Le président turc Recep Tayyip Erdogan sous le feu des critiques après le séisme meurtrier

Jusqu'à présent un seul poste-frontière était ouvert entre la Turquie et la région syrienne contrôlée par les rebelles. Le président syrien Bachar al-Assad a donné lundi son feu vert pour l'ouverture de deux nouveaux points de passage pendant trois mois afin de faciliter la distribution de l'aide vers les zones sinistrées par le séisme.

Aux yeux de l’opposition syrienne et de nombreux observateurs, Bachar al-Assad tente de profiter de la situation pour regagner en légitimité.

>> Les explications dans le 19h30 :

Revenu de Turquie lundi soir, Sébastien Neuhaus, chef des opérations de la Chaîne suisse de sauvetage, a déclaré dans le 19h30 se sentir bien et avoir le "sentiment de la tâche accomplie".

Heureux d'avoir sorti 11 personnes vivantes des décombres, il a encore rappelé la devise des secouristes: "qui sauve une vie, sauve le monde".

Cette devise "nous aide à travailler et à supporter les autres moments. La joie et la tristesse sont très proches. Un jeune garçon qu'on tentait de dégager meurt et quelques heures plus tard on sauve une famille".

Sébastien Neuhaus a aussi relevé l'accueil de 150 Turcs à l'aéroport de Zurich-Kloten. "Cela montre qu'on a tout fait juste."

>> Son interview complète dans le 19h30 :

>> Relire également : La mission de sauvetage en Turquie, "des montagnes russes émotionnelles"

Hatay, dans le sud de la Turquie, est une ville littéralement écrasée par le séisme. Les habitants sont encore sous le choc perdus au milieu des ruines.

Des quartiers entiers ont été détruits et des bâtiments menacent de s'effondrer. Le tout sous les yeux des secouristes démunis.

"Tout le monde est traumatisé. Il fait froid. Les gens sont choqués, ils attendent de pouvoir récupérer le corps de leurs proches ensevelis sous les décombres", témoigne un homme interrogé dans le 19h30.

Le temps du deuil s’installe désormais en Turquie. Et pour les survivants, le défi est aussi de continuer à vivre au milieu de ces champs de ruines.

>> Le reportage du 19h30 :

"Ce que j'ai vu, c'est une catastrophe, il est très difficile de décrire la situation. Ce que j'ai vu m'a complètement détruite. J'ai vu une ville complètement disparue", a expliqué dans Forum Ceylan Inan, une jeune habitante d'Istanbul qui s'est rendue sur les lieux du séisme.

>> Son interview complète :

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2003, s'en est souvent pris à l'Occident. Mais il ne pourra plus développer sa stratégie anti-occidentale puisqu'il a accepté l'aide des pays occidentaux après les séismes.

>> L'interview dans Forum de Sinan Ülgen, ancien diplomate et fondateur du centre de recherche économique et de politique étrangère :

Critiqué pour sa gestion du séisme et pour des bâtiments de médiocre qualité dans le pays, le président turc Recep Tayyip Erdogan a comparé l'impact des deux séismes ayant frappé le pays la semaine dernière à des "bombes atomiques". Il a aussi estimé que n'importe quel pays aurait fait face aux mêmes difficultés que la Turquie à la suite d'une telle catastrophe.

Plus de 2,2 millions de personnes ont quitté les zones frappées par les séismes, a indiqué par ailleurs le chef de l'Etat, ajoutant que les conditions des opérations menées dans ces zones s'amélioraient de jour en jour.

La tenue des élections présidentielle et législatives prévue en mai semble incertaine après le séisme qui a dévasté le sud de la Turquie.

Le président Recep Tayyip Erdogan n'a pas dit un mot depuis la catastrophe à propos des scrutins prévus pour le 14 mai mais, au sein de son parti - l'AKP - et des formations de l'opposition, les conjectures vont bon train sur leur possible ajournement.

>> Les interviews de deux politiciens turcs, Bülent Akarcali et Didem Engin :

L'effondrement brutal de milliers bâtiments, qui trahit leur médiocre construction et n'a laissé pratiquement aucune chance à leurs résidents, suscite la colère en Turquie.

De nombreux entrepreneurs du secteur du bâtiment ont été arrêtés et plusieurs enquêtes ont été lancées.

>> Les interviews dans Forum de Nurdane Caglar, urbaniste et sociologue, et Jean-François Pérouse, ancien directeur de l'institut français de l'étude anatolienne à Istanbul. :

Une semaine après les terribles séismes qui ont frappé la Turquie, comment les rescapés voient-ils l'action du gouvernement?

Céline Pierre-Magnani, correspondante en Turquie, a recueilli des témoignages poignants dans des régions où aucune aide, aucun secours n'est parvenu avant plusieurs jours.

"Hier matin, on entendait encore les voix qui appelaient au secours dans les ruines, mais elles se sont tues". Faute de machines de chantier, les survivants ne pouvaient pas intervenir. Il n'y avait pas non plus de véhicule de secours.

"Où est l'Etat? Il n'y a pas un seul officiel": de nombreux rescapés ont également montré leur colère de ne pas voir un représentant du gouvernement les soutenir dans cette terrible épreuve.

>> Les explications dans Forum de Céline Pierre-Magnani :

Les Turcs et les Syriens, touchés par le séisme dans leur pays, doivent pouvoir rejoindre leurs proches en Suisse pour une durée limitée. La commission de politique extérieure du National enjoint le Conseil fédéral d'agir en ce sens.

La commission demande au gouvernement d'apporter une aide rapide et non bureaucratique pour permettre aux personnes touchées de rejoindre leurs proches en Suisse pendant l'hiver. La décision est tombée par 16 voix contre 7, indiquent mardi les services du Parlement.

>> Les explications dans le 19h30 :

>> Lire également : Appel pour un accueil rapide en Suisse de victimes du séisme en Turquie

La Turquie et la Syrie ont été durement frappées par des séismes la semaine dernière, mais l’aide humanitaire occidentale peine à arriver côté syrien. Fabrice Balanche, spécialiste de la région, énumère les obstacles dans le Point J.

"Côté Damas, les relations diplomatiques sont rompues avec beaucoup de pays occidentaux. Le pays est sous sanctions. Cela ne facilite pas les transactions et l’envoi d’aide humanitaire. Côté Idleb, c’est une zone dirigée par des djihadistes et qui n’est pas sûre du tout. Envoyer des secouristes dans une zone où leur sécurité n’est pas assurée paraît difficile", souligne le maître de conférences à Lyon 2.

Ecouter le podcast du Point J:

EPA KEYSTONE - SEDAT SUNA

Un convoi d'aide de l'ONU est entré vers les zones rebelles du nord de la Syrie par le poste-frontière de Bab al-Salama avec la Turquie, pour la première fois depuis 2020.

Le convoi est composé de 11 camions d'aide humanitaire de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), a indiqué un porte-parole de cette organisation onusienne à Genève.

Les camions transportent notamment des tentes, des matelas, des couvertures et des tapis, a déclaré le porte-parole de l'OIM.

Le poste-frontière de Bab al-Salama relie la Turquie au nord de la province d'Alep contrôlée par des factions syriennes fidèles à Ankara, où vivent 1,1 million de personnes. Il avait été fermé à l'aide humanitaire de l'ONU en 2020 sous la pression de la Russie, alliée du régime de Bachar al-Assad.

Le secrétaire général de l'ONU a lancé un appel d'urgence aux dons de près de 400 millions de dollars pour aider les populations victimes du séisme en Syrie pendant trois mois.

"Aujourd'hui, j'annonce que l'ONU lance un appel humanitaire de 397 millions de dollars pour les populations victimes du séisme qui a ravagé la Syrie. Cela couvrira une période de trois mois", a déclaré Antonio Guterres à la presse, précisant qu'un appel aux dons équivalent pour la Turquie était en préparation.

Il a appelé tous les Etats membres à "financer totalement et sans délai" cet appel aux dons, pour garantir "une aide humanitaire dont près de 5 millions de Syriens ont désespérément besoin, dont des abris, des soins médicaux, de la nourriture".

"Les besoins sont immenses" et "nous savons tous que l'aide qui sauve des vies n'entre pas à la vitesse et à l'échelle nécessaires", a insisté le secrétaire général.

"Une semaine après les séismes dévastateurs, des millions de personnes à travers la région luttent pour survivre, sans abri et confrontés à des températures glaciales."

Plus de sept millions d'enfants sont affectés par les séismes dévastateurs qui ont frappé la Turquie et la Syrie, a indiqué l'Unicef, craignant que plusieurs milliers d'entre eux n'aient perdu la vie.

"En Turquie, le nombre total d'enfants vivant dans les dix provinces touchées par les deux tremblements de terre s'élevait à 4,6 millions d'enfants. En Syrie, 2,5 millions d'enfants sont touchés", a déclaré James Elder, un porte-parole de l'organisation, lors d'un point de presse régulier à Genève.

"Les enfants et les familles ont désespérément besoin d'un soutien supplémentaire. De nombreux membres du personnel de nos organisations partenaires locales et des intervenants de première ligne ont été tués, blessés, déplacés, et leurs bureaux et équipements détruits", a-t-il ajouté.

Dans les gravats et les décombres, des centaines de milliers de sans-abris affrontent la faim et le froid en Turquie et en Syrie. Les autorités tentent d'atténuer la catastrophe humanitaire causée par le séisme.

Alors que les chances de retrouver des survivants deviennent quasiment nulles, la priorité est désormais l'aide aux centaines de milliers voire aux millions de personnes dont les logements ont été détruits par le tremblement de terre.

Selon le gouvernement turc, quelque 1,2 million de personnes ont été logées dans des résidences pour étudiants, plus de 206'000 tentes ont été dressées dans dix provinces et 400'000 sinistrés ont été évacués des régions dévastées.

Une délégation de l'ONU est entrée pour la première fois depuis le séisme meurtrier dans les zones rebelles du nord-ouest de la Syrie. Elle doit évaluer les besoins de ces régions durement affectées.

La délégation est entrée par le poste-frontière de Bab al-Hawa avec la Turquie, alors que la lenteur de l'arrivée des aides internationales a été critiquée par les secouristes et les militants locaux.

"C'est en grande partie une mission d'évaluation", a indiqué Kenn Crossley, directeur du Programme alimentaire mondial en Syrie.

Plus de quatre millions de personnes vivent dans des conditions souvent déplorables dans le nord-ouest de la Syrie, dernier bastion rebelle.

L'Organisation mondiale de la santé a qualifié le séisme de "pire désastre naturel en un siècle" à toucher un pays de sa zone européenne, avec un bilan qui dépasse désormais les 35'000 morts.

"Nous sommes les témoins du pire désastre naturel dans la région de l'OMS Europe en un siècle et nous sommes toujours en train d'en mesurer l'ampleur", a affirmé le directeur de sa branche européenne, Hans Kluge.

"Son véritable coût n'est pas encore connu et s'en remettre et en guérir prendra du temps et des efforts phénoménaux", a-t-il souligné lors d'une conférence de presse sur internet.

Le bilan mardi en milieu de journée atteignait 35'662 morts (31'974 morts en Turquie et 3688 en Syrie) et il "va probablement encore augmenter", selon le responsable onusien.

Quelque 26 millions de personnes ont "besoin d'assistance humanitaire" en Turquie et en Syrie, a-t-il rappelé.

Le déploiement médical d'urgence, avec trois avions et du matériel de soins pour 400'000 personnes, est le plus grand des 75 ans d'existence de l'OMS Europe.

Huit jours après le séisme en Turquie et en Syrie, l'aide humanitaire aux populations syriennes reste insuffisante, déplorent des responsables de l'organisation Mehad, inquiets de l'ouverture de points de passage sous le contrôle de Damas et non des Nations unies.

Le président syrien Bachar al-Assad a décidé lundi d'ouvrir les deux points de passage de Bab Al-Salam et d'Al Ra'ee entre la Turquie et le nord-ouest de la Syrie pour une période initiale de trois mois.

>> Ecouter le sujet du 12h30 :

afp

"Il est impératif que l'ouverture des couloirs humanitaires soit une décision des Nations unies et que ces points de passage se fassent uniquement sous le contrôle de la communauté internationale, seule garante que l'aide humanitaire puisse arriver aux populations du nord-ouest syrien", a réagi le professeur Raphaël Pitti, médecin humanitaire au sein de l'organisation Mehad.

Il a déploré par ailleurs "la lenteur d'une décision (...) qui aurait dû se faire dès le lendemain" du séisme, qui a fait plus de 35'000 morts dans les deux pays, selon un dernier bilan.

>> Les précisions du 12h45 :

Le gouvernement turc multiplie les actions à l'encontre du secteur du bâtiment. Des dizaines d'entrepreneurs, d'experts du bâtiment et de promoteurs immobiliers ont été arrêtés. Ils sont accusés de ne pas avoir respecté les normes légales.

Mais certains observateurs affirment qu'en vue des prochaines élections, le président Recep Tayyip Erdogan chercherait surtout à sauver sa peau. Plusieurs voix l'accusent d'avoir fermé les yeux sur les pratiques douteuses de cette industrie, car une partie de ses acteurs serait proches du président.

L'opposition est virulente en ce moment. Elle dénonce la corruption gouvernementale et elle se demande où sont passés les milliards de livres de taxes perçues après le tremblement de terre de Marmara en 1999. Cet argent aurait dû servir à renforcer les bâtiments.

>> Ecouter le sujet du 12h30 :

Keystone - IHA via AP

Un avion saoudien chargé d'aide pour les victimes du séisme meurtrier du 6 février a atterri à Alep, a annoncé le ministère syrien des Transports. "C'est le premier avion d'Arabie saoudite à atterrir en Syrie depuis plus de dix ans", a déclaré un responsable du ministère des Transports qui a requis l'anonymat.

L'avion saoudien est chargé de 35 tonnes de vivres et deux autres avions chargés d'aide humanitaire sont attendus mercredi et jeudi, a indiqué un autre responsable du ministère des Transports.

Un jeune homme de 18 ans a été extrait des décombres d'un immeuble dans le sud de la Turquie, quelque 198 heures après les tremblements de terre meurtriers qui ont frappé le pays, alors que les travailleurs humanitaires se concentrent sur les personnes sans abri dans le froid glacial en Turquie et en Syrie.

Un peu plus tôt, des sauveteurs ont sorti vivants des ruines d'un immeuble dans la province turque de Kahramanmaras deux frères de 17 et 21 ans, a rapporté l'agence de presse Anadolu.

Les secouristes ont encore travaillé toute la nuit pour trouver des survivants, mais certaines équipes ont commencé à réduire leurs opérations, les basses températures réduisant les chances de survie.

Des sauveteurs polonais, qui font partie des nombreuses équipes internationales arrivées par avion dans le pays, ont annoncé qu'ils partiraient mercredi.

Dans la ville syrienne d'Alep, en ruines, Martin Griffiths, coordonnateur des secours d'urgence de l'Onu, a déclaré lundi que la phase de sauvetage "touchait à sa fin", l'accent étant mis sur les abris, la nourriture et la scolarisation.

L'aide internationale se concentre essentiellement sur les besoins primaires comme la nourriture, l'eau et un abri pour les survivants. Mais les besoins spécifiques des femmes, tout comme ceux des personnes LGBTQ+, ne sont pas toujours pris en compte.

Sur le terrain, ce sont donc les groupes les représentant qui endossent ce rôle. Ainsi, l'un des groupes féministes les plus populaires en Turquie a utilisé son compte Twitter pour faire le lien entre les besoins des femmes et l'aide gouvernementale.

Et pour Hazal Atay, chercheuse à SciencesPo Paris, l'investissement des activistes est précieux dans cette gestion de la crise.

>> L'interview d'Hazal Atay dans La Matinale :

EPA - Refik Tekin

Parmi les nombreuses victimes dont les corps sont retirés des décombres dans le sud de la Turquie figurent de nombreux Syriens. Plusieurs centaines de milliers de familles s'étaient installées dans la région après avoir fui la répression du régime de Damas.

Et chaque jour, des dizaines de corps sont renvoyés pour être enterrés en Syrie - notamment dans la province d’Idleb, dernière enclave rebelle.

>> Le reportage de Noé Pignède dans La Matinale :

AP/Keystone - Hussein Malla

La Syrie a accepté d'ouvrir deux nouveaux points de passage transfrontaliers entre la Turquie et le nord-ouest de la Syrie pour trois mois pour acheminer l'aide humanitaire aux victimes du séisme, a annoncé le secrétaire général de l'ONU.

"Je salue la décision aujourd'hui du président syrien Bachar al-Assad d'ouvrir les deux points de passage de Bab Al-Salam et Al Ra'ee entre la Turquie et le nord-ouest de la Syrie pour une période initiale de trois mois", a déclaré Antonio Guterres dans un communiqué.

Washington a rapidement salué cette annonce, si elle était bien suivie d'effet.

"Si le régime est sérieux à ce sujet, si le régime est prêt à passer des mots aux actes, alors cela serait une bonne chose pour le peuple syrien", a déclaré à la presse Ned Price, porte-parole du département d'Etat américain.

Avant le séisme qui a frappé la Syrie et la Turquie, la quasi-totalité de l'aide humanitaire cruciale pour plus de 4 millions de personnes vivant dans les zones rebelles du nord-ouest de la Syrie était acheminée à partir de la Turquie par le point de passage de Bab al-Hawa, le seul autorisé par le Conseil de sécurité.

Après le choc, la colère s'installe dans les villes dévastées de Turquie. Les habitants dénoncent des constructions qui ne respectent pas les normes sismiques et exigent des sanctions contre les responsables.

La justice turque a déjà ouvert 134 enquêtes contre des promoteurs, architectes ou ingénieurs.

>> Le reportage du 19h30 :

Plusieurs d'entre eux ont aussi été arrêtés. La justice les soupçonne en premier lieu d'avoir enfreint les normes de protection contre les séismes.

Des manquements sont évidents, selon l'architecte Charles Pictet, interrogé dans le 19h30: "On voit des dalles empilées les unes sur les autres, entières. Entre les deux, les porteurs verticaux sont couchés. Ce sont des immeubles qui sont construits avec des systèmes de poteaux poutres, et ensuite on vient bétonner les dalles. Mais il n'y a rien qui tient ensemble."

>> Les explications de Raphaël Grand :

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté lundi soir à Bâle leur soutien aux victimes des séismes du 6 février en Turquie et en Syrie. Au nom du gouvernement bâlois, son président Beat Jans a exprimé ses sincères condoléances.

"Bâle est en deuil". De nombreuses personnes dans la ville ont perdu des proches, des amis et des connaissances suite au tremblement de terre, a déclaré Beat Jans. Il a assuré que l'émotion était grande et a déclaré que le gouvernement bâlois avait déjà alloué 200'000 francs d'aide dans un premier temps, à la demande de la Croix-Rouge.

Le président syrien Bachar al-Assad a lancé un appel à l'aide internationale pour reconstruire les régions de son pays détruites par le séisme, lors d'une rencontre avec le coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, a annoncé la présidence.

La Syrie est isolée sur la scène diplomatique depuis le début de la guerre déclenchée par la violente répression d'un soulèvement populaire contre le pouvoir en 2011. Cet isolement complique les efforts internationaux pour acheminer de l'aide aux victimes du séisme.

Le président Assad "a souligné  l'importance des efforts internationaux visant à aider à la reconstruction des infrastructures en Syrie", selon un communiqué de la présidence.

Martin Griffiths, secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires, a également rencontré à Damas le chef de la diplomatie syrienne Fayçal Moqdad. Il s'était rendu auparavant à Alep, une ville du nord de la Syrie sous contrôle gouvernemental, où le séisme a fait plus de 200'000 sans-abri, selon l'Organisation mondiale de la Santé.

A Alep, Martin Griffiths a déclaré à la presse que l'ONU tentait de lever des fonds pour les organisations qui viennent en aide aux Syriens.

"Les appels qui seront lancés dans les prochains jours, un pour la Syrie, un pour la Turquie, couvriront les besoins humanitaires pour environ trois mois", a-t-il déclaré.

Le Soudan a annoncé avoir acheminé par avion 30 tonnes d'aide humanitaire à la Syrie frappée par le séisme.

L'aide envoyée à Damas comprend "30 tonnes de nourriture, de fournitures médicales, de couvertures et d'autres matériels", et fait suite à une livraison semblable d'aide à la Turquie vendredi, a indiqué le ministère des Affaires étrangères à Khartoum.

Le commandant en chef de l'armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhane, qui a pris le pouvoir lors d'un coup d'Etat militaire en 2021, a appelé le président syrien Bachar al-Assad "pour lui présenter ses condoléances" pour les victimes du séisme.

La Chaîne du Bonheur a déjà récolté plus de 16 millions de francs pour les victimes des séismes en Turquie et en Syrie. Elle veut privilégier la Syrie, là où la situation est la plus difficile sur le plan humanitaire. Problème: le régime de Bachar al-Assad est connu pour se servir de l'argent dévolu à l'aide humanitaire, selon un rapport publié en 2019 par l'ONG Human Rights Watch.

"L'enjeu aujourd'hui est d'atteindre les populations qui ont été les plus affectées par ce séisme", a expliqué lundi dans Forum Miren Bengoa, directrice de la Chaîne du Bonheur.

"Plus de 33'000 personnes sont décédées mais il y aussi des millions de déplacés et un nombre incalculable de destructions. Il appartient à la Chaîne du Bonheur qui a appelé tous ses donateurs à la solidarité de s'efforcer d'amener ces fonds là où ils seront le plus utiles et nécessaires. Ce sera évidemment dans les deux pays mais nous avons conscience aujourd'hui que la Syrie en aura un besoin encore plus criant", a relevé Miren Bengoa.

Mais comment garantir que cet argent ira aux victimes? "Par le biais de nos partenaires, nos ONG accréditées avec lesquelles nous collaborons depuis de très nombreuses années. Nous avons déjà une présence sur le terrain. Quinze millions de personnes en Syrie étaient déjà en besoin urgent d'aide humanitaire."

"Nous sommes en train de faire toutes les évaluations nécessaires pour acheminer l'aide en Syrie", a conclu la directrice de la Chaîne du Bonheur.

>> Son interview complète dans Forum :

Après une bonne semaine à rechercher des survivants du séisme, les spécialistes de la Chaîne suisse de sauvetage sont rentrés lundi soir de Turquie. Leur avion a atterri en début de soirée à Zurich-Kloten. L'aide d'urgence entre maintenant dans une deuxième phase.

Ces 87 experts, accompagnés de huit chiens, ont pu sauver des décombres onze personnes, dont un bébé et sa maman, avec l'aide de spécialistes de l'Aide militaire en cas de catastrophe.

>> Lire : En Turquie, les sauveteurs suisses sortent des décombres une famille avec un nouveau-né

L'équipe d'intervention rapide du Corps suisse d'aide humanitaire (CSA) a pris le relais dès samedi en arrivant dans la province d'Hatay, pour la deuxième phase de l'aide d'urgence. Ces spécialistes se concentrent principalement sur l'aide aux survivants.

Quelque 300 tentes d'hiver destinées à 1500 personnes sont en cours d'acheminement vers la Turquie. Trois cents autres vont suivre pour la Syrie.

>> Lire : Les secouristes suisses ont terminé leur mission en Turquie et sont rentrés

Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira lundi à huis clos pour discuter de la situation humanitaire en Syrie après le séisme, alors que les appels à ouvrir de nouveaux passages transfrontaliers pour acheminer l'aide vers le nord-ouest du pays se multiplient.

Lors de cette réunion privée demandée par la Suisse et le Brésil, en charge de ce dossier, le chef humanitaire de l'agence de l'ONU Martin Griffiths, qui s'est rendu sur le terrain en Turquie et en Syrie ce week-end, présentera une évaluation de la situation aux membres du Conseil.

"Jusqu'à présent, nous avons fait défaut aux gens du nord-ouest de la Syrie", a-t-il reconnu sur Twitter. "Ils se sentent à juste titre abandonnés" en voyant que l'aide humanitaire n'arrive pas et il faut "corriger cet échec au plus vite".

Les sauveteurs continuent d'extirper des survivants des décombres une semaine après le séisme. Ces sauvetages semblent inespérés, bien au-delà de la période cruciale des 72 heures après la catastrophe.

Dans la nuit de dimanche à lundi, sept personnes ont été dégagées vivantes, selon la presse turque, dont un enfant de 3 ans à Kahramanmaras et une femme de 60 ans à Besni. Une femme de 40 ans a aussi été sauvée au bout de 170 heures à Gaziantep.

A Kahramanmaras, proche de l'épicentre du séisme, des excavateurs creusaient et fouillent toujours les ruines, pendant que des sinistrés, blottis autour d'un feu, attendent des nouvelles de leurs proches.

Dans la ville méridionale, 30'000 tentes ont été dressées, tandis que 48'000 personnes sont hébergées dans les écoles et 11'500 dans des salles de sport, a fait savoir le ministre de l'Intérieur Suleyman Soylu.

Dans le même temps, les opérations de recherche ont pris fin à Sanliurfa, Kilis, Osmaniye et Adana, selon les médias turcs.

Les écoles primaires et secondaires de 10 villes ayant souffert du tremblement de terre resteront fermées jusqu'au 1er mars, a déclaré le ministre de l'Education Mahmut Ozer.

Dans les autres cités, les écoles rouvriront le 20 février.

La tenue des élections présidentielle et législatives en mai semble incertaine après le séisme qui a dévasté le sud de la Turquie et a déjà obligé l'alliance de l'opposition à différer l'annonce du nom de son candidat. Celle-ci aurait dû avoir lieu lundi.

Le président Recep Tayyip Erdogan n'a pas dit un mot depuis la catastrophe à propos des scrutins prévus pour le 14 mai mais, au sein de son parti - l'AKP - et des formations de l'opposition, les conjectures vont bon train sur leur possible ajournement.

Le séisme "va changer la donne non seulement pour le gouvernement mais aussi pour l'opposition", juge Berk Esen, de l'université Sabanci d'Istanbul.

"Ces terribles événements ont fourni à l'opposition de nouvelles munitions contre le gouvernement - propulsées par la colère et les griefs de la population" qui juge pour partie que l'aide a trop tardé, renchérit l'analyste Anthony Skinner.

Avant le tremblement de terre, beaucoup doutaient déjà de la capacité de l'opposition, réunie en grande partie dans une Alliance nationale rassemblant six partis, à annoncer son candidat commun lundi.

Le bilan du violent séisme qui a frappé le 6 février la Turquie et la Syrie s'élève lundi à 35'225 morts, selon les derniers bilans officiels.

Le tremblement de terre de magnitude 7,8 a fait 31'643 morts dans le sud de la Turquie, a annoncé l'Afad, organisme public turc de gestion des catastrophes, tandis que les autorités ont dénombré 3581 morts en Syrie. L'ONU a indiqué dimanche que le bilan pourrait encore "doubler".

Des miraculés sortent toujours des gravats

Près de 180 heures après la catastrophe, des excavateurs fouillent toujours les ruines, notamment près de l’épicentre.

Une semaine après le séisme, trouver des rescapés relève du miracle. Pourtant, une fille de 4 ans a été sortie vivante des décombres en matinée.

Pour les survivants, les conditions sont difficiles. "Nous dormons dans la boue, il n'y a pas assez de tentes dans le village, alors nous restons tous ensemble", a témoigné dans le 12h45 une habitante de Polat.

>> Voir le sujet du 12h45 :

La situation particulièrement complexe en Syrie, où Bab-al Hawa, dans le nord-ouest, reste le seul point de passage opérationnel depuis la Turquie vers les zones rebelles, ravagées elles aussi par le séisme.

Des camions, avec à leur bord de quoi confectionner des abris d'urgence à l'aide de bâches en plastique, de couvertures, de matelas, des cordes ou encore des vis et des clous, ont franchi la frontière.

Selon le chef de l'Organisation mondiale de la Santé Tedros Adhanom Ghebreyesus, le président syrien Bachar al-Assad s'est montré prêt dimanche à envisager l'ouverture de nouveaux points de passage pour acheminer l'aide aux zones rebelles.

"Les crises cumulées du conflit, du Covid, du choléra, du déclin économique et maintenant du tremblement de terre ont fait des ravages insupportables", a-t-il déclaré la veille à Alep lors d'une téléconférence de presse.

Selon un responsable du ministère syrien des Transports, 62 avions chargés d'aide humanitaire ont jusqu'à présent atterri dans le pays ravagé par un séisme il y a une semaine. D'autres appareils en provenance notamment d'Arabie saoudite sont attendus dans les heures et jours à venir.

Le puissant mouvement libanais Hezbollah, allié du gouvernement syrien, a de son côté envoyé dimanche un convoi dans l'ouest de la Syrie, avec des "vivres" et des "fournitures médicales".

Sur le front diplomatico-humanitaire, la Turquie et la Grèce ont mis une sourdine à leur longue rivalité historique, avivée par des contentieux territoriaux, économiques et migratoires, au profit de la solidarité. Athènes avait été l'un des tout premiers pays à annoncer de l'aide à son voisin.

Le président syrien Bachar al-Assad a également remercié dimanche les Emirats arabes unis pour leur "énorme aide humanitaire", alors qu'il recevait à Damas le chef de la diplomatie émiratie, Abdallah ben Zayed Al-Nahyane.

La directrice de la Chaîne du Bonheur Miren Bengoa a expliqué dans La Matinale que la majorité des sommes récoltées en faveur des victimes du séisme partira en direction de la Syrie,

"En Turquie, le gouvernement a pris la main sur la réponse à donner, alors qu'en Syrie, la situation est bien plus complexe", a-t-elle défendu.

Ces fonds financeront des projets dans les secteurs de la santé, dans la distribution de moyens financiers et serviront à venir en aide aux familles déplacées.

>> Écouter l'interview de Miren Bengoa dans la Matinale :

KEYSTONE - Laurent Gillieron

Berlin va faciliter l'octroi de visas de trois mois pour les victimes syriennes et turques du séisme ayant de la famille en Allemagne, a annoncé samedi la ministre de l'Intérieur.

"Il s'agit d'une aide d'urgence", explique Nancy Faeser dans le quotidien Bild. "Nous voulons permettre à des familles turques ou syriennes en Allemagne de faire venir chez elles leurs proches parents de la région sinistrée, sans bureaucratie".

Les habitants des zones sinistrées par le séisme, qui a fait plus de 25'000 morts, pourront ainsi disposer "de visas réguliers, délivrés rapidement et valables trois mois", ajoute la ministre au sujet de cette initiative conjointe des ministères de l'Intérieur et des Affaires étrangères.

Cette procédure facilitée pourrait ainsi permettre aux victimes de "trouver un abri et de recevoir un traitement médical" en Allemagne.

Environ 2,9 millions de personnes d'origine turque vivent en Allemagne, dont plus de la moitié (1,5 million) ont la nationalité turque.

>> Écouter aussi les détails de la Matinale :

EPA/KEYSTONE - TOLGA BOZOGLU

La gestion de la catastrophe passe désormais dans une nouvelle phase, celle de la prise en charge de plus d'un million de personnes privées de logement.

Dans la ville turque de Malatya, des dizaines de milliers de personnes ont dû fuir leur logement qui menaçait de s’effondrer après les séismes. Mais les tentes, cruciales au coeur de l’hiver glacial, sont en rupture de stock.

>> Le reportage de Céline Pierre-Magnani dans La Matinale :

Reuters - Sertac Kaya

Très peu d’informations parviennent des zones syriennes sous contrôle du régime de Damas, les journalistes étrangers n’y ayant pas accès. Mais certains témoignages donnent une idée de l'ampleur de la catastrophe.

Alep était déjà une ville à terre avant le séisme. Elle avait été en partie détruite avant d’être reprise par les forces syriennes en 2018. Et le séisme de la semaine dernière a replongé ses habitants dans un profond désespoir.

>> Témoignages recueillis par Marcel Alin et Céline Martelet :

AP/Keystone - Ghaith Alsayed

Une femme d'une trentaine d'années et un enfant de cinq ans ont été sortis vivants des décombres dimanche, six jours après le séisme en Turquie, par une équipe de Salvadoriens à Sehit Aileleri (sud), a annoncé le président salvadorien Nayib Bukele.

"L'équipe de secouristes salvadoriens, avec le soutien de secouristes turcs, viennent de réussir le sauvetage de deux survivants, une femme et un enfant, après plus de 150 heures passées sous les décombres", a écrit le président Bukele sur Twitter.

Le président a joint à son message une vidéo sur laquelle on peut voir un enfant immobile être sorti des décombres par les secouristes salvadoriens et placé sur un brancard, alors qu'on entend des cris et des pleurs des gens autour de la scène.

On voit ensuite le moment où une femme, qui parvient à bouger ses bras, est sortie à son tour avant qu'on lui place un collier orthopédique et qu'on l'allonge sur un brancard.

Le Salvador avait dépêché mercredi en Turquie une équipe de secours forte de cent membres, dont 58 soldats spécialistes de la recherche et le sauvetage, 42 pompiers et médecins et plusieurs chiens.

Depuis quelques heures, les chances de retrouver des survivants sous les décombres s'amenuisent. Pourtant, les secouristes ne désespèrent pas et ont changé de stratégie, selon l'envoyé spécial de la RTS Raphaël Grand.

Dans un quartier de Gaziantep, les opérations sont encore en cours. "Aujourd'hui, les pelles mécaniques ont très rapidement essayé de déplacer les débris des bâtiments qui s'étaient effondrés. Maintenant, les secouristes essaient d'atteindre les sous-sols, les parkings souterrains qui pourraient faire office de poches de survie", explique Raphaël Grand dans l'émission Forum.

"Les secouristes nous disent qu'ils ont encore l'espoir de retrouver des gens vivants, des miraculés, six jours après la catastrophe", détaille-t-il.

>> Ecouter les propos de Raphaël Grand depuis Gaziantep dans Forum :

Près d'une semaine après le tremblement de terre, les équipes de secours suisses se préparent à rentrer lundi. La Chaîne suisse de sauvetage a terminé son travail sur les sites sinistrés qui lui avaient été attribués.

La démobilisation a lieu en accord avec les autorités turques et en coordination avec les autres équipes internationales de sauvetage, a appris l'agence Keystone-ATS auprès du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Les 87 membres de la Chaîne de sauvetage s'étaient rendus en Turquie lundi dernier, le jour même du séisme.

Samedi, un deuxième groupe de douze personnes du Corps suisse d'aide humanitaire (CSA) est arrivé dans le district de Hatay. Le transfert de la Chaîne suisse de sauvetage à l'équipe du CSA s'est fait dimanche à midi. Les membres du CSA se concentrent sur l'aide à la survie des personnes touchées sur place.

Le bilan du violent séisme qui a frappé lundi la Turquie et la Syrie s'élève dimanche à 33'179 morts, selon les derniers bilans officiels.

Le tremblement de terre de magnitude 7,8 a fait 29'605 morts dans le sud de la Turquie, a annoncé dimanche l'Afad, l'organisme public turc de gestion des catastrophes, tandis que les autorités ont dénombré 3574 morts en Syrie. Selon l'Onu, le bilan pourrait "doubler".

>> Retrouvez dans le détail les événements de jeudi: La banque mondiale annonce une aide de 1,78 milliard de dollars pour la Turquie