Les Etats-Unis sont "en meilleure position que n'importe quel pays dans le monde" pour relancer leur économie, malgré les effets de la guerre en Ukraine et du Covid-19, a assuré le président américain dès le début de son discours sur l'état de l'Union. Pour cette traditionnelle allocution de politique générale, Joe Biden a promis devant les parlementaires d'oeuvrer pour les "oubliés" de la croissance.
"Durant des décennies, la classe moyenne a été écrasée", a-t-il déploré. "Les emplois bien rémunérés partaient à l'étranger, les usines fermaient", a-t-il énuméré. "Je me suis présenté pour vraiment changer les choses, pour être certain que l'économie fonctionne pour tous afin que chacun puisse être fier de ce qu'il fait", a-t-il déclaré.
A la peine dans les sondages, Joe Biden a joué la carte du pragmatisme, faisant l'étalage - dans les détails les plus précis - de ses grands projets de loi censés ramener ces emplois en Amérique, améliorer la vie des seniors, supprimer les frais bancaires abusifs.
Joe Biden combatif
Visiblement à l'aise depuis le perchoir de la Chambre des représentants, un Joe Biden combatif s'est même payé le luxe d'ironiser sur les républicains, partisans d'une orthodoxie budgétaire, qui ont plus d'une fois hué son discours. "Laissez-moi vous dire, j'aime convertir les gens" à mes idées, s'est-il amusé.
Face aux parlementaires, le démocrate a aussi réclamé de pouvoir "finir le travail", en concrétisant les promesses qui l'ont porté à la Maison Blanche: guérir "l'âme" de l'Amérique et "unifier le pays". Quitte à faire des promesses irréalisables avec une majorité républicaine à la Chambre: l'interdiction des fusils d'assaut "pour de bon", une "taxe minimale" sur les milliardaires.
Liste d'invités éloquente
Sont présents dans l'hémicycle les parents de Tyre Nichols, jeune homme afro-américain mort après avoir été passé à tabac par des policiers à Memphis; un couple de lesbiennes; et une Texane qui a failli mourir des suites d'une fausse couche, les médecins ayant refusé de la traiter de peur de violer une loi limitant l'avortement.
Rare manifestation d'unité dans une Amérique extrêmement divisée, l'entrée de Joe Biden dans l'hémicycle a été, à quelques exceptions près, saluée par une standing ovation. Tout au long de son allocution, le dirigeant a tenté d'aborder des sujets susceptibles de mobiliser les Américains sur un ton résolument optimiste.
Il a ainsi assuré que la démocratie américaine, bien que "meurtrie", restait "préservée et inviolée." Le président a aussi vanté son rôle d'architecte de la riposte occidentale face à la Russie, invitant les parlementaires à ovationner l'ambassadrice ukrainienne présente dans la salle. Les Etats-Unis soutiendront l'Ukraine "aussi longtemps qu'il le faudra", a-t-il promis.
Vers un "match retour" face à Trump?
Mais le président américain était surtout attendu sur la Chine: l'affaire du ballon chinois abattu samedi après avoir survolé le territoire américain pendant plusieurs jours lui vaut des reproches de faiblesse à droite. L'Amérique "agira" si Pékin "menace sa souveraineté", a-t-il alerté.
Le gouvernement à Pékin a de son côté refusé samedi la proposition américaine d'un appel téléphonique entre le chef du Pentagone Lloyd Austin et son homologue Wei Fenghe, peu après que l'US Air Force eut abattu le ballon chinois.
"Notre engagement pour conserver des canaux de communication ouverts se poursuivra", a toutefois promis le général Pat Ryder, le porte-parole du Pentagone, après ce rejet confirmant la dégradation des relations entre les deux premières puissances mondiales.
>> Plus d'informations : Les Etats-Unis ont abattu le ballon "espion" chinois, colère de Pékin
Donald Trump en campagne
Sur cette grande allocution annuelle de politique générale plane déjà la perspective de la présidentielle de 2024. Selon certains sondages, la population américaine ne veut pas d'un match retour entre Joe Biden et Donald Trump en 2024. Pourtant, le milliardaire républicain est déjà entré en campagne et se présente en homme providentiel, seul capable de "sauver l'Amérique du déclin".
Il a notamment commenté mardi en direct le discours de Joe Biden sur son réseau social Truth Social. "Il a l'air très énervé, crie dans le micro, alors qu'il tente d'être conciliant", a-t-il moqué.
afp/br