Plusieurs voix s'élèvent pour demander à long terme une réponse mieux coordonnée. Vendredi, sur les ondes de la SRF, Yvonne Gilli, présidente de la Fédération des médecins suisses, a déclaré: "Face à un problème international, la solution doit aussi être internationale". La présidente remet en cause notre forte dépendance à l'Asie, puisque la majorité des principes actifs y sont produits à moindre coût.
Un constat partagé, lundi dans La Matinale, par la pharmacienne cantonale genevoise Nathalie Vernaz. Cependant, elle souhaite que la Suisse travaille aussi à son niveau: "Il existe une liste de médicaments pour lesquels on a une obligation de réserve, on pourrait l'élargir et augmenter les quantités. (...) Aujourd'hui, cette liste ne sert qu'aux médicaments considérés comme étant essentiels."
Pour elle, ces réserves répondent aux besoins des patients en phase de traitements aigus, alors qu'ils devraient aussi permettre de résoudre la rupture de stock de remèdes classiques, comme c'est le cas actuellement pour le parcétamol ou l'ibuprofène.
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Rapatrier la production en Europe
L'une des solutions serait de rapatrier la production de ces produits en Europe. Selon Thomas Cueni, directeur de la Fédération internationale de l'industrie du médicament, les entreprises seraient prêtes à le faire, certaines anticipent déjà: "En Autriche, Sandoz, qui est la seule grande productrice de pénicilline en Europe, a recruté davantage de personnel."
En France, des discussions sont menées au sujet d'un rapatriement de certains produits hors brevet, "J'ai l'impression que les pharmas sont prêtes à discuter sur ce qu'il faut faire, sur l'encadrement pour permettre d'avoir un approvisionnement stable à long terme", affirme Thomas Cueni.
Responsabilité éthique
Philippe Eggimann, vice-président de la FMH, la Fédération des médecins suisses, estime quant à lui que la Confédération devrait mettre la pression sur les entreprises pharmaceutiques: "La pharma bénéficie d'une situation privilégiée en Suisse, mais cela lui confère une responsabilité éthique."
Selon Philippe Eggiman, ces entreprises devraient garantir des stocks de base essentiels au maintien de la santé publique et si aucune solution n'est trouvée par convention, alors il faudrait passer par la voie de la contrainte en renforçant les directives existantes.
Sujet radio: Romain Bardet
Adapatation web: Miroslav Mares