"Je suis candidate à l'élection présidentielle", a déclaré Nikki Haley dans une vidéo envoyée à ses soutiens et publiée sur les réseaux sociaux. La républicaine de 51 ans connue pour son franc-parler était pressentie depuis plusieurs semaines pour se lancer dans la course.
"Même dans nos jours les plus sombres, nous avons une chance incroyable de vivre en Amérique", affirme dans ce message cette fille d'un couple d'immigrés indiens, qui a grandi dans une petite ville de Caroline du Sud.
Mais "l'heure est venue pour une nouvelle génération de dirigeants", exhorte-t-elle, n'hésitant pas à critiquer le bilan des républicains, où Donald Trump était faiseur de rois lors des dernières élections.
Des formules percutantes
Nikki Haley est une conservatrice qui s'est fait connaître en étant durant deux ans la porte-voix de Donald Trump aux Nations unies. Elle se lance alors que le milliardaire républicain, qui est candidat depuis le 15 novembre, ne profite pour l'instant pas de la dynamique de campagne qu'il espérait.
En tant qu'ambassadrice de son pays à l'ONU entre 2017 et 2019, cette mère de deux enfants a défendu sans relâche les intérêts de l'Amérique. A son arrivée à ce poste, cette responsable politique alors sans expérience internationale avait détonné avec ses formules percutantes sur des sujets explosifs.
"On ne met pas du rouge à lèvres sur un cochon", avait-elle ainsi déclaré à propos de l'accord sur le nucléaire iranien, qu'elle a toujours fermement combattu, quitte à rudoyer au passage certains des plus proches alliés européens des Etats-Unis.
Pragmatique et idéologue
Certains de ses partenaires saluent le "pragmatisme" de cette femme directe et chaleureuse. Mais pour d'autres, elle est trop "idéologue" et "déconnectée de la réalité" dans ses approches.
Si elle était dans l'entourage de Donald Trump durant son mandat à la Maison Blanche, Nikki Haley a pris soin de garder malgré tout le dirigeant à bonne distance.
Ainsi, lors des débats en 2018 autour de la nomination du juge conservateur Brett Kavanaugh à la Cour suprême, accusé d'agression sexuelle, elle avait appelé à écouter ses victimes présumées, allant à l'encontre d'une grande partie de son camp politique.
Des attaques frontales contre Donald Trump
Depuis la fin du mandat de Donald Trump, les attaques sont devenues bien plus frontales, Nikki Haley critiquant ouvertement la croisade post-électorale du président sur une supposée fraude jamais prouvée.
"Il est temps de désigner un républicain capable de gouverner et de remporter une élection nationale", confiait-elle récemment à Fox News.
Dans son communiqué annonçant sa candidature, elle a inséré cet avertissement: face aux tyrans, si on est taclé et qu'on rend un coup de pied, "cela leur fait plus mal avec des hauts talons".
Les chances de Nikki Haley sont toutefois assez faibles, d'après les intentions de vote. Selon un sondage Reuters/Ipsos réalisé la semaine dernière, 43% des électeurs enregistrés comme républicains soutiennent Donald Trump, 31% le gouverneur de Floride Ron DeSantis et seulement 4% Nikki Haley.
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boi avec afp
Une âpre bataille attendue dans le camp républicain
Alors que le camp démocrate est suspendu à la décision de Joe Biden de briguer ou non un nouveau mandat, la bataille pour l'investiture républicaine promet d'ores et déjà d'être âpre.
Après avoir fait cavalier seul durant trois mois, Donald Trump voit progressivement les rangs de ses rivaux républicains se garnir, Nikki Haley étant la première à se lancer officiellement.
A l'image de l'ancien vice-président de Donald Trump Mike Pence, de son ex-chef de la diplomatie Mike Pompeo ou du gouverneur de Virginie Glenn Youngkin, de nombreux républicains envisagent une possible annonce prochaine.
Pour Nikki Haley, la menace pourrait venir directement de son Etat: le sénateur de Caroline du Sud Tim Scott flirte lui aussi très ouvertement avec une candidature.
Mais les projecteurs sont surtout braqués sur Ron DeSantis, même si le gouverneur de Floride et étoile montante du parti ne s'est pas officiellement lancé dans la course.