C’est à Antioche que les chrétiens ont été appelés pour la première fois de ce nom-là, selon la Bible. C’est là que l’apôtre Paul s’est établi plusieurs années, et d’où il est parti pour évangéliser toute l’Asie mineure. C’est là aussi que Pierre l’a rejoint. Le disciple y aurait fondé l’Eglise d’Antioche, et serait devenu le premier responsable de la population chrétienne établie dans cette ville. Plusieurs Eglises ont ensuite et au fil des siècles vu le jour à Antioche, jusqu’à compter cinq patriarcats différents, tout en vivant un œcuménisme fort.
Ville largement détruite
Suite au séisme survenu lundi 6 février, environ 70% de la ville aurait été rasée. Il faut dire qu’elle est située à 200 kilomètres de l’épicentre. Tout un patrimoine culturel et religieux a été démoli. La mosquée d’Abib-i Neccar, la plus vieille de Turquie, n’a par exemple plus que ses murs extérieurs. Quelques centaines de mètres plus loin, l’église grecque-orthodoxe a davantage souffert encore, comme aussi une église protestante.
Les rues, pleines de débris, sont impraticables, même pour les véhicules de secours. Parmi les décombres, les bâtiments d’une petite paroisse appelée Saints Pierre et Paul, établie là où se concentraient vraisemblablement les habitations des premiers chrétiens, ont toutefois tenu debout. Et ses responsables ont ouvert leurs portes pour accueillir celles et ceux qui n’ont plus de toit.
Minorité chrétienne
Si l’on parle de berceau du christianisme, les chrétiens sont cependant très peu nombreux en Turquie. Ils ne représentent actuellement que 0,1% de la population de ce pays, d’après le journal La Croix. Il faut dire que s’ils étaient présents depuis les origines du christianisme, les chrétiens d’Orient ont été discriminés sous plusieurs régimes.
On estime qu’au début du 20è siècle, un habitant sur quatre était chrétien au Proche et au Moyen-Orient. Ils ne sont aujourd'hui plus que 11 millions dans cette région du monde parmi 320 millions de musulmans, soit un sur trente.
Reconstruction patrimoniale?
En ce qui concerne la reconstruction des bâtiments religieux, "la priorité est de sauver les vies ", ont insisté les spécialistes du patrimoine. Sur le terrain, il y a cette évidence de ne pas privilégier les vieilles pierres aux vivants, rappelant d’ailleurs qu’une communauté religieuse ou une église, c’est avant tout un ensemble de personnes, non un bâtiment.
Gabrielle Desarzens/RTSreligion