Le port belge d'Anvers est devenu la plaque tournante de la drogue européenne

Au total, la marchandise confisquée en 2022 équivaut à un montant estimé de 5,5 milliards d’euros. Et pour cause: Anvers et son gigantesque port sont devenus la principale porte d'entrée de la drogue en Europe. Avec comme conséquence l'explosion de la criminalité et de la corruption, mais aussi l'arrivée de nouveaux venus sur ces marchés.

La lutte contre le trafic de drogue en Belgique est une activité très risquée, sur fond de hausse de la criminalité qui inquiète autorités politiques et judiciaires. En septembre, le ministre de la Justice a été placé sous protection après avoir subi des menaces. Il avait fustigé la "mafia de la drogue". Le danger que la Belgique soit qualifiée de 'narco-Etat' plane sur nous", avertissait déjà le 15 septembre le procureur général de Bruxelles.

>> Plus d'informations : Le ministre de la Justice en Belgique menacé d'enlèvement par des trafiquants

Plusieurs mafias en concurrence

Économiste et spécialiste du crime organisée, Clotilde Champeyrache a décrit mercredi dans La Matinale de la RTS une situation extrêmement complexe, avec une multitude d’organisations qui, bien souvent, collaborent pour assurer la coordination avec les intermédiaires criminels et le commerce de détail.

Elle évoque notamment l'implication de la mafia italienne, mais également celle de la Mocro Maffia, une des organisations mafieuses marocaines basées aux Pays-Bas et en Belgique et spécialisées dans le trafic de drogue, "dont on parle beaucoup".

Cette organisation, nouvelle venue, cherche à s'imposer dans le paysage criminel européen. "Elle est dans une violence affichée, parce qu'elle est en ascension. Alors que des organisations criminelles plus établies comme la mafia calabraise, qui joue un rôle d'intermédiaire énorme dans le trafic de cocaïne, n'ont plus besoin de cette violence affichée", explique encore l'enseignante de l'université Paris-8.

Déplacement du problème

Par souci d’efficience économique et conformément aux directives européennes, seuls 5% des containers et des marchandises sont contrôlés par les douanes européennes. En outre, pour augmenter leurs bénéfices et éviter les inspections, les narcotrafiquants usent régulièrement de menaces et de corruption.

Pour Clotilde Champeyrache, reprendre le contrôle du port d’Anvers est possible à condition d'y mettre les moyens. Mais cela ne fera que déplacer le trafic vers d’autres ports, car les narcotrafiquants s’adaptent très vite aux réponses policières et pénales et savent diversifier leurs portes d'entrée.

Nicolas Vultier/jop/hkr