Les auteurs du rapport appellent ce phénomène le backlash, c’est-à-dire "le retour de bâton" ou "le revirement conservateur". A la manœuvre, une alliance hétéroclite de groupes politiques d’extrême-droite et de mouvements religieux fondamentalistes ou anti-droits.
Si l'on connaît la situation tragique des femmes afghanes ou iraniennes, les regards doivent aussi se tourner vers les pays occidentaux où les exemples ne manquent pas, souligne le rapport. Il y a notamment la révocation du droit à l’avortement par la Cour suprême américaine, les restrictions d’accès à la contraception en Pologne ou en Hongrie, sans oublier les menaces sur l’éducation sexuelle chez les jeunes.
Des pistes pour freiner cette offensive
Le rapport souligne également qu’aucun Etat n’est à l’abri d’un revirement conservateur. Ainsi, des pays considérés comme avant-gardistes à une certaine époque peuvent rapidement se retrouver du côté réactionnaire. Pour cette raison, le rapport appelle à ce que les droits des femmes et les approches féministes deviennent des priorités des agendas diplomatiques. Il demande par ailleurs que les Etats osent davantage se lancer dans des politiques étrangères féministes.
Invitée mardi dans La Matinale de la RTS, Lucie Daniel, experte plaidoyer à l'Association Equipop, dresse des pistes pour freiner ce phénomène. "Parmi ces recommandations, il y a le fait de soutenir davantage financièrement et politiquement les mouvements féministes. On encourage aussi à défendre et protéger les activistes féministes qui sont les cibles de campagnes d'harcèlement. Enfin, le dernier point est le levier diplomatique, notamment au sein des instances multilatérales comme l'ONU ou l'Union européenne avec des prises de paroles fermes".
Conséquences du séisme du Turquie
Certains pays comme la Turquie voient également leur situation s'aggraver en raison du séisme qui a traversé le pays. En effet, l'aide internationale se concentre essentiellement sur les besoins primaires: de la nourriture, de l'eau et un abri pour les survivants. Conséquence: les besoins spécifiques des femmes, mais aussi des personnes LGBTQ+ ne sont pas toujours pris en compte. Sur le terrain, ce sont donc aux féministes et aux activistes Queer d'endosser ce rôle.
Par exemple, un des groupes féministes les plus populaires a utilisé son compte Twitter pour faire le lien entre les besoins des femmes et l'aide gouvernementale. Pour Hazal Atay, chercheuse à SciencesPo Paris, l'investissement des activistes est précieux dans cette gestion de la crise. "Des groupes féministes ont donné des serviettes hygiéniques, des tampons, des couches pour bébé aux sinistrées. Des hotlines ont également été mises en place dans le cas de violences spécifiques", a-t-elle indiqué mardi dans La Matinale.
"On peut imaginer aussi que les femmes n'osent pas demander des moyens de contraception". C'est un tabou car en Turquie, la contraception est critiquée par le président et l'avortement presque inaccessible. Avant le séisme, seule une vingtaine d'hôpitaux le pratiquaient à travers le pays. Pour l'heure, il est impossible de savoir combien d’entre eux sont encore debout.
>> Ecouter l'interview d'Hazal Atay:
Sujets radio: Nicolas Vultier/Léa Bucher
Texte web: Hélène Krähenbühl