Les hauts responsables militaires "expriment leurs sincères condoléances suite au décès du général Pervez Musharraf", selon un bref communiqué publié dimanche par le service de presse de l'armée. "Qu'Allah bénisse l'âme du défunt et donne de la force à la famille endeuillée".
Mort à Dubaï
Le général quatre étoiles est décédé dimanche matin à l'hôpital de Dubaï, ont indiqué les médias.
Le général Musharraf avait pris la tête du Pakistan en 1999 sur un coup d'Etat sans violence, après que le Premier ministre de l'époque, Nawaz Sharif, eut tenté de le démettre de ses fonctions de chef de l'armée.
Après l'invasion de l'Afghanistan par les Etats-Unis, dans la foulée des attentats du 11-Septembre 2001, il avait aligné son pays sur les positions de Washington.
Pervez Musharraf s'était alors présenté en rempart régional contre Al-Qaïda, dont les dirigeants, alliés des talibans, avaient trouvé refuge dans les zones tribales frontalières de l'Afghanistan. Il a réchappé à au moins trois tentatives d'assassinat d'Al-Qaïda.
Neuf années au pouvoir
Pendant ses neuf années au pouvoir, le Pakistan a vu sa croissance économique décoller, sa classe moyenne se développer, les médias se libéraliser et l'armée jouer la carte de l'apaisement face à l'Inde rivale.
Mais ses opposants n'ont eu cesse de dénoncer sa mainmise sur le pouvoir, le renvoi "illégal" de juges de la Cour suprême, l'imposition de l'état d'urgence et l'assaut sanglant contre des islamistes lourdement armés réfugiés dans la mosquée Rouge d'Islamabad à l'été 2007.
Cet ancien commando d'élite, né à Delhi le 11 août 1943, quatre ans avant la partition du Pakistan, était chef d'état-major des armées quand il a renversé en octobre 1999 le gouvernement civil de Nawaz Sharif, sans effusion de sang.
Pervez Musharraf s'est autoproclamé président en juin 2001, avant de remporter en avril 2002 un référendum controversé.
Peu d'opposition jusqu'en 2007
Le général Musharraf n'avait guère rencontré d'opposition jusqu'à ce qu'il tente de démettre le président de la Cour suprême en mars 2007, déclenchant des manifestations dans tout le pays et des mois de troubles qui avaient débouché sur l'imposition de l'état d'urgence.
Après l'assassinat de la cheffe de l'opposition, Benazir Bhutto, en décembre 2007, il avait connu une déroute aux élections l'année suivante et s'était retrouvé isolé.
Au sommet de son impopularité, soumis à la pression de la justice et de la coalition victorieuse dans les urnes, prête à lancer une procédure de destitution à son encontre, il avait été contraint à la démission en août 2008.
Nostalgique, il avait encore plusieurs fois annoncé son retour, avant de se raviser par crainte d'être incarcéré à son arrivée.
Condamné à la peine de mort en 2019
En août 2017, la justice pakistanaise l'a déclaré "fugitif" dans le procès du meurtre de Benazir Bhutto, la première femme de l'ère moderne à avoir dirigé un pays musulman. Il est soupçonné d'avoir pris part à une vaste conspiration afin de tuer sa rivale avant des élections, ce qu'il a toujours nié.
>> Lire aussi : L'ex-président pakistanais Musharraf condamné à mort pour haute trahison
En décembre 2019, un tribunal spécial avait condamné Pervez Musharraf à la peine de mort par contumace pour "haute trahison", pour avoir instauré l'état d'urgence en 2007. Mais sa condamnation avait été annulée peu après.
fgn avec les agences