"Nous faisons ce qui est nécessaire et possible pour soutenir l'Ukraine, mais nous empêchons en même temps une escalade du conflit vers une guerre entre la Russie et l'Otan", a déclaré Olaf Scholz devant le Bundestag, la chambre basse du Parlement.
Le gouvernement allemand avait décidé plus tôt en conseil des ministres à la fois d'envoyer 14 tanks Leopard 2 de type 2A6 issus des stocks de son armée, la Bundeswehr, et d'autoriser ses alliés occidentaux disposant de ces blindés de fabrication allemande à faire de même.
>> Le suivi de la guerre en Ukraine : L'armée ukrainienne admet avoir cédé la ville de Soledar aux forces russes
Une décision "dangereuse" pour Moscou
"C'est une décision extrêmement dangereuse qui va amener le conflit vers un nouveau niveau de confrontation", a prévenu l'ambassadeur de Russie à Berlin Sergueï Netchaev.
"Cela nous persuade une fois encore que l'Allemagne, à l'instar de ses alliés les plus proches, ne veut pas d'une solution diplomatique à la crise ukrainienne et qu'elle veut une escalade permanente", a-t-il encore dit.
"Premier pas"
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est déclaré "sincèrement reconnaissant" pour le feu vert donné par Berlin après avoir discuté au téléphone avec le chancelier allemand. Pour Andriï Iermak, le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, il ne s'agit toutefois que d'un "premier pas". "Nous avons besoin de beaucoup de Leopard", a-t-il souligné.
La décision allemande est le résultat "de consultations intensives avec nos alliés et nos partenaires internationaux", a expliqué Olaf Scholz. "Cela aurait été une erreur, une lourde, une grave erreur d'avoir avancé seul sur cette question", a insisté le chancelier social-démocrate, qui a été ces dernières semaines pressé de toutes parts, y compris au sein de sa coalition avec les écologistes et les libéraux, de donner sans attendre son aval.
Premiers chars en Ukraine dans 3 mois
Concrètement, l'objectif de Berlin "consiste à rassembler aussi vite que possible deux compagnies de Leopard 2" et à prendre en charge la formation des soldats ukrainiens à l'utilisation de ces blindés "rapidement" sur le territoire allemand.
Le ministre de la Défense Boris Pistorius a estimé que les premiers chars en provenance d'Allemagne pourraient être en Ukraine dans les trois mois.
Des chars d'autres pays
Selon plusieurs médias, la coalition de pays prêts à fournir des Leopard comprend aussi le Danemark, les Pays-Bas, en plus de la Pologne et de la Finlande qui l'avaient déjà annoncé publiquement, cette dernière ayant redit mercredi qu'elle s'"impliquerait", sans toutefois préciser si elle enverrait à Kiev ses propres chars ou formerait des militaires ukrainiens.
L'Espagne a confirmé mercredi être "disposée" elle aussi à faire partie de ce groupe. Mais seule la Pologne a jusqu'ici déposé une demande officielle auprès de Berlin, a souligné le porte-parole du gouvernement allemand Steffen Hebestreit.
Une décision saluée
Les Leopard vont "renforcer la capacité défensive" de l'Ukraine, s'est réjoui Londres après la décision. Paris et Varsovie ont également salué le geste de l'Allemagne.
"A un moment critique de la guerre livrée par la Russie, ils peuvent aider l'Ukraine à se défendre, à vaincre et à l'emporter en tant que nation indépendante", a jugé pour sa part le chef de l'Otan Jens Stoltenberg.
agences/gma
Dans les pas de l'Allemagne, Washington va livrer 31 chars à l'Ukraine
Le président américain Joe Biden a annoncé mercredi que les Etats-Unis enverraient 31 chars Abrams en Ukraine et que la formation des soldats ukrainiens débuterait dès que possible.
Joe Biden a précisé que cette décision ne représentait pas une "menace offensive" vis-à-vis de la Russie.
Ces livraisons et l'aide militaire s'inscrivent dans le cadre "de l'engagement de pays à travers le monde, menés par les Etats-Unis, à aider l'Ukraine à défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale", a-t-il déclaré lors d'une brève allocution.
Cette annonce intervient dans la foulée du feu vert allemand à l'envoi de chars Leopard à Kiev.
Jusqu'à récemment, les Etats-Unis disaient ne pas être prêts à fournir leurs chars lourds les plus avancés, les Abrams, à l'Ukraine pour combattre l'invasion russe, justifiant ce refus par des questions de maintenance et de formation.
Une arme de renommée mondiale
Le char lourd Leopard 2 est une arme de renommée mondiale, susceptible d'avoir un impact "significatif" sur le champ de bataille, selon les experts.
Conçu par le fabricant allemand Krauss-Maffei et construit en série à partir de la fin des années 1970 pour remplacer les chars américains M48 Patton puis le char Leopard 1, le Leopard 2 combine puissance de feu, mobilité et protection.
Ce char de combat d'une soixantaine de tonnes, dont environ 3500 exemplaires sont sortis des chaînes de production, est doté d'un canon lisse de calibre 120 mm permettant de combattre l'ennemi tout en se déplaçant, grâce à ses 1500 chevaux, jusqu'à 70 km/h, avec une autonomie de 450 km.
Il est en outre doté, selon le fabricant, d'une "protection passive intégrale" efficace contre les mines et lance-roquettes. Son équipage de quatre personnes bénéficie en outre d'outils technologiques permettant de localiser et cibler l'ennemi à longue distance.