Fustigeant le "déclinisme" dans un Royaume-Uni au bord de la récession, Jeremy Hunt a exposé une stratégie de long terme focalisée sur les énergies vertes, les biotechnologies, les infrastructures, le numérique ou encore les industries créatives.
Balayant les appels aux baisses d'impôts venus de son propre camp conservateur, le Chancelier de l'Echiquier a affirmé que dans un contexte d'envolée des prix et de crise du coût de la vie, la "meilleure baisse d'impôts est une baisse d'inflation".
L'inflation atteignait 10,5% le mois dernier au Royaume-Uni, proche de sommets en plusieurs décennies, mais a commencé depuis deux mois une légère décrue.
En septembre et octobre, l'éphémère gouvernement de Liz Truss avait publié un budget de coupes d'impôts massives et d'aides colossales à l'énergie, qui avait secoué les marchés et forcé la Banque d'Angleterre à intervenir. Ce mal-nommé "mini-budget" avait provoqué une envolée des coûts d'emprunt pour le gouvernement comme pour les entreprises ou les particuliers.
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Une récession annoncée
A plus long terme, Jeremy Hunt promet toutefois que son ambition est de doter le Royaume-Uni "du régime fiscal le plus compétitif parmi les principaux pays".
Dans son discours vendredi, le ministre a assuré que depuis 2010 l'activité économique britannique a crû plus rapidement que celle de l'Italie, la France ou le Japon, et que "depuis le référendum du Brexit, notre croissance est environ la même que celle de l'Allemagne".
Jeremy Hunt avait dit en présentant son dernier budget mi-novembre, sur la base de prévisions de l'organisme public OBR, que le pays était déjà entré en récession.
Le PIB britannique a fait un peu mieux que prévu en novembre, affichant une légère progression pour le deuxième mois consécutif, mais selon les statistiques officielles, il s'est contracté de 0,3% sur les trois mois achevés fin novembre par rapport aux trois précédents. En novembre, l'OCDE prévoyait que le Royaume-Uni connaîtrait la pire performance des pays riches du G7 lors des deux prochaines années.
Appel à une "attitude plus positive"
Vendredi, le Chancelier de l'Echiquier a admis que le Royaume-Uni n'a "pas retrouvé ses niveaux d'emploi ou de production d'avant la pandémie" et a appelé à une "attitude plus positive face au risque". "Nous devons faire du Brexit un catalyseur pour des choix audacieux", a-t-il affirmé.
Le gouvernement compte sur une réforme de la directive européenne Solvency II, qui régit les assurances et doit entrer en vigueur d'ici quelques mois, pour attirer "100 milliards de livres d'investissements supplémentaires pour les actifs britanniques les plus productifs de cette décennie, comme les énergies propres ou les infrastructures".
Interrogé lors d'une brève conférence de presse sur l'impact négatif du Brexit sur la disponibilité des travailleurs ou le surcroît de paperasseries, Jeremy Hunt a répondu que la sortie britannique de l'UE représente "un gros changement dans nos relations économiques avec nos voisins les plus proches (...) et bien sûr, il y a des perturbations à court terme".
Enfin, le Chancelier appelle par ailleurs ceux qui ont quitté le marché du travail pendant la pandémie à reprendre un emploi, pour réduire une importante pénurie de travailleurs causée en partie par les complications administratives du Brexit, mais aussi par des maladies de longue durée. Ce discours intervient après une série de critiques des milieux d'affaires.
afp/iar
Les inscriptions d'étudiants européens divisées par deux après le Brexit
Le nombre d'inscriptions d'étudiants européens dans des universités britanniques a diminué de plus de moitié après le Brexit, qui s'est traduit par une explosion des frais de scolarité, selon les données de l'Agence des statistiques de l'enseignement supérieur (HESA) britannique.
Depuis 2017, année suivant le référendum du Brexit, "il y a eu une baisse notable dans les inscriptions en première année venues des 10 premiers pays de l'UE", indique la HESA dans son étude publiée la semaine dernière et relayée vendredi par le journal The Guardian.
Selon les chiffres rassemblés, 66'680 étudiants de l'UE s'étaient inscrits en première année de licence ou de master et doctorat à la rentrée 2020. Ils n'étaient que 31'000 en 2021/2022, première année scolaire complète depuis la fin de la période de transition post-Brexit.
Avant 2021, les étudiants de l'UE payaient les mêmes frais d'inscription que leurs camarades britanniques, au maximum 9250 livres (environ 10570 francs) par an. Depuis la rentrée 2021, il leur faut débourser bien plus, jusqu'à 38'000 livres (environ 43'425 francs) l'année, en fonction des universités et des régions, selon le Guardian.