Ioulia Timochenko: "Il n'y a pas d'autre fin possible à la guerre que la victoire de l'Ukraine"
Ioulia Timochenko, députée ukrainienne, a connu une aura internationale en 2004 lors de sa participation à la Révolution Orange en Ukraine, qui revendiquait un éloignement vis-à-vis de Moscou. Ce mouvement de protestation l'a hissée au poste de Première ministre du pays, une première pour une femme, sous le dirigeant pro-occidental Viktor Yushchenko. Dès lors, les relations entre Kiev et Moscou se distendent.
En 2011, Ioulia Timochenko est emprisonnée, accusée d'abus de pouvoir et de détournement de fonds. Le Parlement ukrainien votera finalement sa libération en 2014 après de violentes manifestations contre le président pro-russe de l'époque, qui a pris la fuite. Elle sera ensuite candidate à la présidentielle à trois reprises, notamment en 2019 face au président ukrainien actuel Volodymyr Zelensky.
Cette figure de la politique ukrainienne, témoin au fil des années des tensions entre la Russie et l'Occident, était l'invitée du 19h30 mercredi. Elle s'est notamment livrée sur l'invasion russe en Ukraine et l'impossibilité de compromis avec le gouvernement de Vladimir Poutine.
Des sanctions pénales
Ioulia Timochenko estime que le danger d'une troisième guerre mondiale est proche. Celui-ci pourrait être bien réel si des sanctions, notamment au niveau pénal, ne sont pas appliquées à la Russie. "Si nous pouvons arrêter l'agresseur et la guerre, cela prouvera que l'humanité est capable de défendre son droit à la vie, son peuple et ses Etats", a-t-elle déclaré.
Seule une défaite des Russes mettra fin à ce risque, affirme l'ex-Première ministre ukrainienne, pour qui "il n'y a pas d'autre fin possible à la guerre que la victoire de l'Ukraine".
Et d'ajouter que les personnes responsables de l'invasion russe de son pays doivent être punies selon le droit international pénal, afin de pouvoir "arrêter les guerres futures".
Pas de compromis possible
Quant aux possibilités de négociations avec Moscou pour mettre fin à la guerre, Ioulia Timochenko se montre peu optimiste. "Les propositions de la Russie se résument au désarmement unilatéral, à la non adhésion de l'Ukraine à l'Otan, à la cession des territoires occupés par les Russes et à la destruction de notre identité nationale économique", a souligné la députée ukrainienne.
"Ce ne sont pas des propositions de paix. Ils veulent prendre ce qu'ils ont déjà envahi par la force. Nous ne pouvons pas accepter ces ultimatums", a-t-elle appuyé, ajoutant qu'il n'était pas acceptable d'occuper les territoires de peuples libres.
Ioulia Timochenko a également rappelé que le président russe Vladimir Poutine a déjà déclaré à plusieurs reprises, y compris avant la guerre, qu'il n'acceptait pas l'Ukraine comme Etat souverain. "Il ne peut donc pas y avoir de compromis", a conclu l'ancienne Première ministre, qui a accusé le dirigeant russe de vouloir changer l'ordre mondial actuel et détrôner l'Occident en tant que leader.
Le soutien international salué
La députée ukrainienne est en outre revenue sur la décision de l'Allemagne mercredi d'envoyer 14 chars lourds Leopard 2 à l'Ukraine et d'autoriser ses alliés occidentaux disposant de ces blindés de fabrication allemande à faire de même.
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Pour Ioulia Timochenko, ces armes doivent servir à une contre-attaque ukrainienne "pour récupérer nos territoires, y compris le Donbass et la Crimée, et mettre fin à cette guerre".
L'ex-Première ministre s'est par ailleurs réjouie du soutien international à l'Ukraine. "Les masques sont désormais tombés. Plus personne ne croit en Poutine", a-t-elle lancé.
Propos recueillis par Philippe Revaz/iar