Une foule de manifestants s'étaient rassemblés à Wuhan, au centre du pays, devant l'entrée du parc Zhongshan, un lieu populaire de promenade de cette ville de 11 millions d'habitants.
Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montre des agents de sécurité devant l'entrée du parc s'aligner en chaîne humaine pour empêcher les manifestants d'y pénétrer. Une première mobilisation avait déjà eu lieu le 8 février dernier. En colère après l’annonce de la réduction des remboursements de médicaments, les opposants avaient donné une semaine aux autorités locales pour faire un geste en leur faveur, en vain.
Slogans anti-gouvernementaux
Dans la rue, les retraités ont exprimés leur colère au son des chants de l’internationale communiste. Des slogans anti-gouvernementaux se sont également fait entendre. La baisse des prestations passe très mal auprès d’une population de retraités qui se sent flouée.
Anciens actifs de la fonction publique ou ex-ouvriers d’entreprises d’Etat, beaucoup se sont contentés de salaires moins importants en échange d’une couverture maladie plus généreuse à la retraite. "Nous imposer une telle réforme à nous, modestes retraités?Soumettez-vous vous-même à cette mesure, vous les officiels! Taillez dans vos rentes! C’est scandaleux!", s'insurge une manifestante à Wuhan.
Dettes liées à la politique "zéro Covid"
Sujet brûlant, la réforme des retraites est cependant nécessaire dans une Chine aux prises avec de sérieux défis démographiques. Du fait de la baisse constante des naissances ces dernières années, le nombre de retraités augmente plus rapidement que les nouveaux actifs. Un problème appelé à s’accentuer à l’avenir: le pays a connu l’an dernier son premier déclin démographique depuis les années 1960.
Les gouvernements locaux croulent en outre actuellement sous le poids d’un autre fardeau financier: d’importants déficits liés à la politique "zéro Covid" abrogée en décembre dernier.
22 milliards de francs en trois ans
Certains pouvoirs publics sont même criblés de dettes après avoir dû financer des campagnes de dépistages parfois quotidiennes. Les coûts liés à l’installation des centres de quarantaines mandatées par le gouvernement central ont aussi été supportés entièrement par les collectivités locales. La province du Guangdong, au sud du pays, a par exemple dépensé à elle seule 22 milliards de francs en trois ans pour financer les mesures sanitaires draconiennes promues par Xi Jinping.
Couplée à la crise de l’immobilier - un secteur qui représentait jusqu’ici une des principales mannes financières des provinces et municipalités chinoises - la politique zéro Covid a engendré un déficit public record.
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Michael Peuker