Le texte - adopté par 191 voix contre 60 et 91 abstentions - étend également ce droit aux 14-16 ans, à condition qu'ils soient accompagnés dans la procédure par leurs tuteurs légaux, ainsi qu'aux 12-14 ans, s'ils obtiennent le feu vert de la justice.
L'Espagne rejoint ainsi les quelques pays au monde autorisant l'autodétermination du genre via une simple déclaration, à l'image du Danemark, premier pays à avoir accordé ce droit en Europe aux personnes transgenre en 2014, ou encore de la Suisse (lire plus bas).
"Un pas de géant"
"Aujourd'hui, nous avons fait un pas de géant" en reconnaissant la "libre détermination de l'identité de genre", a lancé la ministre Podemos de l'Egalité Irene Montero, défendant une loi qui "dépathologise" les personnes transgenre.
Le débat sur la dysphorie de genre, c'est-à-dire la détresse causée par une inadéquation entre le sexe biologique et le genre auquel s'identifie une personne, a pris de l'ampleur dans de nombreux pays ces dernières années avec l'accroissement des demandes de transition, notamment chez les mineurs.
Trop "dangereux"
Le texte a été ardemment défendu par Podemos et par la plus grande organisation LGBT d'Espagne, FELGBTI+. Mais d'autres voix, dissonantes, se sont fait entendre à gauche, certaines féministes jugeant que la notion d'autodétermination du genre mettait en péril des décennies de combat pour l'égalité des sexes.
"Ouvrir cette porte" de la transition de genre "sans aucune restriction aux enfants me paraît précipité" et "très dangereux", a commenté pour sa part Rim Alsalem, rapporteure spéciale de l'ONU sur la violence contre les femmes, dans une interview au quotidien madrilène El Mundo.
D'autres pays invoquent la "prudence"
Mais l'adoption de cette loi en Espagne survient au moment où plusieurs pays, désormais, freinent. En Suède, les autorités ont ainsi décidé voilà un an de mettre fin à l'hormonothérapie pour les mineurs, sauf dans de très rares cas, invoquant la nécessité de faire preuve de "prudence". Elles viennent par ailleurs de restreindre drastiquement le recours à l'ablation des seins chez les adolescentes.
En Finlande, une décision similaire a été prise dès 2020 sur l'hormonothérapie, tandis qu'en France, l'Académie de médecine a appelé à "une grande prudence médicale" dans le traitement des jeunes patients et à "la plus grande réserve" sur les traitements hormonaux.
Le Royaume-Uni a bloqué le mois dernier une loi écossaise sur les droits des transgenres, similaire à celle de l'Espagne, adoptée fin décembre par le Parlement d'Edimbourg au terme de vifs débats.
La Suisse, elle, n'a pas fait pas marche arrière. Depuis janvier 2022, elle permet le changement de sexe sur simple déclaration à l'état civil.
>> Lire à ce sujet : Procédure simplifiée pour changer légalement de sexe dès le 1er janvier
agences avec Julie Marty
L'Espagne vote aussi le congé menstruel, droit inédit en Europe
Les députés espagnols ont adopté jeudi définitivement un projet de loi créant un "congé menstruel" pour les femmes souffrant de règles douloureuses.
Avec cette loi, "l'arrêt de travail d'une femme en cas de règles incapacitantes" liées, par exemple, "à des pathologies comme l'endométriose" sera "reconnu comme une situation spéciale d'incapacité temporaire" de travail.
La durée de l'arrêt maladie que pourront accorder les médecins aux femmes souffrant de règles douloureuses n'a pas été précisée dans la nouvelle loi.
Une première en Europe
Adopté par 185 voix favorables, 154 contre et 3 abstentions, ce texte fait de l'Espagne le premier pays en Europe et l'un des rares dans le monde à intégrer cette mesure dans sa législation, à l'instar notamment du Japon, de l'Indonésie ou de la Zambie.