Ce musée, une ancienne caserne reconvertie, est presque un lieu confidentiel. On y retrouve les statues qui ont occupé l'espace public berlinois avant d’en être évincées.
Elles font désormais partie d'une exposition qui raconte les périodes les plus sombres de l’histoire allemande.
Le cheval en bronze d'Adolf Hitler
Depuis une semaine, le musée accueille également l’un des deux chevaux de bronze qui se trouvaient devant l’entrée de la Chancellerie d’Adolf Hitler à Berlin. Un collectionneur se l’était approprié, avant que l’Etat ne le récupère. Depuis quelques jours, il est exposé au grand public, une première depuis la Seconde Guerre mondiale.
Urte Evert, directrice du musée "Citadelle de Spandau", raconte samedi dans le 19h30 que les impacts de balle qui se trouvent sur le cheval "proviennent peut-être des combats qui ont eu lieu lors de la libération de Berlin, ou alors ce sont des soldats soviétiques qui ont tiré dessus lorsqu’ils l’ont trouvé".
"En tout cas, ce qui est certain, c’est que ce cheval a une très forte portée symbolique, il nous en dit beaucoup sur l’histoire allemande", explique encore la directrice.
Sculptures prussiennes, nazies et communistes
Ce musée berlinois - unique en son genre - abrite les rois de Prusse, symboles de l’empire révolu, mais aussi un décathlonien d’Arno Breker, le sculpteur fétiche du Troisième Reich, ou encore la tête de Lénine, tombée de son piédestal au lendemain de la chute du Mur.
Le tout est à portée de main des visiteurs: "Ce sont des statues qu’on ne veut plus forcément voir dans l’espace public, mais en les redécouvrant, on réalise tout ce qu'il s’est passé en Allemagne et quel genre de personnages ont été vénérés", relève un curieux.
"Chacun peut se faire sa propre idée et si nous décidons de ne plus leur donner d’espaces, c’est bien d’avoir un lieu comme celui-ci, car cela doit rester visible d’une manière ou d’une autre", défend un autre visiteur.
Au ban de l'espace public
Une centaine de sculptures mises au ban de l’espace public sont exposées: pour la directrice, les montrer, c’est aussi une manière de les désacraliser.
"Ces statues ont été construites pour impressionner, pour qu’on soit obligés de lever les yeux vers elles, pour qu’on se sente tout petit et que cela provoque un sentiment d’admiration, explique Urte Evert. En les replaçant à hauteur d’yeux et en permettant également aux visiteurs de les toucher, ça leur enlève une partie de cette aura."
Le musée doit accueillir prochainement des statues coloniales, un autre vestige inconfortable de l’histoire allemande.
Sujet TV: Anne Mailliet
Adaptation web: Julien Furrer