Marques de luxe, producteurs pétroliers, de plus en plus d'entreprises achètent des certificats de compensation CO2. Ces derniers leur permettent d'afficher une réduction de leurs émissions carbone, voire de prétendre à la neutralité de celles-ci, tout cela sans nécessairement changer de manière de production, mais simplement en investissant dans des projets climatiques.
En Suisse, le secrétariat Compensation estime que la participation à ces projets devrait permettre de réduire de 3'000'000 de tonnes de CO2 en 2023.
Mais ces certificats de compensation seraient parfois largement surévalués.
Un modèle d'affaires
Fondé en 2006, à Zurich, le leader mondial de la vente de ces certificats, "South Pole", est aujourd'hui en pleine expansion. "Au total, nous avons développé près d'un millier de projets dans plus de 50 pays", explique son directeur Renat Heuberger.
La protection de 700'000 hectares de la forêt Kariba au Zimbabwe est l'un des projets phare de la société suisse. Pourtant, plusieurs journaux allemands et britanniques estiment que ce projet compense seulement 20 millions de tonnes de CO2, soit deux fois moins que ce qui a été promis lors de son lancement en 2011.
Selon le patron de "South Pole", l'enquête serait inexacte, même s'il reconnaît certaines imperfections: "En juillet dernier, nous avions remarqué que selon notre modèle, trop de certificats de compensation ont été émis, nous avons donc suspendu leur vente en grande quantité." Depuis, le système de contrôle de l'entreprise a été revu.
Une protection qui manque sa cible
Selon l’ONG Greenpeace, ces certificats de compensation sont problématiques. Plusieurs études démontrent l'absence de respect en matière de protection de ces forêts. "Il arrive qu'une forêt soit d'abord rasée, puis l'argent est envoyé pour y replanter des arbres", dénonce Georg Klingler, expert climat de Greenpeace.
Plusieurs entreprises commencent à remettre en question ces certificats et décident de lutter elles-mêmes pour réduire les émissions de CO2. A l'été 2021, la compagnie aérienne EasyJet vantait encore ses vols climatiquement neutres. Cette année, changement de stratégie, "nous ne décrivons plus nos vols comme neutres en carbone", confirme la compagnie par écrit à la RTS. La compagnie lowcost affirme miser dorénavant sur ses propres réductions de CO2.
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Sujet TV: Nico Tanner/Julien Guillaume
Adaptation web: Miroslav Mares