Près de 70 morts dans le crash d'un avion dans une région touristique du Népal

Parti depuis la capitale Katmandou, l'avion, un ATR 72, s'est écrasé dimanche en fin de matinée (6h15 en Suisse) peu avant son arrivée à Pokhara, la deuxième ville du pays. Il transportait 68 passagers, dont 15 étrangers (parmi lesquels un Français et un Irlandais) et 4 membres d'équipage.

Une vidéo diffusée sur les médias sociaux, pas encore authentifiée, montre l'appareil volant de manière incontrôlée à basse altitude. Une autre montre des dizaines de personnes massées tout autour d'un immense brasier dégageant un épais nuage de fumée noire et opaque, au fond d'un ravin profond dont la végétation était déjà réduite en cendres.

Les sauveteurs arrivés sur les lieux ont arrosé à l'aide de tuyaux les morceaux du bimoteur en feu. Les secours se sont "concentrés d'abord sur l'extinction du feu et sur le sauvetage des passagers", a précisé un responsable local. Il s'agit de la catastrophe aérienne la plus meurtrière en trois décennies au Népal.

Le Népal observe lundi une journée de deuil national au lendemain de la catastrophe aérienne. Les recherches devaient reprendre dans la carcasse de l'avion accidenté.

Capitale touristique du Népal

La ville de Pokhara, considérée comme la capitale touristique du Népal, est à la base de plusieurs montagnes célèbres de l'Himalaya. Elle est souvent le point d'arrivée des touristes qui se lancent dans le tour des Annapurna, un grand classique du trekking. C'est aussi une porte d'entrée pour les pèlerins religieux.

L'appareil, un ATR 72 construit par l'entreprise "Avions de transport régional", une filiale d'Airbus, était âgé de 15.5 ans. Auparavant entre les mains des compagnies indienne Kingfisher Airlines puis thaïlandaise Nok Air, il volait depuis 2019 pour la compagnie népalaise Yeti Airlines, qui exploite au total 6 avions de même type sur des lignes au Népal et en Inde. L'avion effectuait son troisième vol de la journée.

Selon le média spécialisé The Aviation Herald, l'appareil était en phase d'approche sur l'aéroport international de Pokhara, inauguré il y a tout juste 15 jours, quand il a décroché et percuté le sol entre l'ancien et le nouvel aéroport de Pokhara. Il est tombé dans un ravin et a pris feu.

L'ATR 72 est un turbopropulseur (appareil à hélices que font tourner des turbines à gaz) construit à plus de 1000 exemplaires. Avec le DHC-8/Q400 de Bombardier, c'est l'avion turbopropulseur le plus courant au monde. Equipage compris, il peut transporter jusqu'à 78 personnes. En Suisse, l'ancienne compagnie Darwin Airlines, devenue Etihad Regional, en exploitait 4.

Sur la liste noire de l'Union européenne

L'industrie aérienne népalaise a connu un véritable essor ces dernières années, transportant des marchandises et des personnes dans des régions difficiles d'accès, ainsi que des randonneurs venus faire du trekking et des alpinistes étrangers. Mais elle a souffert d'un manque de sécurité dû à une formation et une maintenance insuffisantes.

Pour cette raison, toutes les compagnies aériennes népalaises figurent sur la liste noire de l'Union européenne, qui leur interdit d'accéder à son espace aérien pour des raisons de sécurité.

Le pays himalayen possède également certaines des pistes les plus isolées et les plus délicates du monde, flanquées de pics enneigés. Leur l'approche est complexe même pour les pilotes chevronnés. En outre, la météo change rapidement dans les montagnes, créant des conditions de vol encore plus ardues.

Les exploitants d'avions affirment que le Népal ne dispose pas d'infrastructures permettant d'établir des prévisions météorologiques précises, en particulier dans les régions reculées au relief montagneux accidenté, où des accidents mortels ont eu lieu par le passé (lire encadré).

Vincent Cherpillod/nr avec afp