Lors d'une conférence de presse avant le départ du cortège parisien, l'intersyndicale s'est dite "prête à durcir le mouvement" si le gouvernement et le Parlement, qui examine actuellement le texte controversé, restaient "sourds" à la mobilisation.
Le numéro un du syndicat réformiste CFDT, Laurent Berger, a pointé du doigt une "forme de folie démocratique du gouvernement à ignorer ce qui se passe", tandis que son homologue de la CGT Philippe Martinez a souligné que "la balle (était) dans le camp" de l'exécutif.
C'est la quatrième fois en moins d'un mois que les Français sont appelés à faire grève et à manifester contre cette réforme phare du président Emmanuel Macron, dont la mesure emblématique, le recul de l'âge légal du départ à la retraite de 62 à 64 ans, est majoritairement rejetée.
Présence possible seulement le week-end
Syndicats et autorités ne s'accordent pas sur les chiffres de l'affluence. Les manifestations auraient rassemblé au total 963'000 personnes, dont 93'000 à Paris, selon le ministère de l'Intérieur. La CGT a recensé de son côté 500'000 personnes dans le cortège parisien, et "plus de 2,5 millions" au niveau national.
Nombre de manifestants, ne pouvant se permettre de se mettre en grève à chaque mobilisation, ont profité de manifester un samedi. "C'est peut être la seule fois où je peux venir, c'était l'occasion", expliquait ainsi Sandrine Thouron, 60 ans, principale d'un collège.
"J'attends qu'aujourd'hui il y ait encore plus de monde dans la rue et que le gouvernement réfléchisse un peu à deux fois avant de passer en force", a affirmé de son côté Benjamin Grau, 41 ans, agriculteur dans le cortège à Toulouse.
Les trois précédentes journées d'action ont réuni entre 757'000 et 1,27 million de personnes selon les autorités (entre près de deux millions et plus de 2,5 millions selon l'intersyndicale), sans infléchir l'exécutif, qui tient bon sur le recul de l'âge légal de départ à 64 ans.
Autre actions prévues
Des propos vendredi d'Emmanuel Macron à Bruxelles, appelant les organisateurs de la contestation à "conserver leur esprit de responsabilité", ont déclenché une vive réaction des syndicats.
L'intersyndicale, qui compte huit organisations, veut inscrire le mouvement dans la durée et a appelé à deux autres journées d'action les 16 février et 7 mars. Et elle s'est dite prête samedi à "mettre la France à l'arrêt dans tous les secteurs le 7 mars" si rien ne bouge. Sa section à la RATP, la régie des transports parisiens, a appelé de son côté à la première grève reconductible à partir de cette date.
Si le gouvernement ne tient pas compte des demandes des Français sur les retraites, "on aura à l'issue de cette réforme un divorce encore plus prononcé, encore plus inquiétant, entre les Français et ceux qui nous gouvernent", a averti samedi Xavier Bertrand, un responsable des Républicains (LR), le parti de droite sur lequel la majorité présidentielle compte pour faire passer son texte au Parlement.
Texte examiné à l'Assemblée nationale
Actuellement devant les députés, l'examen du texte depuis le début de la semaine n'a donné lieu pour l'instant qu'à des débats répétitifs et des invectives.
>> Lire aussi : Le débat parlementaire sur la réforme des retraites est lancé en France
La France est l'un des pays européens où l'âge légal de départ à la retraite est le plus bas sans que les systèmes de retraite ne soient complètement comparables.
Le gouvernement a fait le choix d'allonger la durée de travail pour répondre à une dégradation financière des caisses de retraite et à un vieillissement de la population.
agences/ami
L'aéroport de Paris-Orly perturbé par des grèves de contrôleurs non prévues
Un vol sur deux au départ ou à l'arrivée de l'aéroport de Paris-Orly a été annulé samedi après-midi. Des contrôleurs aériens mènent des grèves individuelles contre la réforme des retraites, alors que les syndicats n'avaient pas appelé à arrêter le travail.
L'autre grand aéroport de la région parisienne, Roissy-Charles-de-Gaulle, n'est pas touché. Les Centres en route de la navigation aérienne (CRNA), qui gèrent les avions déjà en vol au-dessus du territoire français, ne sont également pas concernés.
De source aéroportuaire, ces annulations devaient représenter "25 arrivées et 22 départs" d'aéronefs à Orly, surtout sur des liaisons intérieures ou avec des pays de la zone Schengen, le coeur de l'activité de la plateforme qui accueille aussi des long-courriers, mais surtout pour les liaisons ultramarines.