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En France, les débats sur les retraites s'achèvent dans la confusion à l'Assemblée nationale

En France, les chaotiques débats parlementaires sur la réforme des retraites se sont achevés sans aboutir à un vote sur le projet de loi
En France, les chaotiques débats parlementaires sur la réforme des retraites se sont achevés sans aboutir à un vote sur le projet de loi / 12h45 / 2 min. / le 18 février 2023
Dans la confusion, l'Assemblée française a conclu vendredi à minuit, sans vote, l'examen en première lecture du projet de réforme des retraites, sur un énième imbroglio au sujet des carrières longues. L'examen du texte doit désormais se poursuivre au Sénat.

Les députés ont enchaîné avec l'étude d'une motion de censure déposée par le Rassemblement national (RN), qui n'a cependant aucune chance de réunir les voix suffisantes. En préambule, Marine Le Pen a dénoncé "un projet (...) mal porté et mal expliqué", ainsi qu'un "déni de démocratie" du gouvernement.

La Première ministre française Elisabeth Borne lui a répondu en soulignant que ce débat sur les retraites avait montré les visages de "deux populismes", ceux de l'extrême droite et de la France insoumise (LFI). Le débat sur la réforme phare d'Emmanuel Macron s'est achevé à l'heure prévue par la Constitution, à minuit pile.

"Le gouvernement saisira le Sénat du texte qu'il a initialement présenté, modifié par les amendements votés par votre Assemblée", a annoncé le ministre du Travail Olivier Dussopt, la voix rauque. "Vous m'avez insulté 15 jours, personne n'a craqué et nous sommes là devant vous pour la réforme", a-t-il lancé, furieux, aux députés LFI, quittant l'hémicycle, certains chantant "on est là, on est là".

"Macron en échec à l'Assemblée. La retraite à 64 ans n'est pas passée", a réagi avant même la fin des débats le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon dans un billet de blog. "Cette réforme n'a pas de légitimité parlementaire", a abondé face aux journalistes la présidente du groupe Mathilde Panot.

Débat sur les carrières longues

Sans surprise au vu du nombre d'amendements restant, essentiellement des Insoumis, et de la date butoir fixée à minuit, les débats se sont interrompus très loin du fameux article 7 sur le report de l'âge légal à 64 ans.

Tout au long de la soirée la discussion a porté sur la durée de cotisation pour les retraités pouvant bénéficier du dispositif "carrières longues", c'est-à-dire ceux qui ont sont entrés dans le monde du travail avant 21 ans. Quarante-trois ou 44 ans? La question n'a pas été clairement tranchée.

Une partie des députés Les Républicains (LR), menés par Aurélien Pradié, exige que tous les travailleurs ayant commencé avant cet âge puissent partir à la retraite après 43 années de cotisations, sans que l'âge légal ne soit une barrière.

"Je ne dirai jamais devant l'Assemblée nationale que la durée de cotisation serait un plafond", a déclaré Olivier Dussopt, estimant que ce serait "mentir". "Nous ne pouvons pas sortir de tout ça avec des doutes", lui a répondu Aurélien Pradié, demandant une position claire.

"Spectacle désolant"

La gauche parlementaire s'est elle divisée sur la stratégie à adopter, les écologistes regrettant auprès de l'AFP "un raté stratégique" de LFI. Jeudi soir, Jean-Luc Mélenchon avait jugé "incompréhensible" le retrait d'amendements à gauche et appelé les députés à ne pas se "précipiter" vers l'article 7. "Hâte de se faire battre?", avait-il demandé, reconnaissant au passage la possibilité que le gouvernement l'emporte.

Les syndicats pressaient l'alliance de gauche d'aller jusqu'à cet article clé du projet de réforme. "L'assemblée nationale donne un spectacle désolant, au mépris des travailleurs. Honteux", a réagi dans la soirée le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger.

Les dernières manifestations ont rassemblé jeudi 1,3 million de personnes selon la CGT et 440'000 selon le ministère de l'Intérieur. C'est le chiffre le plus faible depuis le début de la mobilisation, dans l'attente du 7 mars où les syndicats menacent de mettre le pays "à l'arrêt" si le gouvernement ne retire pas la réforme. La CGT a appelé vendredi à la grève reconductible dans les raffineries dès le lundi 6 mars.

Le Sénat se saisira du texte le 2 mars.

>> Relire : Une cinquième journée de mobilisation sur les retraites moins suivie en France

ats/vajo

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Le numéro deux des Républicains démis

Le chef du parti Les Républicains Eric Ciotti a annoncé samedi démettre de ses fonctions son numéro 2 Aurélien Pradié, ouvertement opposé à un pan de la réforme des retraites pourtant soutenue par LR.

"Ses prises de positions répétées (n'étaient) plus conformes avec les valeurs de cohérence, d'unité et de rassemblement qui doivent guider la droite républicaine", a justifié le patron des LR dans un communiqué, critiquant une "aventure personnelle", qui "ne peut se substituer à l'action collective et à l'esprit de responsabilité".

Alors qu'Eric Ciotti et Olivier Marleix, chef du groupe LR à l'Assemblée, soutiennent depuis des semaines le projet gouvernemental de réforme des retraites qui ferait passer l'âge légal de départ de 62 à 64 ans, Aurélien Pradié, qui occupait la place de vice-président exécutif du parti, conditionne ouvertement son soutien à la réforme à des avancées strictes sur le dispositif des carrières longues.

Le député du Lot entend obtenir du gouvernement l'assurance stricte que toute personne qui entre sur le marché du travail avant 21 ans puisse partir à la retraite à taux plein après avoir cotisé 43 annuités, et ce sans que l'âge légal de départ ne constitue une barrière.