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Des Taïwanais combattent en Ukraine pour se préparer face à la Chine

Des civils taïwanais s'entraînent à la maîtrise des armes à feu, tendance qui a augmenté en marge de l'invasion russe de l'Ukraine. [Keystone/EPA - Ritchie B. Tongo]
Des Taïwanais partis combattre en Ukraine pour se préparer face à la Chine / Tout un monde / 5 min. / le 16 février 2023
Face à la menace grandissante d'une invasion chinoise, à l'exemple de celle de la Russie, une poignée de Taïwanais sont allés combattre sur le front ukrainien. Ceux qui en sont revenus veulent profiter de leur expérience pour la défense de leur archipel.

Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, Taïwan, archipel démocratique revendiqué par Pékin, voit en miroir ce qui pourrait lui arriver en cas d'invasion chinoise. C'est ce qui a poussé des Taïwanais à prendre les armes en Ukraine.

Ancien soldat dans l'armée taïwanaise, Jonathan Tseng était l'un d'entre eux. Ce père d'un enfant de quatre ans, qui avait rejoint la légion internationale, est mort à 25 ans sur le front en novembre dernier.

"En février, il m'a dit qu'il voulait partir en Ukraine, je ne comprenais pas", raconte sa mère jeudi dans l'émission Tout un monde. Mais "j'ai compris plus tard qu'en fait il se demandait: si un jour la Chine attaque Taïwan, est-ce qu'on ne va pas devenir comme eux?"

"Je suis ici parce que j'ai besoin d'expérience"

Jonathan Tseng a du reste aussi exprimé clairement ses intentions dans une vidéo tournée sur le front en Ukraine. "Je suis ici parce que j'ai besoin d'expérience, je veux rapporter cette expérience à Taïwan et aider, défendre mon pays", explique-t-il, mitraillette à la main, à un camarade.

Et le jeune Taïwanais n'est pas le seul à avoir fait le parallèle entre son pays et l'Ukraine. Depuis le début de l'invasion russe, au moins dix autres sont partis servir sur le front. C'est plus que le Japon, qui compte pourtant cinq fois plus d'habitants que Taïwan.

Mieux se préparer à la guerre avec la Chine

Ancien officier de l'armée taïwanaise devenu guide touristique, Chuang Shu-Yuan est lui aussi parti en Ukraine. Il a rejoint en mars dernier les forces de défense territoriale de Kiev.

"La raison principale de mon départ, c'est qu'à Taïwan on n'a pas fait la guerre depuis très longtemps", explique-t-il. "Donc je voulais aller là-bas pour apprendre du terrain et rapporter ces connaissances ici, pour mieux se préparer à la guerre."

Depuis son retour, il organise comme beaucoup d'autres des ateliers privés de défense civile, une offre en forte croissance depuis le début de l'invasion russe.

Chong figure lui parmi les participants venus s'entraîner aux techniques de patrouille utilisées en Ukraine. "Quand on fait notre service militaire, on n'apprend rien de concret", déplore ce graphiste de 38 ans. "Mais avec la situation géopolitique, il est possible que la guerre arrive. Donc je pense que c'est important d'apprendre ces techniques."

Urgence de renforcer l'armée taïwanaise

Plus de 90% des Taïwanais sont opposés à une annexion chinoise, selon les sondages. Mais l'armée ne compte que 200'000 soldats et la préparation des réservistes est jugée insuffisante face à l'armée chinoise.

"Avant la bataille de Kiev, je doutais beaucoup de la capacité de Taïwan à résister à une invasion chinoise, mais mon expérience en Ukraine m'a fait changer d'avis", relève cependant Chuang Shu-Yuan. "Pendant la bataille de Kiev, les Ukrainiens ont réussi à couper l'approvisionnement logistique des Russes et ça les a complètement arrêtés". L'ancien officier se dit certain que l'île sera en mesure de repousser l'armée chinoise.

Depuis le début de l'invasion russe, la présidente taïwanaise a d'ailleurs accéléré les achats d'armes. Et en janvier, la durée du service militaire est passée de quatre mois à un an.

>> Lire : Face à la menace chinoise, Taïwan rallonge son service militaire obligatoire

oang avec Adrien Simorre

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