cet aéroport avait déjà fait l'objet d'une tentative d'assaut samedi.
"Un massacre entre Péruviens"
Le président du Conseil des ministres péruvien Alberto Otarola a évoqué plus de 9000 personnes, dont environ 2000 ont lancé "une attaque sans merci contre la police et les installations, utilisant des armes improvisées". Il a parlé d'une "situation extrême".
"Messieurs les policiers nous ont tiré dessus", a raconté un manifestant. "Nous demandons à Madame Dina qu'elle démissionne. Accepte le fait que le peuple ne t'aime pas!" a-t-il lancé.
"Ce qui se déroule est un massacre entre Péruviens, je demande le calme, ne vous exposez pas", s'est exclamé pour sa part le maire de Juliaca Oscar Caceres, dans un appel à la population lancé sur la radio locale La Decana.
Crise permanente
Ces nouveaux décès portent à 39 le nombre de personnes mortes au cours des manifestations antigouvernementales en près d'un mois de protestations au Pérou, pays plongé dans une grave crise institutionnelle et politique.
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La région de Puno, frontalière avec la Bolivie, est l'épicentre de ces protestations. Une grève illimitée y a lieu depuis le 4 janvier. Il s'agit également du point de départ d'une marche organisée par plusieurs collectifs de citoyens et de paysans, dont l'arrivée dans la capitale Lima est prévue aux environs du 12 janvier.
Les manifestants réclament la démission de Dina Boluarte, arrivée à la tête du pays après la destitution de Pedro Castillo en décembre. Elle est la sixième personne à occuper la présidence en cinq ans, dans un pays qui connaît une crise politique permanente sur fond de corruption.
Les manifestants exigent aussi un nouveau Parlement et la tenue immédiate d'élections, déjà avancées à avril 2024 au lieu de 2026.
afp/jop
Une "ingérence" bolivienne dénoncée
Le Pérou a également interdit lundi l'entrée sur son territoire à l'ancien président bolivien Evo Morales pour son "intervention" dans les affaires politiques internes du pays. L'ancien président bolivien a été actif dans la politique péruvienne depuis l'arrivée au pouvoir de Pedro Castillo, en juillet 2021, et jusqu'à son éviction le 7 décembre.
Depuis, Evo Morales a exprimé son soutien aux manifestations réclamant le départ de Dina Boluarte, et notamment à celles qui ont lieu dans la région de Puno, qu'il a visitée en novembre dernier. La droite péruvienne l'accuse de pousser le sud du pays à faire sécession pour se faire annexer par la Bolivie.