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Au Brésil, les espoirs déçus des partisans de l'ex-président Bolsonaro

Au Brésil, la population est plus divisée que jamais après l’assaut des institutions à Brasilia par les fervents partisans de Jair Bolsonaro
Au Brésil, la population est plus divisée que jamais après l’assaut des institutions à Brasilia par les fervents partisans de Jair Bolsonaro / 19h30 / 2 min. / le 15 janvier 2023
Une semaine après les attaques visant trois lieux de pouvoir clés à Brasilia, des partisans de l'ancien président d'extrême droite Jair Bolsonaro rencontrés à Rio par la RTS disent leur déception. Mais ils ne rendent pas les armes.

Si le calme est revenu dans la capitale Brasilia, la tension reste palpable au Brésil, où la population est plus divisée que jamais entre pro et anti-Bolsonaro.

Après les images choc et les actes, qualifiés de "terroristes" par le président Lula, un sondage est venu rappeler qu'un Brésilien sur cinq (18,4%) trouve justifié le saccage et l'invasion des lieux de pouvoir par des partisans de l'ancien président d'extrême droite Bolsonaro.

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Les chiffres, publiés mercredi par l'institut Atlas qui a interrogé un échantillon représentatif de 2200 personnes, ne doivent pas faire oublier que la majorité des sondés désapprouvent les attaques (75%). Il n'empêche que le président Lula, tout juste investi début janvier, devra composer avec ces bolsonaristes frustrés, dont certains regrettent ouvertement l'échec des manifestations du 8 janvier.

Des militants "en deuil"

"Bolsonaro va nous manquer. Nous, les patriotes, nous sommes en deuil. On a tout fait pour défendre notre drapeau, mais tout le monde a été évacué", regrette Alisson, un carrossier de 24 ans rencontré à Rio de Janeiro, à proximité d'une caserne militaire devant laquelle un campement de bolsonaristes a été démantelé.

Partout à travers le pays, des centaines de partisans de l'ancien président qui contestaient le résultat de l'élection présidentielle ont été évacués après la tentative d'invasion des lieux de pouvoir.

Invasion du Congrès national au Brésil par les supporters de Jair Bosonaro. [AFP - Joedson Alves / Anadolu Agency]
Invasion du Congrès national au Brésil par les supporters de Jair Bosonaro. [AFP - Joedson Alves / Anadolu Agency]

Le gouvernement de Lula a été ferme: les "fascistes" seront traqués, condamnés, passibles d'une peine pouvant aller jusqu'à 30 ans de prison pour "terrorisme", de même que tous ceux qui ont organisé et financé les émeutes et autour desquels l'étau s'est resserré. En quelques jours, plus d'un millier de fauteurs de troubles ont été incarcérés.

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Les forces de police et services de sécurité vont en outre être réorganisés et la sécurité du palais présidentielle à Brasilia expurgée des bolsonaristes.

Couleurs nationales

Après les évacuations, la plupart des militants d'extrême droite, à l'instar d'Amaral, sont rentrés chez eux. Professeur d'éducation physique, il continue à arborer fièrement les couleurs du drapeau national, devenues leur signe de reconnaissance.

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Partisan aujourd'hui déçu, il espérait un retour au pouvoir de Jair Bolsonaro. "On a voté pour un pitbull, mais en fait, ce n'était qu'un caniche. Il nous a déçus. On attendait quelqu'un avec de la poigne, qui assume ce qu'il dit et qui mette les militaires au pouvoir", avoue-t-il, amer.

A 34 ans, il a tout vécu devant sa télévision en espérant que l'action aille plus loin. "Il fallait bloquer le Congrès, se mettre devant les portes, empêcher d'entrer et sortir. Comme ça, ils auraient été obligés de nous écouter. En revanche, tout casser à l'intérieur, ça a desservi notre cause", estime-t-il, pointant du doigt "tous ces innocents mis en prison".

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Rupture politique

A peine investi, Lula a pris toute une série de mesures en rupture avec la politique mise en place par son prédécesseur. Une des plus symboliques vise à limiter l'acquisition d'armes et de munitions.

"Aujourd'hui, notre liberté est compromise. Si quelqu'un a vraiment besoin d'une arme pour se défendre, il se retrouve dans l'illégalité. C'est le début d'un Etat totalitaire", déplore Marcelo, le propriétaire d'un stand de tir.

Après une période d'union sacrée où les pouvoirs politiques et judiciaires se sont rassemblés derrière lui, le président de gauche devra affronter cette base qui n'a pas voté pour lui et dont les éléments les plus extrêmes n'ont pas renoncé à l'abattre.

Reportage TV: Vincent Rimbaux et Harold Grenouilleau (Babel Press)
Adaptation web: jgal avec afp

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