Une masculinité positive présentée dans les écoles britanniques face au virilisme toxique
Le Britanno-Américain Andrew Tate a récemment défrayé la chronique en raison de sa dispute sur les réseaux sociaux avec la militante écologiste Greta Thunberg, puis son arrestation en Roumanie pour viol et proxénétisme.
Mais malgré sa chute, les thèses ultra-misogynes de l'influenceur de 36 ans, diffusées sur les réseaux sociaux, continuent d’endoctriner les jeunes garçons.
Car il existe bel et bien un "phénomène Andrew Tate" au Royaume-Uni, observe Mike, ancien prof d'anglais qui anime depuis un an des ateliers "Progressive Masculinity" dans des écoles primaires et secondaires britanniques.
Une alternative masculiniste constructive
"Quand j’ai commencé ces ateliers de 'masculinité progressiste', j'ai vu des enfants de neuf ans mentionner le nom d'Andrew Tate. Ça m'a choqué! Je n’avais pas prévu d’en parler avec eux, ce n’était pas dans mon programme. Mais c’est eux qui m’ont demandé, ils voulaient en parler. Et même dans cette tranche d’âge, beaucoup le voyaient sous une lumière positive", raconte-t-il.
>> Lire aussi sur ce sujet : Le sexisme perdure en France, y compris chez les moins de 35 ans
Ancien boxeur, Andrew Tate capitalise principalement sur l'insécurité masculine pour promouvoir son modèle de machisme extrême, à base de matraquage misogyne, de culte du luxe et du muscle. Et selon Mike Nicholson, si ses idées se propagent autant chez les jeunes, c’est parce qu'il n'existe pas de discours alternatif qui proposerait aux hommes un masculinisme positif.
"Nous sommes constamment en train de dire à ces jeunes ce qu'ils ne doivent pas être, mais nous ne leur montrons jamais à quoi ressemble un homme fort et aimant à la fois, un homme qui réussit mais qui est aussi altruiste", expose-t-il. "Le but de ces ateliers est justement de leur montrer des exemples et un modèle positif de masculinité. Et ils sont en général très réceptifs et prêts à se débarrasser de leurs stéréotypes."
Écouter sans juger
Par ailleurs, le but de ces ateliers n'est pas seulement d'informer les élèves, mais aussi de les écouter sans juger, sans rompre le dialogue. "Même si la réponse d'un élève nous dérange, nous préférons en parler ouvertement, car nous pouvons alors argumenter", souligne le pédagogue.
Mike Nicholson observe un besoin criant des élèves d’aborder sans tabou des questions comme la sexualité, la pornographie ou encore la santé mentale. D'autant plus depuis la pandémie, période durant laquelle beaucoup ont été livrés à eux-mêmes.
>> Lire aussi : Etre un homme en 2023: parole aux Romands
ci/jop