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Enquête pour "génocide" contre la présidente du Pérou Dina Boluarte

La Présidente du Pérou, Dina Boluarte, s'exprime lors d'une conférence de presse au palais du gouvernement à Lima, Pérou, jeudi 5 janvier 2023. [Keystone - AP Photo/Martin Mejia]
Enquête pour "génocide" ouverte contre la présidente péruvienne / La Matinale / 28 sec. / le 11 janvier 2023
La présidente du Pérou Dina Boluarte affronte, avec plusieurs hauts responsables, une enquête pour "génocide" après la répression des manifestations antigouvernementales qui ont fait 40 morts depuis décembre dans le pays andin.

La procureure de l'Etat, Patricia Benavides, "a décidé d'ouvrir une enquête préliminaire contre la présidente Dina Boluarte, le président du Conseil des ministres Alberto Otarola, le ministre de l'Intérieur Victor Rojas, le ministre de la Défense Jorge Chavez", a annoncé mardi le parquet sur Twitter.

Cette enquête concerne des faits de "génocide, homicide qualifié et blessures graves, commis pendant les manifestations des mois de décembre 2022 et janvier 2023 dans les régions d'Apurimac, La Libertad, Punon, Junin, Arequipa et Ayacucho", a-t-il ajouté.

L'enquête vise également l'ex-président du Conseil des ministres Pedro Angulo et l'ex-ministre de l'Intérieur César Cervantes, qui avaient fait partie du gouvernement de Dina Boluarte du 7 au 21 décembre. Un total de 22 personnes étaient mortes dans des manifestations durant ces deux semaines.

Au moins 40 personnes tuées

Au moins 40 personnes sont mortes et plus de 600 ont été blessées dans les manifestations qui ont suivi la destitution et l'arrestation le 7 décembre du président socialiste Pedro Castillo, accusé de tentative de coup d'Etat pour avoir voulu dissoudre le Parlement qui s'apprêtait à le chasser du pouvoir.

Les manifestants réclament entre autres le départ de Dina Boluarte, qui a succédé à Pedro Castillo, et la tenue immédiate d'élections anticipées, déjà avancées de 2026 à avril 2024.

Bien qu'issue du même parti d'inspiration marxiste (Peru Libre) de Pedro Castillo, Dina Boluarte est considérée comme une "traîtresse" par les protestataires.

Epicentre de la contestation au sud

L'épicentre de la contestation est la région aymara (peuple amérindien) de Puno (sud), à la frontière avec la Bolivie et sur les rives du lac Titicaca, où un grève illimitée est en vigueur depuis le 4 janvier et où ont eu lieu de graves affrontements, saccages et pillages.

Les autorités ont décrété mardi dans cette région un couvre-feu de trois jours, après la mort de 18 personnes lors de manifestations depuis lundi.

A Juliaca, à 1300 km au sud de Lima, des dizaines de familles de victimes vêtues de noir faisaient la queue à la morgue pour recevoir le corps d'un proche, après des affrontements meurtriers près de l'aéroport de cette ville de la région de Puno. "Mon frère est mort parce qu'il a été abattu, il a été tué par la police", a dit un homme à la radio La Decana.

>> Lire à ce sujet : Dix-sept personnes tuées par la police après l'assaut d'un aéroport au sud du Pérou

En pleine crise politique et institutionnelle, le gouvernement péruvien a obtenu mardi soir la confiance du Parlement avec 73 voix pour, 43 voix contre et six abstentions. Il aurait dû démissionner s'il avait perdu ce vote, imposé par la Constitution.

Le Pérou doit recevoir mercredi une mission de la Commission interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH), dépêchée dans le pays pour enquêter sur les manifestations et la réponse des forces de l'ordre.

Les manifestations se sont poursuivies mardi avec des blocages de routes dans six régions du pays.

Dans la région d'Ayacucho, dans le sud des Andes, des milliers de personnes ont défilé dans les rues de la ville de Huamanga.

afp/cab

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