Depuis 2020, les condamnations se multiplient à Hong Kong et les critiques à l'encontre du pouvoir peuvent entraîner des poursuites pénales. Ainsi, des militants risquent jusqu'à dix ans d'emprisonnement pour avoir organisé des primaires en 2020.
Lundi s'est d'ailleurs ouvert à Hong Kong un procès fleuve de quatre mois pour une cinquantaine de figures prodémocratie accusées d'avoir voulu renverser l'exécutif. Ce procès, le plus important à ce jour en vertu de la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin en 2020, vise à briser toute dissidence.
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"On se sent comme assommés"
"Ces temps-ci, on se sent comme assommés, parce que jour après jour, des personnes sont condamnées de deux à cinq ans d'emprisonnement. Je ne reconnais plus Hong Kong aujourd'hui", a déclaré lundi dans le 19h30 Tsang "Bull" Kin-shing. Alors que la contestation a tendance à s'éteindre, lui veut continuer à s'exprimer.
"Je crois qu'il est toujours nécessaire d'exprimer des opinions différentes de celles du gouvernement, même si nous sommes plus limités qu'avant. Mais je ne sais pas combien de temps on peut encore tenir", confie encore le militant.
Les partis pro-démocratie ont pour la plupart été dissous. Les opposants sont en exil ou en prison. C'est le cas de la plupart des membres de la Ligue des sociaux-démocrates.
Ceux qui restent subissent la pression des autorités, comme sa présidente, Chan Po-ying. "Si on installe un stand dans la rue, la police nous surveille toute la journée, et elle nous filme. Ces vidéos peuvent ensuite être utilisées comme preuves contre nous."
La presse également
Tout comme les activistes, les journalistes hong-kongais subissent de plein fouet la reprise en main de la ville par Pékin. Autrefois un bastion de la liberté de la presse, les médias indépendants ont dû fermer les uns après les autres.
Mais cinq anciens reporters ont fondé la librairie "Have a nice stay", consacrée au journalisme. Les archives y sont précieusement conservées, comme le dernier numéro en 2021 du plus célèbre journal pro-démocratie, Apple Daily. Ses directeurs et ses rédacteurs en chef risquent aujourd'hui la prison à vie.
"En tant qu'anciens journalistes, nous savons que nos confrères ne voulaient pas faire quoi que ce soit d'illégal. Mais ils ont été arrêtés parce qu'ils faisaient du journalisme", explique Sum Wan-wah, co-fondateur de la librairie.
En vingt ans, Hong Kong est passée de la 18e à la 148e place au classement de la liberté de la presse de Reporters sans frontières.
Reportage TV: Lou Kisiela
Adaptation web: lan