Les secouristes cherchent désormais à atteindre les "poches de survie" pour retrouver des miraculés

Lundi dans la Matinale de la RTS, la directrice de la Chaîne du bonheur Miren Bengoa a expliqué que la majorité des sommes récoltées en faveur des victimes du séisme partira en direction de la Syrie: "En Turquie, le gouvernement a pris la main sur la réponse à donner, alors qu'en Syrie, la situation est bien plus complexe", a-t-elle défendu.

Ces fonds financeront des projets dans les secteurs de la santé, dans la distribution de moyens financiers et serviront à venir en aide aux familles déplacées.

>> Écouter l'interview de Miren Bengoa dans la Matinale :

KEYSTONE - Laurent Gillieron

Berlin va faciliter l'octroi de visas de trois mois pour les victimes syriennes et turques du séisme ayant de la famille en Allemagne, a annoncé samedi la ministre de l'Intérieur.

"Il s'agit d'une aide d'urgence", explique Nancy Faeser dans le quotidien Bild. "Nous voulons permettre à des familles turques ou syriennes en Allemagne de faire venir chez elles leurs proches parents de la région sinistrée, sans bureaucratie".

Les habitants des zones sinistrées par le séisme, qui a fait plus de 25'000 morts, pourront ainsi disposer "de visas réguliers, délivrés rapidement et valables trois mois", ajoute la ministre au sujet de cette initiative conjointe des ministères de l'Intérieur et des Affaires étrangères.

Cette procédure facilitée pourrait ainsi permettre aux victimes de "trouver un abri et de recevoir un traitement médical" en Allemagne.

Environ 2,9 millions de personnes d'origine turque vivent en Allemagne, dont plus de la moitié (1,5 million) ont la nationalité turque.

>> Écouter aussi les détails de la Matinale :

EPA/KEYSTONE - TOLGA BOZOGLU

La gestion de la catastrophe passe désormais dans une nouvelle phase, celle de la prise en charge de plus d'un million de personnes privées de logement.

Dans la ville turque de Malatya, des dizaines de milliers de personnes ont dû fuir leur logement qui menaçait de s’effondrer après les séismes. Mais les tentes, cruciales au coeur de l’hiver glacial, sont en rupture de stock.

>> Le reportage de Céline Pierre-Magnani dans La Matinale :

Reuters - Sertac Kaya

Très peu d’informations parviennent des zones syriennes sous contrôle du régime de Damas, les journalistes étrangers n’y ayant pas accès. Mais certains témoignages donnent une idée de l'ampleur de la catastrophe.

Alep était déjà une ville à terre avant le séisme. Elle avait été en partie détruite avant d’être reprise par les forces syriennes en 2018. Et le séisme de la semaine dernière a replongé ses habitants dans un profond désespoir.

>> Témoignages recueillis par Marcel Alin et Céline Martelet :

AP/Keystone - Ghaith Alsayed

Une femme d'une trentaine d'années et un enfant de cinq ans ont été sortis vivants des décombres dimanche, six jours après le séisme en Turquie, par une équipe de Salvadoriens à Sehit Aileleri (sud), a annoncé le président salvadorien Nayib Bukele.

"L'équipe de secouristes salvadoriens, avec le soutien de secouristes turcs, viennent de réussir le sauvetage de deux survivants, une femme et un enfant, après plus de 150 heures passées sous les décombres", a écrit le président Bukele sur Twitter.

Le président a joint à son message une vidéo sur laquelle on peut voir un enfant immobile être sorti des décombres par les secouristes salvadoriens et placé sur un brancard, alors qu'on entend des cris et des pleurs des gens autour de la scène.

On voit ensuite le moment où une femme, qui parvient à bouger ses bras, est sortie à son tour avant qu'on lui place un collier orthopédique et qu'on l'allonge sur un brancard.

Le Salvador avait dépêché mercredi en Turquie une équipe de secours forte de cent membres, dont 58 soldats spécialistes de la recherche et le sauvetage, 42 pompiers et médecins et plusieurs chiens.

Depuis quelques heures, les chances de retrouver des survivants sous les décombres s'amenuisent. Pourtant, les secouristes ne désespèrent pas et ont changé de stratégie, selon l'envoyé spécial de la RTS Raphaël Grand.

Dans un quartier de Gaziantep, les opérations sont encore en cours. "Aujourd'hui, les pelles mécaniques ont très rapidement essayé de déplacer les débris des bâtiments qui s'étaient effondrés. Maintenant, les secouristes essaient d'atteindre les sous-sols, les parkings souterrains qui pourraient faire office de poches de survie", explique Raphaël Grand dans l'émission Forum.

"Les secouristes nous disent qu'ils ont encore l'espoir de retrouver des gens vivants, des miraculés, six jours après la catastrophe", détaille-t-il.

>> Ecouter les propos de Raphaël Grand depuis Gaziantep dans Forum :

Le chef de l'OMS a déclaré dimanche que le président syrien Bachar al-Assad s'était  montré prêt à envisager l'ouverture de nouveaux points de passages frontaliers pour acheminer l'aide aux victimes du séisme dans le nord-ouest de la Syrie, une zone tenue par les rebelles.

"Cet après-midi, j'ai rencontré Son Excellence le président Assad, qui a indiqué être ouvert à l'idée d'envisager des points d'accès transfrontaliers pour cette urgence", a affirmé le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, à des journalistes.

Le président syrien Bachar al-Assad a remercié dimanche Abou Dhabi pour son "énorme aide humanitaire", après le séisme qui a frappé lundi dernier la Syrie et la Turquie voisine, alors qu'il recevait à Damas le chef de la diplomatie émiratie, Abdallah ben Zayed Al-Nahyane.

Les Émirats arabes unis, dont les rapports avec Damas se sont réchauffés depuis 2018, sont au premier plan de la réponse humanitaire en Syrie.

Abou Dhabi a dans un premier temps annoncé 12,7 millions d'euros d'aide humanitaire à la Syrie avant de promettre 47 millions d'euros supplémentaires.

16 avions humanitaires

Bachar al-Assad a salué leur "réponse rapide, qui reflète la profondeur des relations bilatérales". Dans la foulée du séisme, Abou Dhabi a envoyé plusieurs tonnes d'aide alimentaire, de secours, du matériel médical, et des secouristes opérant depuis vendredi dans la ville côtière de Jableh (ouest), gravement touchée.

Seize avions émiratis sont arrivés en Syrie depuis le drame, a indiqué dimanche à l'AFP un responsable du ministère des Transports, Souleimane Khalil, précisant qu'un pont aérien avait été mis en place par les Emirats pour venir en aide aux victimes du séisme.

Les Emirats arabes unis sont le premier pays du Golfe à avoir rétabli ses relations avec Damas, rouvrant leur ambassade en 2018.

Le puissant mouvement libanais Hezbollah, allié du gouvernement syrien, a envoyé dimanche un convoi d'aide humanitaire dans l'ouest de la Syrie.

"C'est l'heure de se tenir aux côtés du cher peuple syrien", a déclaré Hachem Safieddine, haut responsable de la formation chiite, à des journalistes avant le départ du convoi de la banlieue sud de Beyrouth.

"Ce convoi est le premier, d'autres suivront", a déclaré à l'AFP Adnan Moqaddam, directeur de la Défense civile du Hezbollah.

Selon lui, le premier convoi est composé de 23 camions, dont une vingtaine sont partis de Beyrouth et le reste de la Bekaa (est). Il transporte, entre autres, des "vivres" et des "fournitures médicales pour les survivants du séisme".

L'aide sera livrée au Croissant-Rouge syrien. Le convoi a pour destination la province de Lattaquié, particulièrement touchée par le séisme.

Près d'une semaine après le tremblement de terre, les équipes de secours suisses se préparent à rentrer lundi. La Chaîne suisse de sauvetage a terminé son travail sur les sites sinistrés qui lui avaient été attribués.

La démobilisation a lieu en accord avec les autorités turques et en coordination avec les autres équipes internationales de sauvetage, a appris l'agence Keystone-ATS auprès du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Les 87 membres de la Chaîne de sauvetage s'étaient rendus en Turquie lundi dernier, le jour même du séisme.

Samedi, un deuxième groupe de douze personnes du Corps suisse d'aide humanitaire (CSA) est arrivé dans le district de Hatay. Le transfert de la Chaîne suisse de sauvetage à l'équipe du CSA s'est fait dimanche à midi. Les membres du CSA se concentrent sur l'aide à la survie des personnes touchées sur place.

Le bilan du violent séisme qui a frappé lundi la Turquie et la Syrie s'élève dimanche à 33'179 morts, selon les derniers bilans officiels.

Le tremblement de terre de magnitude 7,8 a fait 29'605 morts dans le sud de la Turquie, a annoncé dimanche l'Afad, l'organisme public turc de gestion des catastrophes, tandis que les autorités ont dénombré 3574 morts en Syrie. Selon l'Onu, le bilan pourrait "doubler".

Mostafa, un habitant de Jindires, petite ville du nord-ouest de la Syrie, est le seul survivant de sa famille. Il témoigne dimanche dans le 12h45 de la RTS: "La vie n'a plus de sens pour moi, j'aurais aimé mourir avec mes enfants."

Très peu d'aide parvient dans cette province d'Idlib, où seuls les casques blancs syriens travaillent avec quelques excavatrices.

Mais pour le fils de Saleem, il est déjà trop tard. En sortant des gravats la dépouille de son fils, il dénonce: "Qui nous aide? Ils ont mis en place un pont aérien spécial, pour acheminer de l'aide du monde entier. Mais personne ne vient nous aider."

Dangers et instrumentalisation

Samedi, le patron de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est rendu à Alep, une ville sous contrôle du gouvernement syrien. Il a annoncé l'arrivée de 37 tonnes de fournitures médicales d'urgence. L'OMS distribue de l'aide via la frontière turque, mais aussi via Damas.

Le travail est complexe, il se fait à travers les divisions politiques héritées de la guerre civile. Il est soumis à des négociations entre les différentes parties en présence, avec le risque de voir l'aide instrumentalisée à des fins politiques.

>> Voir le sujet du 12:45 :

Un nouveau convoi de l'ONU est arrivé dimanche en Syrie depuis la Turquie, apportant une aide très attendue aux victimes syriennes du séisme.

Dix camions ont franchi la frontière au point de passage de Bab-al Hawa, dans le nord-ouest de la Syrie, a constaté un correspondant de l'AFP, apportant de quoi confectionner des abris d'urgence avec des bâches en plastique, des couvertures, des matelas, des cordes ou encore des vis et des clous, entre autres.

"Jusqu'à présent nous avons fait défaut aux gens du nord-ouest de la Syrie. Ils se sentent à juste titre abandonnés", a déclaré le responsable des secours onusiens Martin Griffiths. Il faut désormais "corriger cet échec au plus vite", ajoute-t-il dans un tweet.

Selon un responsable du ministère syrien des Transports, Suleiman Khalil, 62 avions chargés d'aide sont jusqu'à présent arrivés dans le pays et d'autres sont attendus dans les heures et jours à venir, en provenance notamment d'Arabie saoudite.

Le pape François a appelé à un "soutien concret" en faveur des populations frappées par le puissant séisme qui a fait plus de 28'000 morts en Turquie et en Syrie, des populations qu'il ne faut "pas oublier".

"Continuons à être solidaires, à travers la prière et le soutien concret, avec les populations frappées par le séisme en Turquie et en Syrie", a-t-il lancé à la fin de sa traditionnel prière dominicale de l'Angélus place Saint-Pierre.

"J'ai vu (...) les images de cette catastrophe, la douleur de ces peuples qui souffrent à cause du séisme. Prions pour eux et ne les oublions pas, et pensons à ce que nous pouvons faire pour eux", a-t-il ajouté.

Le pape avait déjà lancé mercredi un appel à la solidarité internationale lors de son audience générale hebdomadaire: "J'encourage tout le monde à être solidaire avec ces terres en partie déjà martyrisées par une longue guerre", avait-il affirmé.

Les Turcs doivent être traités en priorité lors de l'octroi de visas pour la Suisse. Cette mesure doit leur permettre de trouver plus rapidement un hébergement temporaire chez des proches en Suisse s'ils ont perdu leur domicile lors du récent séisme dans leur pays.

Jusqu'à samedi soir, 603 personnes ont déposé une demande afin d'obtenir un visa plus rapidement, a confirmé le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) après un article paru dans la SonntagsZeitung. Deux collaborateurs du SEM renforceront le personnel en Turquie. Une autre augmentation du nombre de collaborateurs est en cours d'examen.

Pour pouvoir bénéficier d'une procédure de visa accélérée, les personnes concernées doivent remplir un formulaire. Selon le SEM, toutes les demandes sont examinées individuellement par les autorités suisses. Cela doit se faire "le plus rapidement possible", précise le SEM.

Ce dernier est en contact étroit avec les autorités turques, qui s'engagent notamment à établir rapidement des passeports d'urgence pour les personnes dont les documents d'identité se trouvent sous les décombres. La Suisse échange également des informations avec les pays de l'UE et de l'espace Schengen afin de coordonner la suite de la procédure.

"Plus aucun espoir", lâche le chef de la Défense civile de Jableh. Un silence pesant plane sur cette ville du nord-ouest de la Syrie dévastée par le séisme, où les sauveteurs luttent depuis près d'une semaine pour retrouver des survivants.

Plusieurs heures se sont écoulées depuis le dernier sauvetage, lorsque deux personnes ont été extraites des décombres par des secouristes sous-équipés.

"Malgré tout, à chaque pas, nous nous arrêtons et nous crions: y a-t-il quelqu'un de vivant?", poursuit Alaa Moubarak, tandis qu'un chien pisteur renifle autour d'un bâtiment détruit.

Le chien parcourt la zone pendant une demi-heure. Puis il repart en trottinant, sans aboyer: il n'y a plus de survivants.

Comme ce samedi, cette scène se déroule presque quotidiennement à Jableh, où l'espoir de sauver des vies s'estompe.

Le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias est arrivé dimanche en Turquie pour marquer, malgré une longue histoire de rivalité, le soutien d'Athènes à son voisin frappé par un violent séisme, a annoncé son ministère.

Cette visite est la première de la part d'un ministre européen en Turquie depuis la catastrophe survenue lundi dernier, qui a fait plus de 28'000 morts dans ce pays et en Syrie.

Nikos Dendias a rencontré son homologue turc Mevlut Cavusoglu, selon des images de la chaîne publique ERT TV, avant de se rendre avec lui en hélicoptère dans les régions dévastées.

Les ministres se rendront notamment à Antakya, où des secouristes grecs participent aux opérations de recherche et de sauvetage.

La Grèce, malgré une histoire pluri-séculaire de rivalité avec la Turquie, a été l'un des premiers pays européens à envoyer des secouristes et de l'aide humanitaire à son voisin, quelques heures seulement après la catastrophe.

Le Chargé d'affaires de l'Union européenne en Syrie, Dan Stoenescu, a estimé dimanche qu'il était injuste que le bloc soit accusé de ne pas fournir une aide suffisante après les violents séismes survenus lundi.

"Il est absolument injuste d'être accusé de ne pas fournir d'aide, alors que nous l'avons toujours fait pendant plus de dix ans et que nous le faisons encore plus durant cette crise", a-t-il écrit à Reuters.

Présent à un point de passage, le correspondant de la RTS constate que quelques camions humanitaires entrent en Syrie, mais que l'aide arrive encore au compte-gouttes.

La Chaîne du Bonheur va consacrer une grande partie de l'argent récolté pour les victimes du tremblement de terre en Turquie et en Syrie dans ce second pays, déclare sa directrice Miren Bengoa. "La situation y est particulièrement précaire", ajoute-t-elle.

De nombreuses régions touchées par les secousses en Syrie sont isolées, précise Miren Bengoa dans un entretien diffusé dimanche par le SonntagsBlick.

"La Syrie est gravement touchée par une guerre depuis douze ans [...] Des millions de personnes dépendaient déjà de l'aide humanitaire avant le tremblement de terre dévastateur. A cela s'ajoutent les conditions météorologiques extrêmes", souligne la directrice.

En six jours, la Chaîne du Bonheur a reçu 13 millions de francs de promesses de dons pour la Syrie et la Turquie. Selon Miren Bengoa, l'argent sera d'abord utilisé pour des abris provisoires, de l'eau potable, des denrées alimentaires, une assistance médicale et des produits d'hygiène.

Le bilan humain du puissant séisme qui s'établissait dimanche à plus de 28'000 morts en Turquie et en Syrie va "doubler ou plus", a alerté le chef de l'agence humanitaire de l'ONU. Selon lui, "on n'a pas encore réellement commencé à compter le nombre de morts".

Martin Griffiths s'est rendu samedi en Turquie dans la ville de Kahramanmaras, épicentre du tremblement de terre de magnitude 7,8 survenu le 6 février.

"Je pense qu'il est difficile d'estimer [le bilan] précisément, car nous devons passer sous les décombres, mais je suis sûr qu'il doublera, ou plus", a-t-il déclaré à Sky News.

Déjà fragilisé par de longues années de guerre, le nord-ouest de la Syrie souffre particulièrement des conséquences du séisme. Le 19h30 a recueilli le témoignage en visioconférence de victimes sur place, par l'entremise de Mohammed.

Depuis son appartement genevois, l'homme passe désormais ses journées au téléphone à tenter de joindre sa famille et ses proches restés en Syrie, à l'image de Manar, qui a survécu au séisme.

"Ici, c'est l'endroit où je vis... Vous pouvez voir la destruction", dit-elle, en envoyant en direct les images d'un tas de gravats sur l'écran du téléphone de Mohammed.

"Personne ne nous a aidés à extraire nos familles"

"C'est vraiment une tragédie, parce qu'il nous a manqué de la rapidité de la part des secours. Nous n'avons eu aucune aide de l'extérieur du pays, personne ne nous a aidés à extraire nos familles des décombres", déplore-t-elle.

L'impression d'être livré à soi-même, c'est ce que décrit aussi Mahmoud, le cousin de Mohammed. "Il y a même des civils qui essaient de récupérer des couvertures et des ustensiles dans les décombres pour lutter contre le froid", déclare-t-il.

Jusqu'à présent, l'aide humanitaire n'a transité qu'au compte-gouttes dans cette zone tenue par les rebelles. Les organisations humanitaires appellent à en faire plus.

>> Voir tout le sujet du 19h30 :

L’aide humanitaire envoyée en Syrie et en Turquie dépend d'images satellites, dont certaines sont analysées à Genève. Des clichés, pris depuis l’espace et mis à dispositions par les agences spatiales, permettent à une petite équipe de l'UNOSAT, le centre satellitaire des Nations unies, de passer des zones entières au peigne fin. Sa mission: détecter le moindre dégât, pour orienter les secouristes sur place.

>> Voir le sujet du 19h30 sur la recherche satellitaire :

Près de 26 millions de personnes pourraient avoir été touchées par les séismes qui ont frappé cette semaine la Turquie et la Syrie. Des dizaines d'établissements de santé ont été endommagés, avance l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un appel de fonds.

L'OMS appelle à une aide financière d'urgence de 42,8 millions de dollars pour répondre aux besoins sanitaires immédiats.

Plus tôt cette semaine, l'OMS, qui a déjà débloqué 16 millions de dollars de son fonds d'urgence, avait estimé à 23 millions le nombre de personnes potentiellement exposées.

Samedi, ce chiffre s'élève à 26 millions, 15 millions en Turquie et près de 11 millions en Syrie.

L'ancien président de Médecins Sans Frontières (MSF) Rony Brauman était invité samedi dans l'émission Forum pour parler du séisme en Turquie et en Syrie. Il estime que l'aide déployée ne peut pas être à la hauteur de cette immense catastrophe survenue si soudainement.

"La Turquie, qui est bien équipée du point de vue des séismes, parce que c'est une région sismique particulièrement marquée, ne pouvait pas être elle-même à la hauteur", déclare le médecin.

"Cela étant, la corruption, les immeubles de mauvaise qualité, les normes parasismiques qui ne sont pas respectées et les centres de secours qui ne sont pas suffisamment financés relèvent de la responsabilité gouvernementale. Mais en l'occurrence, quand bien même ces problèmes n'existeraient pas, de toute façon, l'ampleur de la catastrophe est telle qu'on serait toujours en retard par rapport aux besoins immenses des populations frappées."

Il indique par ailleurs que l'entraînement et l'équipement des équipes de secouristes se sont améliorés ces dernières décennies. Les équipes chirurgicales d'urgence sont plus rapidement mobilisables et "peuvent accomplir de véritables exploits". Une réactivité qui s'était observée lors du tremblement de terre de 2010 à Port-au-Prince en Haïti. Mais actuellement, la difficulté d'accès à la Syrie rend la situation "bien plus tragique encore".

>> Ecouter toute l'interview de Rony Brauman dans Forum :

CC-BY-SA - David Monniaux

Une partie de la communauté turque et kurde du Jura s’est mobilisée pour affréter un camion humanitaire. Le véhicule a quitté Delémont dans la nuit de vendredi à samedi en direction du sud-est de la Turquie.

A l'origine de l'action, Azef Arguz, restaurateur dans le chef-lieu du canton. Interrogé dans Forum, il se remémore la journée de lundi. "On prend un choc. On ne comprend pas ce qu'il se passe. On est sous stress et on se demande si notre famille, sur place, va bien", explique-t-il.

Directement, Azef Arguz s'est dit qu'il fallait faire quelque chose pour les gens en Turquie. "Comme je ne suis pas une association, j'ai d'abord voulu faire ça en privé en récoltant des habits, des produits hygiéniques et les amener à Bâle, Zurich ou Lausanne, où il y a des associations, pour qu'elles puissent envoyer le matériel", précise le restaurateur.

Mais devant l"'énorme" solidarité de la population jurassienne, Azef Arguz a décidé d'envoyer un camion, grâce au soutien d'une famille de la région.

A-t-il prévu de se rendre sur place pour superviser la distribution des biens envoyés en Turquie? "Nous avons des contacts sûrs en Turquie qui vont accueillir le camion et faire une bonne distribution", détaille-t-il.

Le restaurateur indique tout de même qu'il partira ces prochains jours pour la Turquie, afin de distribuer du matériel dans des villages qui n'ont pas encore été aidés par l'Etat.

>> Ecouter l'interview d'Azef Arguz dans Forum :

RTS - RTS

Au moins quarante-huit personnes ont été arrêtées pour pillage dans huit provinces sinistrées par le tremblement de terre qui a frappé lundi le sud de la Turquie, a rapporté samedi l'agence officielle turque Anadolu.

Les suspects ont été placés en détention dans le cadre d'enquêtes sur les pillages commis après le tremblement de terre de magnitude 7,8 qui a fait plus de 25'000 morts en Turquie et en Syrie, a indiqué Anadolu.

Une douzaine de personnes du secteur du bâtiment ont été arrêtées en Turquie après l'effondrement de milliers de bâtiments dans le sud du pays suite au séisme de lundi, ont rapporté samedi les médias locaux.

Parmi les personnes placées en détention figurent un entrepreneur de la province de Gaziantep et onze personnes de la province de Sanliurfa, précise l'agence turque DHA.

Plusieurs enquêtes ont été lancées par les procureurs dans les provinces frappées comme Kahramanmaras, où le district de Pazarcik s'est trouvé à l'épicentre du séisme.

L'effondrement brutal des bâtiments, qui trahit leur médiocre construction et n'ont laissé pratiquement aucune chance à leurs résidents, suscite la colère dans le pays où près de 22'000 personnes ont trouvé la mort et plus de 80'000 ont été blessées.

Plus de 25'000 personnes ont trouvé la mort dans le séisme qui a frappé lundi la Turquie et la Syrie, selon les derniers bilans officiels communiqués samedi.

Selon le président turc Recep Tayyip Erdogan, en visite dans la ville de Sianlurfa (sud-est), 21'848 corps ont été retrouvés à ce stade en Turquie, tandis que les autorités ont dénombré 3553 morts en Syrie.

Les équipes de secours suisses en Turquie n'ont pour l'instant pas de souci de sécurité, malgré les signalements de secouristes d'autres pays. La situation est toutefois sous surveillance, a déclaré le chef de la Chaîne de sauvetage, Sebastian Eugster.

"Nous avons un dispositif adéquat qui peut être adapté à tout moment", a poursuivi Sebastian Eugster. "Actuellement, tout est calme et nous nous sentons en sécurité". Il n'y a pas eu non plus d'incidents. Il a entendu que l'armée était intervenue pour contrôler la situation. Mais il est tout à fait normal que la tension augmente dans de telles situations.

La Chaîne de sauvetage attendait samedi en début d'après-midi de nouvelles interventions. Ces dernières heures, seules quelques vies ont pu être sauvées.

Pour l'instant, la situation est calme à Iskenderun, dans le district de Hatay, et il n'y a pas de danger, a également déclaré Linda Hornisberger, porte-parole de Redog, interrogée à ce sujet. Dans la ville, dix personnes et six chiens de l'organisation de chiens de sauvetage travaillent en collaboration avec l'organisation de sauvetage turque GEA. La population est reconnaissante et la sécurité du quartier général est assurée par l'armée turque.

A Jindiris, petite ville collée à la frontière turque, la majorité des bâtiments ont été détruits par la violence du tremblement de terre de lundi.

Devant son immeuble, qui n'est plus qu'un tas de débris, Ahmed hurle son désespoir: "On n'a pas besoin de nourriture. Nous ne voulons pas de sandwich falafel avec des frites. Nous avons besoin de tentes pour être à l'abri. Rien d'autre."

Car en ce moment, au nord-ouest de la Syrie, les températures descendent largement en-dessous de zéro la nuit. Des milliers de personnes dorment dehors dans la rue ou dans les champs d'oliviers.

Sur place, les ONG n'ont pu distribuer que quelques tentes, car l'aide humanitaire peine toujours à entrer dans la région.

>> Ecouter le reportage du 12h30 en Syrie :

Keystone - Ghaith Alsayed

Un point de passage a été ouvert à la frontière entre la Turquie et l'Arménie pour la première fois en 35 ans, a rapporté samedi l'agence officielle turque Anadolu.

Cinq camions transportant de l'aide destinée aux victimes du séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie lundi ont traversé samedi ce point de passage d'Alican dans la province d'Igdir, a précisé Anadolu.

Une femme sauvée à Kirikhan, en Turquie, par une équipe de secouristes allemands après plus de 100 heures sous des décombres à la suite du puissant séisme de lundi, a succombé samedi à ses blessures, a annoncé une ONG allemande.

"Zeynep est décédée dans la nuit. Hier (vendredi), elle avait été sauvée des décombres de sa maison effondrée, plus de 100 heures après le violent séisme", a tweeté l'ONG I.S.A.R Germany.

"Notre équipe est sous le choc et attristée", ajoute l'ONG allemande, spécialisée dans l'assistance aux victimes de catastrophes naturelles.

Cette femme de 40 ans avait immédiatement été prise en charge vendredi par des médecins.

L'équipe allemande avait expliqué vendredi avoir réussi, pendant qu'elle était encore ensevelie, à l'approvisionner en eau et en jus de fruits à l'aide d'un tuyau. Ils avaient maintenu le contact avec elle pendant plusieurs jours grâce à un petit puits.

Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, est arrivé dans la ville syrienne d'Alep, durement frappée par le séisme ayant dévasté plusieurs régions de Syrie et de la Turquie voisine, selon l'agence de presse officielle Sana.

Tedros Adhanom Ghebreyesus est arrivé à l'aéroport d'Alep pour visiter plusieurs hôpitaux et centres d'hébergement avec le ministre de la Santé et le gouverneur de la province, a indiqué Sana.

A l'aéroport, il a annoncé aux journalistes sur place l'arrivée de "près de 37 tonnes de fournitures médicales d'urgence".

"Cela contribuera à l'aide d'urgence aux personnes touchées", a-t-il ajouté, précisant qu'il s'agit des premières aides et que plus de 30 tonnes supplémentaires devraient arriver dimanche.

L'armée autrichienne a suspendu samedi matin ses opérations de sauvetage en Turquie, invoquant "la situation sécuritaire" sur place.

"Il y a eu des agressions entre des groupes", a déclaré à l'AFP un porte-parole à Vienne, sans donner plus de détails.

Les 82 soldats de l'unité spéciale de secours AFDRU (Austrian forces disaster relief unit) se sont mis à l'abri dans un camp de base de la province d'Hatay "avec d'autres organisations internationales, dans l'attente d'instructions", a-t-il ajouté.

Ils sont arrivés mardi avec 45 tonnes d'équipement et ont pu dégager neuf personnes des décombres, selon un communiqué publié vendredi.

Leur retour en Autriche est pour l'instant toujours prévu jeudi mais "la situation est en cours d'examen", a précisé le porte-parole.

Samedi matin, la Chaîne du Bonheur avait reçu des promesses de dons pour 13'035'332 francs pour les victimes du tremblement de terre. La fondation qualifie d'impressionnante la "vague de solidarité et de sympathie" de la part de la population en Suisse.

Cinq jours après le tremblement de terre dévastateur entre la Turquie et la Syrie, le transfert des équipes suisses de chiens de sauvetage aux équipes nouvellement arrivées d'autres pays est en cours. Il s'agit maintenant de planifier le retour.

Les équipes de sauvetage suisses sont intervenues très rapidement. Les hommes et les chiens des équipes de recherche ont donné le meilleur d'eux-mêmes et sont maintenant épuisés, a expliqué samedi à Keystone-ATS la porte-parole de Redog Linda Hornisberger. Outre le transfert aux équipes fraîchement arrivées, l'évaluation des besoins est en cours. Il serait raisonnable de faire appel à de nouveaux secouristes et à de nouveaux chiens.

Les secouristes n'ont pas abandonné l'espoir de retrouver des personnes vivantes, mais "le temps passe", ajoute Linda Hornisberger. Il appartient au gouvernement turc d'annoncer la fin de la phase de recherches. D'autres besoins passent ensuite au premier plan, par exemple une aide médicale supplémentaire ou l'évaluation de l'état des bâtiments. C'est une phase qui attire moins l'attention.

Date de retour à fixer

Pour Redog, il est important que les équipes rentrent saines et sauves. Le retour en Suisse est prévu avec la Chaîne suisse de sauvetage, qui intervient dans la province de Hatay, au sud de la Turquie.

La date de retour des 87 secouristes n'est pas encore fixée, a précisé Valentin Clivaz, porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). L'intervention était prévue pour durer jusqu'à dix jours.

Au total, la Chaîne suisse de sauvetage a pu jusqu'à présent, avec l'aide de huit chiens de Redog, dégager vivantes onze personnes ensevelies, dont deux nouveau-nés. Six autres chiens Redog et dix personnes ont aidé, avec l'organisation de sauvetage turque GEA, à dégager 31 personnes.

Les agences des Nations unies s'activent pour apporter de l'aide dans le nord-ouest de la Syrie, zones rebelles touchées par les séismes. Mais le contexte politique et des routes endommagées compliquent fortement l'acheminement de biens de première necessité.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé avoir de son côté pu apporter très rapidement des vivres à des milliers de personnes. Mais l'enjeu est désormais de réapprovisionner ces réserves,

"Nous sommes en train d'épuiser nos stocks et nous avons besoin d'un accès pour en faire entrer de nouveaux. Le poste-frontière est ouvert a présent mais nous devons en ouvrir d'autres, car les routes sont endommagées et nous devons pouvoir entrer dans le nord-ouest de la Syrie par différents côtés", explique dans La Matinale Corinne Fleischer, directrice régionale du PAM pour le Moyen-Orient.

>> Ecouter son interview dans La Matinale :

Tatan Syuflana/AP

L’Etat turc centralise les ressources d'aide via l'agence turque de gestion des catastrophes et des urgences (AFAD), mais faute de capacité suffisante pour faire face à l’ampleur du désastre, les lacunes de coordination se font cruellement sentir sur le terrain.

"L'AFAD présente de grosses lacunes pour répondre à de tels besoins. Il nous est difficile d’affirmer que ces opérations de recherche et de sauvetage sont menées avec le sérieux et la dévotion que cela mérite", dénonce samedi dans La Matinale Abdullah Zeytun, président de l’Organisation de défense des droits humains.

"C’est la population qui s’est immédiatement mobilisée lors des premières opérations de recherche et de sauvetage avec un grand soin", ajoute-t-il.

La Turquie tout entière s'est en effet mobilisée. Des vivres arrivent des quatre coins du pays. Des milliers de bénévoles ont spontanément proposé leur aide et affluent vers les villes les plus dévastées.

>> Ecouter le reportage de Céline Pierre-Magnani, à Diyarbakir, dans La Matinale :

Keystone - EPA/Necati Savas

L'agence turque de gestion des catastrophes et des urgences (AFAD) a annoncé samedi que le bilan des séismes survenus cette semaine dans le sud-est de la Turquie était porté à 20'665 morts.

Près de 93'000 personnes ont été évacuées des zones dévastées par les séismes survenus lundi et plus de 166'000 secouristes sont à pied d'oeuvre sur les lieux de la catastrophe, a indiqué l'AFAD.

Quelque 1891 répliques ont été enregistrées depuis le premier séisme de magnitude 7,8 survenu tôt lundi matin, a ajouté l'agence.

Dans le nord de la Syrie voisine, également touché par les séismes, le bilan dépassait vendredi les 3500 morts.

Après un séisme, le taux de survie des rescapés sous les décombres est en moyenne de 5 à 6 jours. Plusieurs facteurs modifient le pronostic des personnes ensevelies. Il y a tout d'abord les conditions météorologiques. En Turquie et en Syrie, les températures frôlent le zéro degré. Le risque d’hypothermie est donc élevé.

"Lorsque le corps cherche à conserver sa température au sein des organes nobles et du corps principal, on aura les mains et les pieds froids, comme en montagne. Et ça peut aller jusqu'à des gelures si on a des températures extrêmes comme à l'heure actuelle", explique dans le 19h30 le docteur Olivier Hagon, chef du groupe Santé du Corps suisse d’aide humanitaire.

>> Les explications complètes du 19h30 :

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