Alors que le gouvernement français veut faire passer l'âge du départ à la retraite de 62 à 64 ans, de nombreuses manifestations ont eu lieu dans l'Hexagone ces derniers jours pour dénoncer le projet.
A l'Assemblée nationale, la gauche s'y oppose avec force et on est loin d'un climat apaisé. C'est ainsi que le pays fonctionne, à en croire Roselyne Bachelot, qui a été quatre fois ministre ces vingt dernières années.
"La crise permanente, c'est ce qui nourrit notre vie politique", assène-t-elle. A ses yeux, le peuple français "ne rêve que d'égalité et ne souhaite que des privilèges".
"La France insoumise est un parti de culture trotskiste"
Roselyne Bachelot, 76 ans, a été ministre de la Culture entre 2020 et 2022, lors du premier quinquennat d'Emmanuel Macron. Elle publie un livre pour raconter ce mandat en pleine pandémie. Le titre est à l'image de son célèbre franc-parler: "682 jours - Le bal des hypocrites".
Invitée lundi dans le 19h30, la politicienne de tradition gaulliste ne trahit pas sa réputation. Ses mots sont durs pour qualifier les opposants à Emmanuel Macron au Parlement. "Le principal groupe d'opposition, la France insoumise, est un parti de culture trotskiste qui ne comprend et n'accepte pas la démocratie parlementaire. Il n'y a donc pas de possibilité que cela marche", déclare-t-elle.
Lorsqu'on lui fait remarquer que le camp du président n'hésite pas à faire usage de l'article 49.3, un instrument qui permet de passer en force au législatif, elle rétorque: "C'est la majorité relative. Vous voudriez qu'il cède à ceux qui sont encore beaucoup plus minoritaires que lui? Vous avez une drôle d'idée de la démocratie!"
Combat de Robespierre et de Danton
Roselyne Bachelot estime que le peuple suisse, qui a augmenté récemment l'âge de la retraite des femmes à 65 ans, est lui "admirable" et "réaliste".
Mais elle ne souhaite pas sa culture pour la France. "Notre culture, c'est celle du combat de Robespierre et de Danton, de ceux qui veulent couper des têtes et ceux qui s'opposent à ceux qui voudraient que cela se passe un peu mieux et avec un peu plus de dialogue", soutient-elle.
Je suis plutôt du côté de Danton
Roselyne Bachelot ajoute que le système français a ses mérites, tels que des politiques sociales "extrêmement performantes" et des politiques culturelles "saluées".
La femme politique conclut avec une anecdote: "Il y avait une Québécoise qui parlait à la radio publique. Elle a dit [elle imite l'accent]: 'Vous, les Français, je ne vous comprends pas, parce que vous êtes tout le temps en train de vous plaindre et vous êtes dans un pays de cocagne.' Cette Québécoise a bien résumé ce que nous sommes!"
Interview et sujet TV: Philippe Revaz et Marie-Emilie Catier
Adaptation web: Antoine Michel