Avec quelque 2,1 milliards de déplacements, la plus importante migration au monde est en cours depuis quelques semaines en Chine.
Dans la gare de Hongqiao, à l’ouest de Shanghai, une foule de voyageurs se presse. Ils sont des centaines de milliers à se bousculer chaque jour dans cette ruche, un important nœud ferroviaire chinois. Des files de visages anxieux s'étendent devant les guichets, a observé le correspondant de la RTS sur place.
"Je ne suis pas serein"
Après une longue attente, Madame Xu rejoint son mari, triomphante. "On vient de réussir à avoir un siège et une couchette! On sera séparés, mais on est contents. Il n’y avait plus de billets en ligne, alors on a tenté notre chance à la gare", s'exclame-t-elle au micro de La Matinale vendredi.
"Bon, avec le Covid, ça reste une période particulière. Si vous me demandez comment je me sens, ça ne va pas fort. Pour être honnête, je ne suis pas serein. Mais on n’a pas le choix", tempère son mari.
Le couple n'est pas rentré dans son Sichuan d'origine depuis plus de deux ans. Ils veulent notamment revoir les aînés de la famille. "On a hésité, on est quand même inquiets. Avec la pandémie, on craint de causer des ennuis à la famille. Mais comme la plupart ont de toute façon été infectés, on s’est dit qu'on pouvait", se rassure Madame Xu.
Une seule vague, plus importante et plus sévère
Selon les autorités locales, le pic des infections aurait déjà été atteint dans plusieurs provinces reculées. Dans le Henan, le Gansu ou le Yunnan, les nouveaux cas seraient même à la baisse. Le virus semble s’être propagé beaucoup plus rapidement que prévu à travers le pays, une évolution qui ne rassure pas les chercheurs de l’institut Airfinity: "Notre modèle initial prévoyait deux vagues successives. Nous avons revu nos prévisions, qui pointent à présent vers une seule vague, plus importante et plus sévère", écrit l’organisation sur son site internet.
"Cette concentration va accroître la pression sur les hôpitaux et les crématoriums et pourrait déboucher sur un taux de mortalité plus élevé". Le pic des décès, lui, devrait être atteint jeudi prochain.
Le nombre total de morts serait de plus de 640'000 depuis début décembre, loin des 60'000 officiellement reconnus par les autorités.
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Xi Jinping "inquiet"
Le président Xi Jinping a fait part de son inquiétude au sujet de la situation épidémique dans les campagnes, priant le personnel médical de se tenir prêt en cas de deuxième vague.
Assis dans le hall des départs de la gare de Hongqiao, un autre voyageur, Monsieur Zhao, pointe vers ses deux valises. "Ils ne peuvent pas acheter de médicaments [ndlr: les habitants des régions reculées]. Les pharmacies et dispensaires n’en donnent pas: c’est contrôlé. Alors avant de partir, j’en ai pris de chez moi. Pour nous, ce n’est pas grand-chose", explique-t-il, avant d'ajouter: "Les faibles meurent. Beaucoup sont morts. Les jeunes, ça va… Mais pour les aînés, c’est dangereux… Au fond, on n’y peut rien".
Une résignation partagée par de nombreux Chinois, qui préfèrent regarder désormais vers l’avenir. Après avoir vécu près de trois ans sous le régime liberticide du "zéro Covid", nombreux sont ceux qui se réjouissent de retrouver une vie normale. A la veille de l’année du lapin, ces retrouvailles en famille symbolisent, pour beaucoup, un nouveau départ.
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Sujet radio: Michael Peuker
Adaptation web: Vincent Cherpillod