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Robert Mardini: "C'est une course contre la montre pour éviter une crise dans la crise en Syrie"

L'invité de La Matinale (vidéo) - Robert Mardini, directeur général du Comité International de la Croix Rouge (CICR)
L'invité de La Matinale (vidéo) - Robert Mardini, directeur général du Comité International de la Croix Rouge (CICR) / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 12 min. / le 9 février 2023
Le bilan du séisme qui a frappé lundi la Turquie et la Syrie a franchi le seuil des 16'000 morts. Le directeur général du CICR Robert Mardini appelle à ne pas oublier la Syrie, dont les besoins humanitaires étaient déjà "massifs" avant le séisme. "Il faut séparer les considérations politiques de l'impératif humanitaire", dit-il sur les ondes de la RTS.

Les secours en Turquie et en Syrie poursuivaient jeudi leurs efforts dans un froid glacial pour rechercher des rescapés dans les décombres, les chances de survie s'amenuisant trois jours après le séisme de magnitude 7,8.

Il s'agit d'une tragédie de plus pour la Syrie qui vit depuis douze ans une guerre sans fin: les différents groupes rebelles et le gouvernement de Damas règnent sur des bouts de territoire qui sont très intriqués, ce qui rend l'aide des secours aléatoires.

>> Consulter aussi notre suivi, heure par heure, du séisme en Turquie et en Syrie : Crainte d'une crise sanitaire majeure après le séisme dont le bilan dépasse désormais les 16'000 morts

Oublier les "considérations politiques"

Mercredi, la Syrie a officiellement demandé l'aide de l'Union européenne. La Suisse a dit qu'elle n'enverra pas d'équipe de secouristes en Syrie. Et l'Allemagne a déclaré "ne pas vouloir coopérer avec le régime syrien (...) tant que surviennent chaque jour les pires atteintes aux droits humains".

"Il faut séparer les considérations politiques de l'impératif humanitaire, plaide le directeur général du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Robert Mardini, jeudi dans La Matinale de la RTS. La population syrienne a autant le droit de recevoir de l'aide humanitaire que la population turque. Il n'y a pas de différence dans la souffrance à la suite de ce séisme dévastateur. Toute la solidarité est nécessaire en Syrie."

Robert Mardini évoque une "course contre la montre" pour éviter une crise dans la crise en Syrie.

Des besoins humanitaires "massifs"

Le directeur du CICR rappelle les chiffres de la crise humanitaire en Syrie, et ce avant le séisme de lundi: 15 millions d'habitants dépendent de l'aide humanitaire, 7 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays à cause du conflit, seuls 50% des besoins en eau potable et en électricité sont actuellement produits, et une épidémie de choléra pourrait ressurgir.

Environ 500 employés du CICR étaient déjà mobilisés en Syrie. "Il s'agit de notre 3e plus grande opération dans le monde. C'est un indicateur des besoins humanitaires massifs qui existaient déjà avant le séisme", indique Robert Mardini. Il assure que le CICR parle avec toutes les parties, "seul moyen de traverser les lignes de front", et que l'aide distribuée par le CICR va réellement aux victimes sur le terrain.

Le passage de Bab al-Hawa, la "porte de l'air", entre la Turquie et le nord-ouest de la Syrie est aujourd'hui le dernier couloir humanitaire transfrontalier ouvert, permettant l'acheminement par les agences de l'ONU de l'aide vitale pour la survie de millions de Syriens. "Selon nos informations, ce passage a également été affecté par le séisme. Bab al-Hawa reste une artère principale pour l'aide humanitaire en Syrie. C'était déjà le cas avant le séisme, mais aujourd'hui, il a un rôle encore plus important."

Propos recueillis par David Berger/vajo

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Collecte lancée par la Chaîne du Bonheur

En Suisse, la Chaîne du Bonheur a ouvert un compte pour les victimes de cette catastrophe naturelle.

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