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Le service de santé britannique face à la grève la plus importante de son histoire

Des manifestants se sont rassemblés près de Downing Street à Londres le 30 janvier pour protester contre la proposition législative du gouvernement qui vise à garantir un service minimum dans le secteur public en cas de grève. [KEYSTONE - EPA/ANDY RAIN]
Reportage à Londres où la santé publique subit une grève historique du personnel soignant et des urgentistes / Le 12h30 / 1 min. / le 6 février 2023
Le système de santé public britannique a connu lundi la plus importante journée de grève de son histoire. Infirmières et ambulanciers ont débrayé de concert pour réclamer des augmentations de salaires.

Comme l'avaient fait la semaine dernière les enseignants, cheminots et gardes-frontières lors d'une journée de mobilisation sociale sans équivalent depuis une décennie au Royaume-Uni, le personnel du NHS, le service de santé public et gratuit, a rejoint les piquets de grève tôt lundi.

"Sous-effectif. Sous-évalué. Sous-payé", dénonçait une pancarte brandie par deux infirmières de l'hôpital Saint-Thomas à Londres. "Les patients sont malades, nous sommes fatigués", lisait-on sur une autre.

Le déclin du NHS

Opérations repoussées, urgences totalement débordées, attentes de plusieurs heures pour les ambulances, le NHS, qui faisait il y a quelques années encore la fierté des Britanniques, traverse une profonde crise, affaibli par les politiques d'austérité en oeuvre depuis plus de 10 ans et les conséquences de la pandémie.

Depuis sa création en 1948, il n'avait jamais été confronté à une grève d'une telle ampleur, avec des dizaines de milliers d'infirmières et d'ambulanciers arrêtant de travailler pour la première fois le même jour.

Ils réclament une augmentation de salaire alors que le Royaume-Uni, où l'inflation dépasse les 10%, fait face à une grave crise du coût de la vie. Mais ils se heurtent à un gouvernement conservateur qui refuse toute négociation face à ce mouvement soutenu par l'opinion.

De nouvelles grèves prévues

Les infirmières seront à nouveau en grève mardi. Les kinésithérapeutes débrayeront jeudi. Et les ambulanciers seront de retour sur les piquets vendredi. Toute la semaine s'annonce donc difficile dans les hôpitaux.

"Ça va être un véritable défi", selon Saffron Cordery, la directrice adjointe de NHS Providers. Elle a engagé le gouvernement à s'asseoir autour de la table avec les syndicats pour trouver un accord sur les salaires pour 2022/23 puis pour l'an prochain.

"Le personnel du NHS a dû faire face à une hausse vertigineuse du coût de la vie et de l'inflation", a rapporté la directrice adjointe sur le plateau de télévision Sky News.

Selon leur syndicat, le Royal College of Nursing (RCN), le salaire du personnel infirmier a baissé de près de 20% en dix ans en termes réels en raison du gel des budgets imposé au NHS depuis la crise financière de 2008. Dans certains hôpitaux, des banques alimentaires ont été ouvertes pour le personnel.

Pour autant, le gouvernement de Rishi Sunak, qui a dit la semaine dernière ne pas avoir de "baguette magique", ne bouge pas.

afp/juma

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