"La fermeture du réseau de sentiers incas et de la citadelle du Machu Picchu a été ordonnée en raison de la situation sociale et pour préserver l'intégrité des visiteurs", a indiqué le ministère de la Culture dans un communiqué.
Le chemin de fer, seul moyen de se rendre sur le site en dehors de la marche, est coupé depuis plusieurs jours, la voie ayant été endommagée par des manifestants. Selon la compagnie qui l'exploite, des rails ont été retirés par les protestataires.
400 touristes bloqués
Au moins 400 touristes, dont 300 étrangers, sont bloqués au pied du site, à Aguas Calientes. "Nous ne savons pas si un train viendra nous chercher. Tous les touristes ici font la queue pour s'inscrire" en vue d'une évacuation, a regretté un touriste chilien. D'autres ont choisi de descendre la vallée à pied, mais il faut marcher durant six heures jusqu'à la prochaine localité.
En décembre, des touristes avaient également été bloqués sur le site avant d'être évacués par un train spécial, encadré par les forces de l'ordre et des équipes de cheminots, pour réparer la voie.
46 morts
Les manifestations pour demander la démission de la présidente Dina Boluarte, la dissolution du Parlement et des élections anticipées se succèdent depuis décembre. Elles ont commencé après la destitution et l'arrestation du président de gauche Pedro Castillo, accusé d'avoir tenté un coup d'Etat en voulant dissoudre le Parlement qui s'apprêtait à le chasser du pouvoir.
Ce leader de gauche avait été accusé d'avoir tenté de faire un coup d'Etat en voulant dissoudre le Congrès, contrôlé par la droite, qui était sur le point de le destituer pour corruption présumée. Il a été remplacé par Dina Boluarte, sa vice-présidente et membre du même parti que lui.
La violente répression contre les protestataires a déjà fait 46 morts, 45 civils et un policier, depuis le 7 décembre. Samedi encore, un homme est mort à la suite d'affrontements avec les forces de l'ordre lors d'une manifestation à Ilave, dans le sud du pays.
Le gouvernement a instauré l'état d'urgence pour 30 jours dans les principales villes du pays, dont Lima, Cusco, Callao et Puno, afin de limiter les manifestations, autorisant les militaires à intervenir aux côtés de la police pour rétablir l'ordre public.
Glissement vers un régime problématique
Interrogée dans Forum, Valérie Robin Azevedo, professeure d'anthropologie sociale à l'Université de Paris et spécialiste du Pérou, relève que ce pays "glisse vers un régime civico-militaire de type autoritaire, qui a des allures démocratiques mais qui est très problématique".
Cette spécialiste dénonce en outre le rôle et le fonctionnement du Congrès, qui est à ses yeux de type mafieux aujourd'hui. Et Dina Boluarte s'est alliée à ces forces conservatrices, ce que dénoncent les manifestants.
boi avec afp