L'ayahuasca est une décoction de deux ou plusieurs plantes d'Amazonie, le plus souvent une liane grimpante - qui porte le nom d'ayahuasca - et les feuilles d'une plante vivace, et qui se boit sous la forme d’une tisane amère. La substance est traditionnellement utilisée à la fois socialement et comme médecine spirituelle cérémonielle ou chamanique chez les peuples autochtones du bassin amazonien, au Pérou et au Brésil, où son usage est légal.
Depuis quelques années, l'ayahuasca est parti à la conquête de l’Amérique du Nord. Un récent reportage de Religious News Service met en lumière cette pratique à la limite de la légalité. Son usage a depuis gagné également l'Europe, Suisse comprise (voir reportage plus bas).
Des célébrités américaines en font la promotion, à l’instar de l’acteur Will Smith. Les cercles dans lesquels ce psychotrope est consommé s’organisent en "églises", l’une des plus célèbres d’entre elles étant la Hummingbird Church de Hildale, dans l’Utah.
Cette tendance ne se fait pas sans problèmes avec les autorités. Aux Etats-Unis, la situation est assez contradictoire. D’un côté, la législation fédérale considère l’ayahuasca comme une drogue, en raison du N-diméthyltryptamine qu’il contient: les douanes opèrent ainsi des saisies d’ayahuasca aux frontières. Mais de l’autre côté, les autorités hésitent à diaboliser cette substance. Certaines villes ont réduit au minimum les sanctions encourues et certains Etats, comme le Colorado et l'Oregon, l’ont même légalisée.
Liberté de religion
Le geste le plus spectaculaire est toutefois venu de la Cour suprême. Au nom de la liberté de religion, elle a validé en 2006 l’usage de l'ayahuasca à but religieux. Cette jurisprudence explique, au moins en partie, pourquoi les consommateurs se regroupent aujourd’hui en "églises" pour consommer cette substance.
Dans la plupart de ces églises, le sens précis du mot religieux est laissé au choix des participants et participantes. Mais l’idée est de vivre collectivement les visions de plusieurs heures induites par la consommation de cette plante et de se "reconnecter ainsi avec des strates invisibles du réel".
Celles et ceux qui boivent de l'ayahuasca rapportent voir des formes et des couleurs et faire des voyages oniriques. Certains disent qu'ils peuvent rencontrer des parents décédés et des esprits qui leur parlent. Ces pratiques sont souvent suivies pour des raisons thérapeutiques, pour soigner notamment des troubles de l'alimentation, de la dépression, des addictions ou du stress post-traumatique.
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Fabien Hünenberger/kkub