La Turquie arrête les recherches, sauf dans deux provinces

Le chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken a annoncé en Turquie l'octroi de 100 millions de dollars d'aide supplémentaire aux sinistrés du séisme.

Antony Blinken est venu afficher le soutien des Etats-Unis à leur allié au sein de l'Otan après avoir participé à la Conférence de Munich sur la sécurité.

Le chef de la diplomatie s'est posé sur la base aérienne d'Incirlik, dans le sud-est du pays. C'est de cette base, où sont stationnés quelque 1500 militaires américains, qu'est acheminée une partie de l'aide humanitaire, notamment américaine, vers les zones sinistrées.

C'est également de là que Antony Blinken a décollé pour survoler en hélicoptère la province dévastée de Hatay (sud-est).

"Quand on voit l'étendue des dégâts, le nombre d'immeubles, le nombre d'appartements, le nombre de maisons qui ont été détruites, il va falloir un effort massif pour reconstruire et nous nous engageons à soutenir cet effort", a déclaré l'Américain.

La Turquie a décidé dimanche, quatorze jours après le séisme du 6 février, d'arrêter les recherches sauf dans les deux provinces les plus touchées, Kahramanmaras et Hatay, a annoncé l'agence gouvernementale de secours (Afad).

"Dans bon nombre de provinces les efforts de recherches sont terminés. Ils se poursuivent dans les provinces de Kahramanmaras et Hatay, dans une quarantaine de bâtiments", a déclaré le patron de l'Afad.

Le tremblement de terre d'une magnitude de 7,8 qui a dévasté le sud du pays et la Syrie a fait 40'689 morts en Turquie, selon le dernier bilan officiel communiqué dimanche par l'Afad. Le bilan avoisine les 3700 morts en Syrie.

Le vice-président turc Fuat Oktay a rapporté que 105'000 bâtiments se sont effondrés ou ont été sévèrement endommagés et seront démolis.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est arrivé en Turquie afin d'afficher le soutien des Etats-Unis à son allié, dévasté par un séisme qui a fait près de 45'000 morts dans le pays et en Syrie voisine.

Antony Blinken, qui arrivait de Munich, en Allemagne, où il a participé à une conférence sur la sécurité, a atterri sur la base aérienne d'Incirlik dans le sud-est du pays.

Rencontre avec des humanitaires

C'est de là qu'est acheminée une partie de l'aide humanitaire, notamment américaine, vers les zones sinistrées par le séisme de magnitude 7,8 survenu le 6 février.

Le secrétaire d'Etat devait rencontrer des responsables militaires et humanitaires qui coordonnent l'aide américaine aux sinistrés et se rendre compte de l'effort humanitaire en cours dans la province de Hatay, selon des sources américaines.

Médecins sans frontières (MSF) a appelé à une "augmentation urgente" de l'aide humanitaire dans le nord de la Syrie où sont arrivés dimanche 14 camions transportant de l'aide fournie par l'ONG aux victimes du séisme.

Le convoi est arrivé via le poste-frontière d'al-Hammam en provenance de la Turquie. Il transporte 1296 tentes destinées aux personnes déplacées et aux familles laissées sans abri par le séisme ainsi que 1296 kits d'hiver pour isoler les tentes du froid", a précisé l'ONG.

"D'autres convois MSF devraient suivre rapidement pour livrer du matériel médical et non médical", a-t-elle ajouté.

Après le séisme, ONG et militants de l'opposition avaient critiqué la lenteur de l'arrivée de l'aide de l'ONU dans les zones rebelles du nord-ouest du pays, où la population vivait déjà dans des conditions difficiles.

"Une augmentation urgente du volume des fournitures est nécessaire pour répondre à l'ampleur de la crise humanitaire", a prévenu MSF dimanche.

"L'aide arrive au compte-gouttes, en quantités négligeables", avec un volume qui "atteint à peine celui d'avant la catastrophe", a déploré Hakim Khaldi, chef de mission de MSF en Syrie.

Les victimes syriennes du séisme qui souhaitent être hébergées temporairement chez des proches en Suisse peuvent obtenir un visa plus rapidement. La Suisse applique la procédure accélérée non seulement pour les ressortissants turcs, mais aussi pour les Syriens.

Ce qui est déterminant, ce n'est pas la nationalité, mais le fait qu'une personne ait vécu dans la région concernée, a déclaré dimanche Agnès Schenker, porte-parole du Département fédéral de justice et police (DFJP). Elle a ainsi confirmé les informations de la SRF et de la "NZZ am Sonntag".

Au moment du tremblement de terre, de nombreux Syriens se trouvaient dans la partie turque de la région touchée par le séisme, a ajouté Agnès Schenker. La plus grande difficulté pour les requérants sera d'obtenir un document de voyage valable: "Nous n'avons aucune influence sur ce point", précise la porte-parole.

Ne serait-ce que pour des raisons de sécurité, la Suisse doit savoir quel individu entre temporairement dans le pays, a expliqué Anne Césard, porte-parole du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM). Un passeport ou un autre document de voyage d'urgence reste donc une condition préalable à l'entrée sur le territoire.

>> Lire également : La Suisse a déjà enregistré 1500 demandes d'accueil après le séisme en Turquie

Le séisme en Turquie et en Syrie a suscité une immense vague de solidarité jusqu'en Suisse. Dans le Jura, une partie de la communauté turque et kurde s’est mobilisée pour affréter un camion humanitaire. Mais, sur place, la distribution de l'aide est rendue compliquée par l'intervention de l'armée.

À l'origine de l'action, Azef Arguz, restaurateur dans la capitale jurassienne, s'est rendu sur place lui-même pour participer à la réception et la distribution de cette aide humanitaire, craignant que tout ne se passe pas comme prévu. Et il a vu ses craintes confirmées.

"L'armée turque a mis la main partout, on ne sait plus comment faire", déplore-t-il samedi dans Forum, en direct de Pazarcik, épicentre du séisme.

Pourtant, le camion parti de Delémont est bien arrivé à destination. "On a reçu des photos du déchargement et de la distribution du matériel", raconte-t-il. Mais "deux jours après, on nous appelle en disant que l'armée a fait une descente et a mis la main sur tout."

"Dorénavant, c'est comme ça. Tout ce qu'on envoie, on doit le donner à l'armée, c'est eux qui vont distribuer, mais on ne sait pas comment ils distribuent, on ne sait rien du tout. On est très remontés", poursuit-il.

>> L'interview d'Azef Arguz dans Forum :

Keystone - Francisco Seco

>> Plus de détails : Un Jurassien confronté à l'armée dans sa distribution d'aide humanitaire en Turquie

Si plusieurs miraculés ont été sortis des décombres ces dernières 24 heures, les secouristes sortent désormais essentiellement des cadavres des amas de béton qui se sont effondrés il y a près de deux semaines. L'enjeu principal est donc de s'occuper au mieux des survivants et des survivantes. Des centaines de milliers de personnes se retrouvent sans abri, parfois des familles entières qui ont tout perdu.

En Turquie, la solidarité s’est rapidement mise en place. Des tas de vêtements ont été déposés un peu partout dans les rues par des associations locales ou des particuliers pour que les rescapés puissent y récupérer des manteaux, des pantalons ou des chaussures. Des centaines de citoyens turcs, parfois rentrés au pays depuis l'étranger, parcourent les rues des villes dévastées pour distribuer de la nourriture et de l'eau. Des générateurs ont aussi été installés pour que les rescapés puissent recharger leur téléphone portable. Des camps de réfugiés ont été établis en périphérie des villes touchées, comme Antakya, mais ils manquent largement de place.

Cette solidarité très locale fonctionne aussi de l’autre côté de la frontière, en Syrie. Des dizaines de camions d’aide humanitaire ont traversé le pays pour rejoindre le nord-ouest, en provenance notamment de régions dévastées par la guerre civile et par près de quatre ans de présence de l'EI.

De part et d'autre de la frontière, les rescapés ne pourront pas survivre ainsi durant des semaines. Avec les conditions d'hygiène extrêmement précaires, les ONG craignent le développement de maladies. D'autant que des milliers de blessés, parfois amputés d'un membre ou ayant subi des opérations lourdes, ont déjà quitté les hôpitaux pour retrouver leur famille, avec des risques d’infections très importants.

Dans la province d'Idlib, en Syrie, la situation est d'autant plus préoccupante que le système hospitalier était déjà à terre après plus de 11 ans de guerre.

>> Le reportage de Forum à la frontière turco-syrienne :

EPA - Sedat Suna

Plus de 84'000 bâtiments se sont effondrés, doivent être démolis d'urgence ou ont été gravement endommagés lors du séisme, selon le ministre turc de l'Environnement Murat Kurum.

L'une des régions durement touchées est celle d'Antakya, un ancien carrefour de civilisations. La ville a subi plusieurs tremblements de terre - près d'un tous les 100 ans - et n'est pas novice en matière de reconstruction.

"Nous allons nettoyer et continuer à vivre ici", a confié un homme à l'AFP. La rue qui passe devant sa boutique n'a pas encore été vidée de ses gravats et des structures métalliques pliées.

Il vit maintenant dans une tente dans un village à l'extérieur d'Antakya. "Ce ne serait pas juste de quitter Antakya", conclut-il.

Deux personnes ont été retrouvées samedi vivantes sous les décombres d'un immeuble effondré à Hatay, au sud de la Turquie, treize jours après le séisme.

L'agence de presse d'Etat Anadolu a diffusé des images du sauvetages des rescapés retrouvés samedi.

On y voit un homme et une femme sur des civières après avoir passé 296 heures piégés dans les décombres à Antakya, ainsi qu'un enfant qui a succombé quelques minutes après les efforts entrepris pour le sauver, selon l'agence.

Les blessés ont été transférés à l'hôpital. L'âge et l'identité des rescapés sont pour l'instant inconnus.

Les survivants ont été extraits des débris par des équipes de secours turques et kirghizes, selon les médias turcs.

>> Quelques images du sauvetage :

Chances de survie plus faibles au nord

Un autre rescapé, un homme âgé de 45 ans, avait été retrouvé vendredi soir, 278 heures après le séisme dans la province d'Hatay.

Tout au long de la semaine, les équipes de sauveteurs turcs ont retrouvé des survivants qui avaient pourtant longtemps été coincés sous les décombres par une température glaciale.

Les chances de survie semblent désormais plus faibles autour de l'épicentre du séisme plus au nord, dans les régions montagneuses comme Kahramanmaras, et même enneigées d'Elbistan et Adiyaman, où le thermomètre est descendu la nuit jusqu'à -15 degrés.

L'international ghanéen Christian Atsu fait officiellement partie des dizaines de milliers de victimes du tremblement de terre ayant touché la Turquie et la Syrie, le 6 février dernier.

Le joueur du club turc d'Hatayspor (31 ans) a été retrouvé mort, sous les décombres de son logement à Hatay, ce samedi matin. L'information a été rendue publique par son agent, cité par l'agence de presse indépendante turque DHA.

L'ancien joueur de Chelsea et Newcastle résidait dans une tour de douze étages qui s'est totalement effondrée.

L'ambassade du Ghana en Turquie et la Ghana Football Association avaient initialement affirmé que l'attaquant avait été retrouvé vivant, mais cette information s'est finalement avérée fausse.

Durant sa carrière, Christian Atsu aura comptabilisé 60 sélections en équipe nationale (10 buts), atteignant, notamment, la finale de la Coupe d'Afrique des Nations en 2015.

En Turquie, la Chaîne suisse de sauvetage est parvenue à sortir onze personnes des décombres, dont deux nouveau-nés. Le Neuchâtelois Benjamin Tissot-Daguette et son chien Fantasio ont fait partie de l'équipe dépêchée lors du séisme. Le binôme est désormais de retour en Suisse. "C'est important de se sortir de l'agitation et de revenir à la normalité", a confié le sauveteur vendredi au 19h30 de la RTS lors d'une balade avec son chien.

Benjamin Tissot-Daguette et 14 autres secouristes de la Société suisse des chiens de recherche et de sauvetage (REDOG) ont été envoyés dans la province turque de Hatay afin de chercher des survivants sous les décombres. "Les émotions que nous avons ressenties en arrivant sur place, c'est vraiment une impression de dévastation complète", témoigne-t-il.

Pour qu'un binôme soit opérationnel, il faut entre trois et cinq ans de préparation. Ces années de travail bénévoles prennent tout leur sens lorsque des vies sont sauvées. "On a eu la chance de pouvoir faire plusieurs sauvetages. A chaque fois, c'est un petit miracle. On se dit que tout le travail paie", raconte le Neuchâtelois.

Retour à la normalité

Le retour à la normale, c’est aussi reprendre le travail. Après deux jours de repos, Benjamin Tissot-Daguette a repris son poste à l’Administration fédérale des finances. "Chacun sait ce qui est approprié pour lui. Moi, actuellement, ça ne me pose pas de problème de reprendre le travail, sachant que si je sens que ça ne va pas, je peux en parler à mon chef et à d'autres personnes", affirme Benjamin Tissot-Daguette.

Le travail reprendra très vite également pour son chien Fantasio. Dès samedi, le binôme recommencera les entraînements de sauvetage.

>> Le témoignage de Benjamin Tissot-Daguette dans le 19h30 :

"Le plus difficile, c'est de voir ce qui a été détruit par le conflit et par le tremblement de terre", raconte Fabrizio Carboni, choqué. Le directeur régional du Comité international de la Croix-Rouge pour le Proche et le Moyen-Orient a quitté le terrain il y a deux jours et était l'invité du 19h30 vendredi.

D'habitude, à Alep, où s'est rendu le directeur régional, "il y a toujours une forme d'espoir", Mais "cette fois-ci, j'ai vu des gens perdus. Il y a une sorte de détresse. Ils ne savent plus quoi faire, ni où aller".

>> L'interview de Fabrizio Carboni dans le 19h30 :

La situation humanitaire reste extrêmement critique en Syrie. Dans un pays déjà ravagé par douze ans de guerre, les besoins humanitaires sont criants, mais l'aide peine toujours à arriver dans les régions touchées par le séisme.

Survivant du séisme, Abdullah Abu Hamza a dressé une tente sur les décombres de sa résidence, où sa femme enceinte depuis 9 mois de leur premier enfant est décédée à cause du tremblement de terre. Il y reste "pour sentir leur odeur" et "se souvenir" de sa femme et de sa fille dans son ventre. "Les ruines me rappellent tout ce qui est lié à elles", a-t-il témoigné vendredi dans le 19h30 de la RTS.

"Sortir, plutôt qu'attendre"

De son côté, Nour al-Hammoud a passé 20 heures sous les décombres. "J'ai décidé que je devais essayer de sortir, au lieu d'attendre que quelqu'un vienne me sauver", raconte la jeune femme.

Pour se sortir elle-même de la situation, elle a "essayé d'utiliser un morceau de plâtre pour creuser dans le plafond au-dessus" d’elle et elle a "aussi essayé de faire un trou" pour atteindre l’air qu’elle sentait. Elle a ensuite "entendu des voix" qui ont "creusé un trou avec des cuillères" pour l’aider à s’en sortir. "Ils ont réussi à me tirer de là!"

>> Regarder le reportage du 19h30 en Syrie :

Le nouveau bilan du séisme qui a touché la Turquie et la Syrie le 6 février dernier fait état vendredi soir de plus de 45'000 morts dans les deux pays, selon des sources officielles.

En Turquie, le nombre de victimes est passé à 39'672, d'après les chiffres annoncés par le ministre turc de l'Intérieur Süleyman Soylu. En Syrie, le nombre de décès avoisinerait les 5800.

Un homme a été découvert dans les ruines vendredi, 278 heures après le tremblement de terre, a annoncé sur Twitter le ministre turc de la Santé Fahrettin Koca.

Le rescapé, Hakan Yasinoglu, âgé de 45 ans selon la chaîne privée NTV, a été retrouvé au douzième jour de la catastrophe, dans les ruines de la province d'Hatay située à proximité de la frontière syrienne, qui abrite notamment la ville d'Antakya complètement ravagée.

Le survivant a été extrait d'une montagne de débris, selon un vidéo partagée par le maire (d'opposition) d'Istanbul Ekrem Imamoglu, qui a dépêché des équipes de secours de la municipalité dans les zones sinistrées.

Près de 150 camions d'assistance sont arrivés en Syrie en une semaine depuis deux points de passage depuis la Turquie. Le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU a précisé s'attendre à des convois "chaque jour".

L'assistance va de la nourriture à du matériel, notamment médical, a encore précisé un porte-parole. Elle a été menée par six agences onusiennes.

De leur côté, la Fédération internationale des sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ont répété que de nombreux collaborateurs et bénévoles en Syrie ont été affectés par le séisme.

"La moitié" des personnes du CICR à Alep "n'ont plus de maison" et ont dû être aidées, a affirmé le directeur régional Fabrizio Carboni, de retour d'une visite de six jours avec la présidente Mirjana Spoljaric dans le pays. L'organisation n'a pour le moment pas pu avoir un accès à Idlib, a-t-il encore déploré.

Près de deux semaines après le séisme en Turquie et en Syrie, la Suisse a enregistré 1500 demandes pour des procédures d’accueil accélérées. Cette mesure, qui est destinée aux Turcs ayant perdu leur logement dans le tremblement de terre, est soumise à des critères bien précis.

Jeudi soir, la secrétaire d'Etat aux migrations Christine Schraner Burgener a annoncé à la télévision alémanique SRF que la Turquie avait promis à la Suisse de délivrer le plus rapidement possible un nouveau passeport aux victimes du tremblement de terre qui n'en ont pas: "Ils ont même parlé d'un délai de 24 heures", a-elle déclaré.

De nombreuses victimes du séisme ont perdu leurs documents de voyage sous les décombres des maisons effondrées. Selon Christine Schraner Burgener, celles qui souhaitent venir en Suisse pour rendre visite à des membres de leur famille devraient compter jusqu'à une semaine pour que les formalités soient remplies.

>> Les précisions de La Matinale :

AP/Keystone - Francisco Seco

>> Plus d'informations : La Suisse a déjà enregistré 1500 demandes d'accueil après le séisme en Turquie

La Fondation FIFA va verser 1 million de dollars au titre de l’aide humanitaire d’urgence.

Après consultation de la Fédération turque de football (TFF), de la Fédération syrienne de football (SFA) et de plusieurs organisations non gouvernementales locales et internationales, la décision a été prise d’utiliser ces fonds pour acheter et de distribuer du matériel humanitaire de base, mais aussi pour fournir une protection et un hébergement d’urgence aux populations concernées.

Trois nouveaux rescapés, de 14, 26 et 33 ans, ont été sortis des décombres d'Antakya, dans le sud de la Turquie, plus de 260 heures après le séisme qui a dévasté la région, ont rapporté vendredi les autorités turques et la presse.

Selon les secours, l'adolescent a subi "une intervention" dans un hôpital de la province, sans en préciser la gravité, mais il apparaît conscient sur les photos.

Mirjana Spoljaric, présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a pu se rendre dans le nord-est de la Syrie juste après le séisme. Sur les ondes de la RTS, elle a appelé vendredi à la dépolitisation de l’aide humanitaire.

"Ce séisme est arrivé dans un endroit où la destruction des infrastructures était déjà massive tout comme la souffrance des habitants. Les gens sont désespérés, ils n’ont plus d’énergie et ont très peu de réserves".

Nécessité de soutien financier

L'aide doit venir de toutes les parties, estime-t-elle. "Nous avons besoin d’accès et surtout de soutien financier de la communauté internationale, car cette crise va continuer. Il y a aura beaucoup à faire dans les prochains mois."

Les besoins humanitaires s'accumulent dans un environnement où l'aide humanitaire est instrumentalisée. "J'espère que le CICR pourra bientôt accéder à tous les territoires syriens. Il est essentiel de dépolitiser l’aide humanitaire."

>> Ecouter son interview dans La Matinale :

KEYSTONE - PETER SCHNEIDER

>>Plus d'informations: Mirjana Spoljaric: "Il est essentiel de dépolitiser l’aide humanitaire en Syrie"

Des experts s'alarment des dégâts que pourrait causer un tremblement de terre similaire à Istanbul. La plus grande ville de Turquie, qui compte 16 millions d'habitants, est située à proximité de la faille nord-anatolienne, sur laquelle s'était produite en août 1999 une secousse qui avait fait plus de 17'000 morts.

Selon Murat Güney, chercheur indépendant spécialiste en transformation urbaine interrogé par l'AFP, un tel séisme pourrait entraîner la mort de centaines de milliers d'habitants, et 50'000 à 200'000 bâtiments pourraient s'effondrer ou être gravement endommagés.

Ces bâtiments à haut risque nécessiteraient une transformation immédiate, car même un tremblement de terre mineur pourrait les faire s'effondrer.

Au total, il y a plus d'un million de bâtiments résidentiels à Istanbul. Parmi eux, quelque 800'000 ont été construits avant le tremblement de terre de 1999, quand il n'y avait aucune inspection concernant leur résistance aux séismes.

Selon cet expert, il y a à Istanbul plus de 150'000 bâtiments neufs résistants aux tremblements de terre, construits après 2008, qui sont actuellement inoccupés, soit parce que les appartements sont en attente d'acquéreurs, soit parce que ce sont des résidences secondaires de personnes aisées qui ne les louent pas.

"Il n'y a pas besoin de construire davantage. Le nombre de logements vacants est suffisant pour reloger ceux qui vivent dans les bâtiments à haut risque. Mais c'est une décision politique, que le gouvernement ne prend pas", conclut-il.

Le bilan du séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie a dépassé les 41'000 morts, ont annoncé des sources officielles et médicales.

Le total de personnes ayant perdu la vie dans la catastrophe s'élève désormais à 41'732, dont 38'044 en Turquie et 3688 en Syrie.

Les espoirs de trouver des survivants s'amenuisent à mesure que les heures passent.

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