"Elle est passée, elle est passée!", s'écrient joyeusement plusieurs dizaines de curieux. "On l'a vue sortir, c'était magique! Y a pas de mots pour définir ça, je pense qu'on ne verra ça qu'une fois dans notre vie", lance Grégory Perissel, venu voir avec ses enfants le cétacé de sept à dix mètres de long prisonnier du fleuve la Rance, près de la ville de Saint-Malo. "Ce qui m'a impressionné? Sa taille, le bruit que ça fait quand ça éjecte l'eau et l'air de son corps, c'est pas descriptible".
Plusieurs associations de protection de la nature, la gendarmerie maritime et des scientifiques s'étaient mobilisés en faveur de l'animal lors de cet évènement jamais vu depuis la mise en service du barrage en 1966. Bénévoles et professionnels s'affairaient depuis jeudi matin avec des embarcations pour tenter de guider l'animal vers la haute mer, en vain jusqu'à vendredi en milieu de journée et l'annonce officielle de son passage vers la mer et la liberté.
La baleine était vraisemblablement entrée dans le fleuve en profitant de l'ouverture d'une vanne de l'usine marémotrice et peinait à retrouver son chemin vers la haute mer. Elle a passé la journée de jeudi à faire "des allers-retours" entre le barrage et la localité de Plouër-sur-Rance, à une dizaine de kilomètres à l'intérieur des terres, a déclaré à l'AFP Thierry Buanic, président de l'association naturaliste Al Lark qui a coordonné l'opération de sauvetage.
Sauvetage réussi
Si son état de santé n'inspirait pas d'inquiétude particulière, "la priorité absolue" était de "faire sortir la baleine de l'estuaire", a-t-il souligné. Vendredi, à la faveur de la marée descendante, il a donc été décidé d'ouvrir toutes les vannes de l'usine marémotrice, exceptionnellement mise à l'arrêt, ainsi que son écluse.
L'opération a été couronnée de succès et l'animal a pu repasser par où il était venu pour repartir ensuite vers le large. "Tout est bien qui finit bien, c'est inespéré!", s'est réjoui Thierry Buanic. Selon lui, il est "très rare" que de grands mammifères comme cette baleine à bosse s'en sortent lorsqu'ils se retrouvent prisonniers d'un fleuve.
Le 10 août, un béluga de 800 kg coincé dans la Seine avait dû être euthanasié après une semaine d'errance dans ce fleuve. Malgré un transfert par camion d'une écluse vers un port, l'animal était trop affaibli pour espérer sa survie et son retour en mer.
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afp/ami