"Je présente un projet de loi qui donnera au gouvernement le pouvoir de faire en sorte que les services publics vitaux maintiennent des niveaux de fonctionnement suffisants pour s'assurer qu'il n'y a pas de pertes de vies", a expliqué le ministre des Entreprises, de l'Industrie et de l'Energie Grant Shapps au Parlement.
Il a cité six secteurs jugés "vitaux": la santé, l'éducation, les pompiers, les transports, la sécurité des frontières et la déconstruction de centrales nucléaires.
"Nous ne voulons pas avoir à utiliser cette législation, mais nous devons assurer la sécurité des Britanniques", a-t-il insisté, qualifiant la mise en place d'un service minimum de "mesure de bon sens" en ligne avec ce qui se fait déjà "dans les pays modernes d'Europe comme la France, l'Espagne, l'Italie ou l'Allemagne".
Grant Shapps a en outre estimé que des réévaluations salariales couvrant pleinement une inflation actuellement à près de 11% dans le pays n'était "pas la bonne manière de procéder".
Travaillistes mécontents
La responsable travailliste Angela Rayner a répliqué au Parlement que "personne ne veut ces grèves, et particulièrement les travailleurs, qui perdent un jour de paie" lorsqu'ils débrayent.
Elle a fustigé le "chaos désastreux du système sous le gouvernement conservateur", avec la "première grève majeure d'ambulanciers en trente ans, la "première grève jamais vue" chez les infirmières, sans omettre les débrayages d'enseignants, d'avocats, de cheminots, etc.
La dirigeante travailliste a accusé le gouvernement d'avoir "torpillé l'économie" britannique, ce à quoi Grant Shapps a répondu qu'elle semblait oublier qu'il y avait eu une pandémie et que l'invasion russe de l'Ukraine avait largement contribué à faire flamber les cours de l'énergie et l'inflation.
Un "gadget dangereux" selon un syndicat
La secrétaire générale du syndicat Unite Sharon Graham s'insurgeait mardi contre les propositions législatives qualifiées de "gadget dangereux de la part d'un gouvernement qui ferait mieux de négocier pour résoudre la crise qu'il a causée".
Estimant que Grant Shapps masque la vérité et veut importer "les pires pratiques d'autres pays", elle ajoute qu'il devrait plutôt s'inspirer, au contraire, de l'Irlande ou l'Espagne, en interdisant par exemple les licenciements visant à réembaucher les mêmes salariés à des conditions moins favorables pour eux (technique dite du "fire and rehire").
Droit de grève réaffirmé par le ministre
Grant Shapps a toutefois réaffirmé son respect du droit de grève, se félicitant de "progrès" dans les discussions qui se sont tenues entre le gouvernement et les syndicats, même si, au final, elles n'ont pas débouché sur des avancées concrètes.
Ces discussions ont cependant marqué une ouverture au dialogue qui contraste avec le ton très dur adopté jusqu'à présent par le gouvernement conservateur.
Au cours de ces rencontres, le ministre de la Santé Steve Barclay a envisagé de rendre des hausses de salaire rétroactives sur une partie de l'an dernier, selon plusieurs médias.
"Intransigeance" critiquée
L'association d'infirmières Royal College of Nursing (RCN) et le syndicat Unite ont critiqué la rencontre de lundi avec Steve Barclay, accusant ce dernier d'"intransigeance".
De nouvelles grèves sont en préparation, notamment chez les physiothérapeutes ou chez les ambulanciers, qui devraient à nouveau débrayer dès mercredi.
afp/ami