En marge de la manifestation, des centaines de militants anti-charbon ont cherché à pénétrer dans des zones interdites de la mine de lignite près de Lützerath, ont déploré les forces de l'ordre. "Les barrières de police ont été brisées. Aux personnes devant Lützerath: 'Sortez de cette zone immédiatement!'", a tweeté la police.
Un peu plus tôt, des journalistes de l'AFP avaient assisté à des échauffourées entre des groupes de manifestants et la police, visée par des tirs d'engins pyrotechniques. Des médias faisaient état de jets de pierres.
"Certaines personnes sont entrées dans la mine. Eloignez-vous immédiatement de la zone de danger!", a encore tweeté la police. Les forces de l'ordre protégeaient également l'accès au hameau de Lützerath, fermé par des grilles et occupé par plusieurs dizaines d'activistes en cours d'évacuation par les forces de l'ordre depuis plusieurs jours.
"Honteux"
C'est en soutien aux activistes que la manifestation avait été organisée et symboliquement menée par l'activiste suédoise Greta Thunberg. Le site de Lützerath, situé dans le bassin rhénan, entre Düsseldorf et Cologne, doit disparaître pour permettre l'extension de la mine de lignite exploitée par l'énergéticien allemand RWE.
"Il est honteux que le gouvernement allemand conclue des accords et des compromis avec des entreprises telles que RWE", a lancé Greta Thunberg en bonnet et blouson noir, depuis une tribune. "Le charbon de Lützerath doit rester dans le sol" a-t-elle lancé aux manifestants, appelant à ne pas sacrifier le climat "à la croissance à court terme et à l'avidité des entreprises".
Face à elle, la foule des manifestants formant une mer d'anoraks, K-way et parapluies bariolés tendait des pancartes affichant "Stop au charbon", "Lützerath vit!". A l'intérieur du camp de l'ancien hameau de Lützerath, les forces de l'ordre poursuivaient samedi les travaux de démantèlement et d'évacuation, déjà très avancés.
>> Lire à ce sujet : La police allemande encercle un camp de militants opposés à une mine de lignite
Deux militants s'enterrent dans un tunnel
Deux militants se sont par ailleurs retranchés dans un tunnel sous terre, prêts à "s'enchaîner dans des blocs de béton pour retarder l'évacuation", d'après un communiqué du mouvement. "Notre tunnel est sûr, seule une action policière négligente peut nous mettre en danger ici", a témoigné l'une des activistes présentes à l'intérieur.
L'opération d'évacuation a mobilisé des renforts de police venus de toute l'Allemagne. Des poursuites pénales ont été engagées contre certains militants pour avoir résisté aux forces de l'ordre et endommagé des biens.
afp/vic
Les Verts accusés de trahison
Diverses opérations de désobéissance civile en soutien au mouvement ont été rapportées dans toute l'Allemagne au cours des derniers jours. Vendredi à Berlin, des activistes encagoulés ont mis le feu à des poubelles et peint des slogans sur la façade de bureaux des Verts.
Le parti politique fait partie de la coalition du gouvernement du social-démocrate Olaf Scholz, accusé par les militants de les avoir trahis en signant un compromis avec RWE, permettant la destruction de Lützerath, dont les habitants ont été expropriés il y a plusieurs années.
>> Lire aussi : Un petit hameau symbole de la lutte contre l'extraction du charbon en Allemagne
Le gouvernement juge nécessaire l'extension de la mine pour la sécurité énergétique de l'Allemagne, qui doit compenser l'interruption des livraisons de gaz russe, un motif impérieux que contestent les opposants selon lesquels les réserves de lignite sont suffisantes.
Dizaines de blessés des deux côtés
Quelque 70 policiers ont été blessés samedi dans des affrontements avec les milliers de manifestants s'opposant à l'extension de la mine de charbon.
De son côté, le collectif Lützerath lebt! a fait état samedi de dizaines de blessés dans les rangs des militants, dont certains graves, notamment à cause de morsures de chien et des canons à eau.
Selon la police, des poursuites judiciaires ont été lancées contre environ 150 personnes. La situation sur le terrain est redevenue "très calme" dimanche, ajoute-t-elle.