La patronne du FMI redoute une année 2023 marquée par des tensions sociales au niveau mondial
"Nous ne sommes que le 12 janvier et avons déjà (des illustrations) au Brésil, au Pérou, en Bolivie, en Colombie, au Royaume-Uni, tous pour des raisons différentes mais avec des tensions sociales très nettes", a rappelé Mme Georgieva. Or, si la hausse des taux devait finir par avoir un effet sur les marchés de l'emploi, conséquence logique de l'objectif de ralentissement, cela pourrait se traduire par des tensions supplémentaires, a averti la patronne de l'institution internationale.
D'autant que la situation n'est pas près de s'améliorer, du fait d'une "inflation qui reste tenace" et face à laquelle "le travail des banques centrales n'est pas encore terminé", a rappelé Mme Georgieva, impliquant du même coup que "la crise n'est sans doute pas finie". Cela s'explique principalement par "le fait que les gouvernements ont rapidement agi afin d'apporter un soutien financier aux populations face à la hausse des prix de l'alimentaire et de l'énergie. Mais l'espace disponible se réduit".
Impact dramatique
"Tant que les gens ont du travail, même si les prix sont élevés, ils consomment, ce qui a aidé l'économie sur le troisième trimestre, en particulier aux Etats-Unis et en Europe, mais nous savons que l'impact du resserrement financier est à venir" en terme de chômage, a insisté la patronne du FMI.
Dans le même temps, l'impact de la hausse des taux sur les pays endettés sera également dramatique, a rappelé Mme Georgieva, dont l'institution alerte depuis plusieurs mois sur le risque de voir environ 60% des pays émergents et en développement basculer dans une crise de la dette souveraine.
"Pour les pays ayant un haut niveau d'endettement et dont les émissions sont libellées en dollars, les effets (des politiques monétaires, NDLR) sont dramatiques. Et quand vient s'ajouter une dévaluation dans les pays concernés, cela entraîne d'importantes difficultés pour les populations", a détaillé la directrice générale du FMI.
Restructurer la dette
L'occasion de rappeler la nécessité de restructurer rapidement la dette de ces pays, sujet sur lequel "nous devons avoir une réunion en février au plus haut niveau, avec les principaux créditeurs, Chine, Inde, Arabie saoudite, ainsi que le secteur privé". Néanmoins, le FMI estime toujours qu'"une récession mondiale peut être évitée" même si un certain nombre de pays devraient voir un recul de leur PIB, tout du moins "s'il n'y a pas de choc supplémentaire", a rappelé la directrice générale.
En particulier dans le cas où la Chine ne remettait pas en cause son changement de politique vis-à-vis de la pandémie, alors qu'une reprise économique dans le pays à partir du milieu de l'année "pourrait être le facteur le plus important de croissance mondiale pour 2023", a ajouté Mme Georgieva.
Pas de récession aux Etats-Unis
"S'ils restent sur leur trajectoire, la Chine redeviendra un contributeur positif à la croissance mondiale, même si cela ne sera plus dans les proportions observées jusqu'ici", a-t-elle insisté. De l'autre côté, la résilience de l'économie américaine permet d'éviter un plongeon au niveau mondial a fait remarquer la patronne du FMI.
"Ce que nous observons aux Etats-Unis est assez remarquable", a-t-elle ajouté, soulignant le chômage particulièrement faible et la consommation qui reste soutenue, "nous observons également un glissement des dépenses des biens vers les services", ce qui soutient l'activité. "Cela permet d'envisager le fait que les Etats-Unis devraient pouvoir éviter la récession. Et dans le cas où ils connaîtraient une récession technique, elle devrait rester légère".
afp/br