Ancien haut responsable de la défense iranienne, Alireza Akbari, 61 ans, avait été condamné pour "corruption sur Terre et pour atteinte à la sécurité intérieure et extérieure du pays pour avoir transmis des renseignements" au Royaume-Uni, selon Mizan Online.
Son exécution est intervenue trois jours seulement après l'annonce par la justice iranienne de la condamnation à mort de cet homme, présenté comme ayant été un "espion clé" pour le "Secret intelligence service" britannique (SIS) en raison de "l'importance de sa position".
Le Royaume-Uni indigné
Les relations entre Téhéran et Londres ont été plombées ces dernières années par l'arrestation de plusieurs binationaux. Cette annonce a renforcé la colère de Londres, qui avait demandé la non-exécution de la sentence. "L'Iran doit cesser l'exécution du ressortissant britannique et iranien Alireza Akbari et le libérer immédiatement", avait réagi le chef de la diplomatie britannique James Cleverly. "Il s'agit d'un acte politiquement motivé par un régime barbare qui a un mépris total pour la vie humaine", selon lui.
Dans un tweet publié peu après l'exécution, le premier ministre britannique Rishi Sunak a dénoncé une condamnation "impitoyable et lâche", ajoutant que ses pensées allaient aux "amis et à la famille d'Alireza". Il s'agit d'un "acte barbare" qui "ne restera pas sans réponse", a réagi de son côté le chef de la diplomatie britannique James Cleverly. Londres va "convoquer le chargé d'affaires iranien pour lui faire part de notre dégoût", a-t-il ajouté.
De son côté, l'Iran a convoqué samedi l'ambassadeur de Royaume-Uni à Téhéran, a annoncé le ministère des Affaires étrangères, "en réponse aux interventions non conventionnelles de la Grande-Bretagne". Le pays dénonce le "soutien malicieux" que Londres a apporté à un "espion".
Haut placé au sein du régime iranien
Jeudi, les médias officiels iraniens avaient rapporté qu'Alireza Akbari avait occupé des postes haut placés dans l'appareil sécuritaire et de défense.
Selon l'agence de presse IRNA, il était un ancien combattant de la guerre entre l'Iran et l'Irak (1980-1988) avant d'occuper des postes importants, comme vice-ministre de la Défense pour les Affaires étrangères, chef d'une unité dans un centre de recherche ministériel ou encore conseiller pour le commandant de la Marine. Il a aussi travaillé au sein du "secrétariat du Conseil national suprême de la sécurité", a précisé IRNA, sans indiquer à quelles dates Alireza Akbari occupait ces postes.
Il avait été arrêté entre mars 2019 et mars 2020. Des médias iraniens ont diffusé une vidéo le montrant en train d'expliquer comment il avait été approché par le MI6, qui l'a notamment interrogé sur le physicien nucléaire Mohsen Fakhrizadeh, tué près de Téhéran en 2020 lors d'une attaque contre son convoi dont l'Iran a fait porter la responsabilité à Israël.
Washington, de son côté, avait fait état vendredi par la voix du diplomate américain Vedant Patel de soupçons face à ces images. Il aurait été "drogué, torturé pendant sa garde à vue, interrogé pendant des milliers d'heures et contraint de faire de faux aveux".
Longue série d'exécutions
L'Iran annonce régulièrement l'arrestation d'agents soupçonnés de travailler pour des services de renseignements étrangers, notamment d'Israël. Début décembre, Le régime avait exécuté quatre personnes accusées de coopérer avec les services de renseignement israéliens.
L'exécution d'Akbari intervient alors que l'Iran a été secoué par des manifestations déclenchées par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, après avoir été arrêtée pour avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique pour les femmes.
La justice iranienne a confirmé la condamnation à mort de 18 personnes en lien avec les manifestations, selon un décompte établi par l'AFP à partir d'annonces officielles. Parmi eux, quatre ont déjà été exécutés, déclenchant un tollé international.
>> Lire à ce sujet : L'ONU accuse l'Iran de "meurtres d'Etat" contre des manifestants
ats/fgn
Londres annonce des sanctions
Le Royaume-Uni a annoncé samedi avoir placé sous sanctions le procureur général d'Iran Mohammad Jafar Montazeri pour souligner le "dégoût" de Londres après l'exécution pour espionnage de l'Irano-Britannique Alireza Akbari.
Le ministre britannique des Affaires étrangères James Cleverly n'a pas précisé la nature de ces sanctions. "Nous demandons au régime [iranien] de rendre des comptes pour ses effroyables violations des droits humains", a-t-il ajouté.